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Raté!

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Raté!

De la conférence de la semaine dernière, je ne retiendrai pas grand-chose de spécifique. Les conférenciers invités étaient pertinents. Les présentations étaient relativement bonnes, assez bien préparées. Ce n’est pas que c’était plate, au contraire… J’y ai rencontré des gens intéressants. La conférence était bien organisée. Pourtant, il me semble que ça manquait de mordant. Les chercheurs, même les meilleurs, finissent pas se répéter, ou réitérer les mêmes platitudes que l’on entend un peu partout.

Plus qu’une présentation, plus qu’un ‘papier’, c’est le sentiment général parmi le groupe que j’ai remarqué. Cette impression était celle d’une occasion manquée, d’une chance ratée. Les grandes réformes promises ont été diluées; ou, elles ne sont même plus à l’ordre du jour. Chez plusieurs, ce retour à la ‘normale’, à l’ordre pré-crise, est quasi-inconcevable. Comment expliquer la persistance du néo-libéralisme? Comment assurer le retour du politique sur l’économique? Quoi faire pour rétablir un ordre plus juste? Il y avait chez les participants une certaine mélancolie, peut-être même une amertume. Est-il déjà trop tard?

Michael Moran, conférencier invité le vendredi soir, grand chercheur à l’Université de Manchester, a bien essayé de brasser la soupe en remettant en cause l’État régulateur. Il s’en est pris avec véhémence à l’économie comme discipline, ainsi qu’aux économistes. L’alternative, elle, n’a pas été définie. La problématique, en fait, est toute là. Le néo-libéralisme et l’État régulateur vont de pairs. Quelle est, toutefois, l’alternative au monde qui s’est développé au cours des trente dernières années?

Cette alternative est bien difficile à identifier. Si le système actuel est bon, il ne faut que des ajustements à la marge. Nous connaissons le problème, nous en connaissons les possibles solutions. C’est à la pièce, au cas par cas. C’est une forme d’étapisme. C’est un peu ce qui se passe en ce moment. Si le système est pourri, cependant, c’est loin d’être suffisant. Quels sont les autres options? Qu’y a-t-il de crédible?

Le mal de notre temps est peut-être là : nous manquons d’imagination. Politiciens et politologues, dirigeants d’entreprise et économistes, groupes d’actions et citoyens, nous ne savons plus rêver et regarder vers l’avenir. Nous sommes incapables d’inventer un monde meilleur. L’utopie est chose du passé, nous sommes incapables d’y croire. Nous sommes en panne d’idées. L’empire n’est pas politiquement correct; la religion est objet de ridicule; la raison est sans dessus dessous; le marxisme est mort; le néo-libéralisme, la fin de l’histoire, agonise. Qu’est-ce qui suit, qu’est-ce qui reste?

(Je vous invite à relire mon intervention titrée ‘Future States’ mis en ligne il y a de cela quelques semaines. Les artistes osent encore le regard critique.)

Certains me répondront que ce malaise n’est pas mondial. Plusieurs peuples, pays, montent en puissance. Il est facile, ici, de penser à la Chine. Même dans ces États, cependant, on sent l’hésitation. Les troubles sociaux récents en Chine, folies meurtrières, suicides, grèves, nous suggèrent que tout n’est pas parfait au Royaume du milieu. Les chinois sont désorientés. Il y a une perte, et ce n’est pas juste en Chine, des repères qui permettent à l’humain de fonctionner en société. Non, le mal n’est pas seulement occidental.

Cette semaine, c’est le G20 et le G8 chez nous au Canada. Je peux vous garantir une chose. Même avec des dépenses d’environ un milliard pour deux sommets en un, même avec un lac artificiel, nos chers dirigeants planétaires ne feront pas preuve de plus de créativité. Trop risqué… De toute façon, en ont-ils la capacité?

Je retourne au Canada dans un peu plus d’une semaine. Planifier le départ de toute une petite famille après une si longue absence, c’est assez mouvementé. Je ferai de mon mieux pour écrire une contribution ici et là, mais pas de promesse. Le temps me manque. Et, moi aussi, parfois, je manque d’imagination!

Caveat lector : Les opinions exprimées dans ce blogue sont strictement personnelles et ne reflètent pas nécessairement celles de Global Brief ou de l’École des affaires publiques et internationales de Glendon.

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