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Roms, une question géopolitique ?

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Roms, une question géopolitique ?

La France est au coeur d’une polémique à propos de mesures d’expulsion prises par le gouvernement français à l’encontre de certains Roms en situation irrégulière. Au-delà de l’instrumentation politique des uns et des autres, la question des Roms est aussi une question géopolitique. En effet, il y est fait mention de représentations, de frontières et  d’échelles.

Représentations et frontières

Venus probablement d’Inde voici plus de six cent ans, les Roms ont depuis été souvent discriminés voire maltraités dans les pays européens. Dans les représentations communes, ils sont souvent identifiés de façon péjorative. Ces nomades à la peau mate inspirent parfois la méfiance. Comme les Juifs, ils ont été victimes d’un génocide durant la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui les Roms constituent une minorité européenne d’environ 10 à 12 millions d’habitants. Ils pèsent environ 2,2 % de la population de l’UE-27. Ce qui équivaut à peu près au nombre d’habitants de la Belgique. Cependant, les Roms ne disposent pas d’un Etat. Bien au contraire, ils sont répartis sur plusieurs Etats, notamment en Hongrie, Roumanie, Bulgarie et dans les Balkans occidentaux. Derrière le mot Roms se cache en fait une grande diversité de groupes et d’usages. Certains sont sédentarisés, d’autres restent nomades et franchissent allègrement les frontières. Ils incarnent, bien malgré eux, une altérité méconnue.

Une question à plusieurs échelles

Il était prévisible que l’intégration à l’Union européenne de la Roumanie et de la Bulgarie, le 1er janvier 2007, viendrait donner plus d’acuité à la question Rom dans les autres Etats membres. En effet, à terme, les ressortissants des nouveaux Etats membres bénéficient d’une liberté de circulation dans les autres pays membres de l’Europe communautaire.

A l’échelle de l’Union européenne, les traités communautaires protègent les minorités, donc les Roms. Et c’est très bien ainsi. Pour autant, mis à part produire de la littérature et dispenser quelques fonds, Bruxelles n’est pas vraiment à même de changer les représentations comme le quotidien.

A l’échelle des Etats membres, les pays qui possèdent depuis des siècles des minorités Roms sur leur territoire dispensent souvent un racisme solide à leur encontre. Ce sont des tonnes d’incompréhension voire de haine qui se sont accumulées. Les Etats membres qui reçoivent sur leur territoire quelques milliers de ces nomades s’inquiètent de cette population difficile à contrôler, dont les enfants ne vont pas toujours à l’école.

A l’échelle des communes, il existe souvent de grandes réticences à réserver aux “gens du voyage” des espaces décents, équipés d’eau, de sanitaires et d’électricité.

Enfin, à l’échelle des diverses communautés Roms, certains “jouent le jeu” quand d’autres contournent les règles ou les instrumentent.

Il faudra combiner plusieurs échelles, de nombreux acteurs et beaucoup de bonne volonté pour résoudre une question vieille de plusieurs siècles mais complexifiée par l’élargissement de l’Union européenne.

Les opinions exprimées dans ce blogue sont strictement personnelles et ne reflètent pas nécessairement celles de Global Brief ou de l’Ecole des affaires publiques et internationales de Glendon.

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