Trump: autre victoire surprise en 2020?
Ça y est. C’est parti. C’est le moment de l’année où les pronostiqueurs politiques commencent à se targuer de pouvoir prédire l’issue des élections présidentielles américaines… et où leurs critiques prennent un malin plaisir à rappeler que la plupart se sont trompés en jurant qu’Hillary Clinton gagnerait en 2016.
Les pronostiqueurs sont-ils en train de tomber dans le même piège en disant que Joe Biden est grand favori pour battre Trump en 2020?
Les pronostiqueurs sont-ils en train de tomber dans le même piège qu’en 2016 en disant que Joe Biden est grand favori pour battre Trump en 2020?
On verra! Mais voici pourquoi Biden semble en meilleure position que Clinton l’était en 2016.
P.S. Ceci n’est pas une prédiction; seulement quelques observations si vous avez envie de vous prêter à ce jeu!
1- En 2016, Trump a plu a de nombreux électeurs parce qu’il faisait campagne contre les élus à Washington. Maintenant, c’est lui qui est aux commandes. Les électeurs et électrices tiennent donc compte de sa performance au pouvoir …qui n’est pas très reluisante à leurs yeux depuis quelques mois. Selon Gallup, seulement 13% des Américains sont satisfaits de ce qui se passe aux États-Unis ces jours-ci (the way things are going). C’est du jamais vu depuis l’arrivée de Trump à la Maison-Blanche.
2- Au chapitre des déceptions des Américains, la gestion de Trump de la COVID-19 nuit au président. Trump tente de convaincre le public qu’il a bien fait dans ce dossier, mais la grande majorité des Américains ne partage pas son avis.
3- Les sondages démontrent parfois que les Américains continuent de le préférer à Joe Biden pour gérer l’économie américaine, mais la pandémie a plombé l’emploi et la croissance au pays, à un point tel que Trump peut moins facilement surfer sur cet enjeu qu’il y a un an.
4- La pandémie l’empêche également de tirer profit de l’une de ses principales forces en campagne électorale : les rassemblements publics à grand déploiement, où des milliers de fidèles viennent s’abreuver à ses paroles. En plus d’attirer l’attention des médias, ces rassemblements permettaient à Trump de projeter l’image d’un candidat extrêmement populaire auprès de ses partisans et de mobiliser ceux-ci en vue du scrutin.
5- Faire sortir ce vote est d’autant plus essentiel que Trump ne semble pas capable de faire gravir sa popularité auprès des Américains, qui se situe la plupart du temps autour de 40% malgré quelques bonds ici et là de nature passagère. Trump reste donc très populaire auprès des électeurs républicains (90% d’entre eux l’appuient), mais n’arrive pas à courtiser suffisamment d’électeurs indépendants (seulement 34% l’appuient) ou démocrates (moins de 5% d’appuis) pour se hisser durablement au-dessus d’un seuil plus susceptible de garantir sa réélection. Depuis 1948, seul Harry Truman a gagné un deuxième mandat malgré un taux d’approbation semblable à celui de Trump en juin d’une année d’élection présidentielle. Pour l’instant, il manque donc peut-être à Trump un 5% d’approbation additionnel pour être en bonne position pour être réélu. Il y a un an, sur ce blogue, j’écrivais que la popularité de Trump pourrait augmenter d’ici novembre 2020, car « le duel présidentiel fait parfois réaliser à suffisamment d’électeurs indécis que le parti qui veut reprendre le pouvoir n’a pas nécessairement mieux à offrir que l’occupant de la Maison-Blanche ». Mais à l’heure de la COVID-19 et des difficultés économiques du pays, il est plus difficile pour Trump de plaire aux électeurs qui ne l’aimaient déjà pas beaucoup.
6- D’ailleurs, quand on jette un œil aux sondages à l’échelle nationale, on voit bien que Biden 2020 n’est pas Clinton 2016 – pour l’instant du moins. D’une part, les agrégateurs de sondages comme ceux proposés sur le site Real Clear Politics montrent que l’avance de Biden sur Trump a été jusqu’ici plus confortable que celle de Clinton en 2016. À titre indicatif, l’avance de Clinton était régulièrement équivalente à la marge d’erreur de 3%-4% des sondages, alors qu’il est moins rare que Biden ait une avance supérieure à cette fameuse marge d’erreur. D’autre part, l’avance de Biden a été plus constante et durable que celle de Clinton, qui, contrairement à Biden, a même tiré de l’arrière contre Trump à certains moments. Selon Real Clear Politics, Trump menait contre Clinton dans la troisième semaine de mai 2016 et vers la fin juillet 2016. En 2020, le milliardaire semble incapable de se hisser au-dessus de Biden dans les moyennes des sondages nationaux. C’est peut-être signe que le contexte électoral est moins volatile qu’il y a quatre ans et qu’un plus grand nombre d’Américains sait déjà pour qui (ou contre qui) ils vont voter.
7- Mais comme d’habitude, tout se jouera dans les États clés de l’élection. Ici, on constate que Biden a l’avance sur Trump dans la plupart de ces États, et notamment au Michigan, Wisconsin et en Pennsylvanie, les trois États où Trump avait surpris en 2016 et qui lui avaient permis de mettre la main sur la présidence. Quand on regarde les sondages dans ces trois États, les différences entre Biden 2020 et Clinton 2016 sont parfois moins évidentes que dans les sondages nationaux. En 2016, dans les derniers sondages avant le scrutin, Trump tirait de l’arrière par 2,1% en Pennsylvanie, 6,5% au Wisconsin et 3,6% au Michigan. Il avait alors gagné ces trois États par moins de 1% du vote. À l’heure actuelle, Biden mène par 6,4% en Pennsylvanie, 6,5% au Wisconsin et 6,7% au Michigan. Il est donc légèrement en meilleure position que Clinton l’était dans ces États à quelques jours du vote de 2016. Est-ce que les sondages dans ces États clés de l’élection seront aussi imprécis qu’ils l’ont été en 2016? C’est la question à un million de dollars en ce moment, et sans doute l’un des plus grands souhaits des partisans de Trump, qui voient bien que le 3 novembre est peut-être ce jour où l’ancien animateur de la téléréalité The Apprentice se fera dire à son tour : « You’re Fired! ».
Mais c’est loin d’être terminé pour Trump. La découverte d’un vaccin contre la COVID-19 ou la reprise de l’économie d’ici l’élection pourraient l’aider à causer la surprise. Encore.
Biden semble en meilleure position que Clinton l’était en 2016, mais la découverte d’un vaccin contre la COVID-19 ou la reprise de l’économie d’ici l’élection pourraient aider Trump à causer la surprise. Encore.