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Obsession chinoise au Pentagone

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Obsession chinoise au Pentagone

L’année 2011 commence comme les précédentes sur le terrain de la relation entre les Etats-Unis et la Chine. Première personnalité de l’administration Obama à se rendre en Chine cette année, quelques jours avant la visite d’Etat de Hu Jintao à Washington, le Secrétaire à la Défense Robert Gates place le lien entre les deux pays sous le signe des relations militaro-stratégiques.

Cette tournée de quelques jours, qui conduira le chef du Pentagone à rencontrer les principaux responsables politiques chinois, s’explique par la volonté de Washington de proposer un nouveau partenariat stratégique entre la Chine et les Etats-Unis. Les liens militaires sino-américains ont été suspendus pendant la majeure partie de l’année 2010, en réaction à la décision de Washington de vendre pour plus de six milliards de dollars d’armes à Taïwan. Le porte-parole du Pentagone, Geoff Morrell, estime que les Chinois souhaitent remettre ces relations sur les rails et travailler dans une direction positive. Ce choix est justifié par la nécessité d’un soutien chinois sur le dossier nord-coréen (la crise récente a montré que les divergences entre Washington et Pékin peuvent servir Pyongyang, et que le dialogue entre les deux puissances ne doit pas se limiter à la diplomatie, mais s’étendre au partenariat militaire. De même, les Etats-Unis ont besoin de la Chine sur le dossier iranien. Enfin, compte-tenu des déclarations appuyées à Washington comme à Pékin sur le fait que les deux pays sont des partenaires et non des compétiteurs, la relance des liens militaires semble s’imposer logiquement.

Cette tournée placée sous le signe du dialogue et du partenariat masque cependant difficilement les inquiétudes qui restent très grandes au Pentagone sur la montée en puissance militaire de la Chine. Des inquiétudes qui ne datent pas d’hier, mais n’ont cessé de se développer au fur et à mesure des avancées spectaculaires côté chinois. Les responsables américains ont ainsi noté les progrès rapides effectués par Pékin dans la conception d’un missile balistique anti-navire qui pourrait venir défier les porte-avions américains croisant dans le Pacifique. La Chine pourrait aussi être en mesure d’inaugurer son premier porte-avions en 2011 et de nouvelles photographies montrent qu’elle dispose d’un prototype d’avion de chasse furtif, le J-20. Le développement de ces capacités est assez logique, compte-tenu des ambitions désormais globales de Pékin, mais elles inquiètent le Pentagone en ce qu’elles pourraient rapidement concurrencer la puissance militaire américaine, en particulier les forces navales dans le Pacifique. Les études sur le possible déclin de la présence militaire américaine en Asie-Pacifique résultant d’une farouche compétition chinoise sont désormais légion, et traduisent l’obsession du Pentagone pour la Chine.

La question la plus souvent énoncée par les experts du Pentagone ne concerne pas le potentiel militaire grandissant de la Chine dans le domaine militaire, mais la nature réelle des ambitions qui l’accompagnent. Une question que se posent également avec insistance le Japon et la Corée du Sud, mais aussi Taiwan, qui malgré son rapprochement spectaculaire avec la Chine depuis deux ans voit toujours plusieurs centaines de missiles chinois pointés dans sa direction. Mais dans le cas de Washington, c’est bien la question de la suprématie en Asie-Pacifique qui est en jeu. Gageons que sur ce point, la tournée de Robert Gates n’apportera pas de nouveaux éléments.

Lire un excellent article du New York Times sur la tournée de Gates en Chine et les inquiétudes du Pentagone, intitulé « China’s Push to Modernize Military Is Bearing Fruit » .

Pour une analyse plus complète, lire Seth Cropseyn « Keeping the Pacific Pacific » (Foreign Affairs).

Lire également les articles de Robert Kaplan sur le sujet, dont « The Geography of Chinese Power » (Foreign Affairs).

Les opinions exprimées dans ce blogue sont strictement personnelles et ne reflètent pas nécessairement celles de Global Brief ou de l’École des affaires publiques et internationales de Glendon.

The opinions expressed in this blog are personal and do not necessarily reflect the views of Global Brief or the Glendon School of Public and International Affairs.

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