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Réflexion sur l’état du monde en 2014

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Réflexion sur l’état du monde en 2014

Les événements des derniers mois sont très révélateurs des relations internationales et de l’état du monde actuel qui sont assez éloigné des croyances et espérances occidentales. Ce qui s’est passé en Crimée et en Ukraine nous a rappelé qu’en dépit du triomphalisme occidental depuis la fin de l’URSS, et d’une mauvaise politique envers la Russie à la fois méprisante, désinvolte et provocante, la question du statut de la zone de contact entre l’Union européenne et la Russie et notamment de l’Ukraine reste pendante. Poutine n’aurait sans doute pas pu réintégrer la Crimée dans la Russie sans la “révolution” de Kiev, la fuite soudaine du président Ianouchenko et surtout les provocations des insurgés sur la langue russe, mais il l’a fait sans trop de dommages : les conséquences et les sanctions que cela a entraîné restent gérables pour lui, et les Russes l’ont approuvé massivement. Du côté occidental, on a vu un président Obama d’autant plus implacable, et à cheval sur les principes, qu’il a besoin de se refaire une image de fermeté après sa volte-face en Syrie et pour pouvoir défendre demain devant le Congrès le possible accord avec l’Iran, et que cela ne lui coûte rien. Les européens ont été hésitants, comme toujours, partagés entre fermeté (la Russie est une menace) dépendance (on a besoin son gaz) et pragmatisme (il faut parler à la Russie). Ce n’est pas une surprise.

Souvent provocateur, calculateur, joueur mais aussi emporté, et vraiment obsédé par la restauration de la Russie , Poutine se montre, à propos de l’Est de l’Ukraine ambigu, mais plus prudent : il a quand même besoin de la technologie et des investissements occidentaux et ne veut quand même pas pousser les Etats-Unis et l’Europe à des sanctions plus invalidantes pour la Russie. Il semble maintenant vouloir contenir un nationalisme russe trop virulent qu’il a contribué à réveiller et qui inquiète même la Biélorussie. Cela va sans doute durer, ainsi sans escalade majeure, mais sans vrai règlement. L’Occident devrait avec la Russie être plus clair, plus dissuasif, mais aussi parler et proposer. Contrairement à ce que croient la majorité des médias, détester Poutine ne fait pas une politique. Il faut un engagement constructif même envers la Russie et faire de l’Ukraine avec l’aide du nouveau président, un pont plutôt qu’un enjeu. Kissinger a parlé de “finlandisation”. La Commission n’a jamais cette préoccupation à l’esprit en négociant les accords d’association.

La lecture des mémoires d’Hillary Clinton confirme l’existence aux Etats-Unis d’un courant démocrate dur qui, tout en reconnaissant qu’il fallait corriger les erreurs de G. W. Bush et sortir des impasses afghanes et irakiennes, estime qu’Obama est trop minimaliste et en retrait et voudrait (si Hillary est élue en 2017) plus de “leadership” en répondant aux puissances dans le monde qui s’inquiètent du “retrait” américain. Idée à avancer : même si les Etats-Unis ne sont plus l’hyperpuissance des années 90, ils préservent leur supériorité technologique, cybernétique, maritime et monétaire. Cependant, l’interventionnisme occidental semble atteindre la fin d’un cycle, de moins en moins soutenu par les opinions, même quand elles sont légitimées par le Conseil de Sécurité de l’ONU au titre du chapitre VII de la Charte.

En Asie du Nord Est, tout ce qui se passe fait penser qu’un affrontement naval sérieux, un jour, entre la Chine et Japon, ou entre la Chine et le Japon et les Etats-Unis, n’est pas à exclure. Au Moyen Orient, l’effet conjugué des mal-nommés “printemps arabes” et des conséquences invisibles de l’invasion américaine de 2003 en Irak continue de désagréger les structures géopolitiques existantes et démasquent de plus en plus l’affrontement primaire sunnite/chiite. C’est spectaculaire en Irak/Syrie. Chaque partie du monde musulman étant elle-même écartelée entre extrémismes et conformistes. Par ailleurs, le conflit du Proche Orient est absolument au point mort. En Afrique, le conflit RDC/Rwanda pour le Kivu reste entier et, surtout, des zones de “non-droit”, charmant euphémisme pour désigner des régions entières tombées sous la coupe de bandes islamistes extrémistes s’étendent : Nord-Est du Nigéria, Sud de la Libye, diverses zones frontalières du Sahel, (sans oublier le Sinaï).

Néanmoins, en dépit de vaines comparaisons, il n’y a pas l’équivalent, dans le monde actuel, des automatismes d’alliances et de recours à la guerre qui ont joué à l’été 1914 à une époque où, en plus personne n’imaginait qu’une guerre “mondiale” était possible.

Quant aux européens, on a pu avoir la confirmation aux élections européennes de mai pour le Parlement européen, qu’ils sont devenus en majorité eurosceptiques (près de 60% d’abstention) si ce n’est eurohostiles (en France, le Front National ou le Parti de gauche sont hostiles, pas sceptiques), ce qui fait que, mécaniquement, les votes extrémistes, en pourcentage si ce n’est en voix, semblent monter énormément. Le Front National n’a pas monté en voix aux élections européennes. Les européens restent divisés sur la façon d’exercer leur influence et de défendre leurs intérêts dans le monde. La majorité voudrait que les normes et l’influence dispensent l’Europe de se métamorphoser en puissance.

Ainsi va le monde en cet été 2014. Il n’y a toujours pas de “communauté internationale” – bel objectif- mais un vaste champ où des myriades de forces publiques et privées, légales et illégales, se concurrencent et s’entrechoquent. L’ONU, le G20, le G7, l’OMC sont des enceintes, pas des pouvoirs. Les Etats-Unis restent la puissance n°1, leader relatif (même si la Chine va dépasser bientôt en PIB global, pas par tête) mais les occidentaux n’ont pas gardé le monopole de la puissance, maintenant éclatée et disséminée. Les tentatives de (re) régulations sont limitées, incomplètes, et souvent contournées. C’est un monde sans contrôle. Et il n’y a aucune raison que cela change. Pour le moment.

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