Convergences franco-chinoises sur le G20
Les relations franco-chinoises ont été agitées depuis l’arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy en 2007, et la visite officielle du président chinois Hu Jintao (qui n’est pas venu en France dans un format de ce type depuis 2004) à Paris puis à Nice, où il rencontrera à plusieurs reprises son homologue français, sont évidemment à placer sous le signe des retrouvailles, même si le ton s’est très fortement adouci au cours des derniers mois. Mais qu’on ne s’y trompe pas, cette visite n’a pas pour objectif de réconcilier Paris et Pékin, ni de valider la signature de contrats juteux (devenus le rituel presque obligatoire de toute rencontre officielle avec des dirigeants chinois) mais de discuter sur le fond de plusieurs points de convergence, notamment sur les questions économiques. La France et la Chine se retrouvent en effet sur plusieurs sujets, et cherchent des soutiens mutuels.
Le sommet du G20 de Séoul, dans une semaine, sera l’occasion d’une autre rencontre Sarkozy-Hu, mais marquera surtout le lancement de la présidence française du G20. Une présidence qui se veut particulièrement ambitieuse, notamment en ce qui concerne la réforme du système monétaire international. Au menu également de cette présidence que certains raillent comme trop ambitieuse et même irréaliste, la volatilité des cours des matières premières et la gouvernance mondiale. Sur tous ces dossiers, la France aura besoin du soutien de puissances économiques de premier plan, et la Chine, désormais officiellement deuxième puissance économique mondiale, avec un taux de croissance que la crise n’a pas atténué, est le partenaire idéal. Toutes les décisions importantes sur l’économie doivent désormais se faire de concert avec Pékin, et Nicolas Sarkozy l’a parfaitement compris, déclarant notamment que « la Chine ne doit pas être vécue comme un risque mais comme une opportunité ». Une opportunité en termes d’exportations, bien entendu, mais aussi, dans le contexte actuel, en vue de réussir cette présidence du G20. Si le passage à Paris est incontournable, c’est surtout le détour à Nice, où le G20 est au centre des discussions entre les deux dirigeants, qui marquera cette visite officielle.
La Chine est de son côté particulièrement sensible aux modifications du système monétaire (avec en ligne de mire la confrontation avec le dollar), à la volatilité des cours des matières premières (dont elle a tant besoin pour sa croissance) et à la gouvernance mondiale, maintenant qu’elle est plus sûre d’elle-même, et s’est largement imposée dans les régions en développement. Pour Pékin, il est indispensable de profiter du G20 pour proposer de nouvelles directives internationales et valider sa position de puissance économique incontournable. C’est pourquoi la Chine voit également dans ces rencontres une opportunité de voir ses souhaits figurer dans les réformes proposées sous la présidence française, à savoir le renforcement de la coordination des politiques macro-économiques ; le renforcement de la régulation des marchés financiers avec une meilleure représentation des pays émergents ; la lutte contre le déséquilibre Nord/Sud ; et la lutte contre le protectionnisme. Des points sur lesquels Pékin pourra compter sur le soutien de Paris.
Tout semble donc prêt à ce qu’un nouveau partenariat franco-chinois se dégage de ces rencontres, et marque le début de la présidence française du G20. Dans un entretien accordé au Figaro, Hu Jintao a d’ailleurs noté que « l’important, c’est de dépasser, dans notre coopération, le simple commerce-investissement pour créer un partenariat d’égal à égal ». Un partenariat qui n’empêchera pas les critiques, sur la question des droits de l’homme notamment (le Quai d’Orsay a notamment demandé la libération du dissident Liu Xiaobo, récemment désigné Prix Nobel de la Paix), mais qui se caractérise surtout par une volonté de dialogue et de ne plus se limiter à la signature des contrats, même pharaoniques, pour discuter ensemble de la recomposition des règles économiques internationales.
Les opinions exprimées dans ce blogue sont strictement personnelles et ne reflètent pas nécessairement celles de Global Brief ou de l’École des affaires publiques et internationales de Glendon.
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