LOADING

Type to search

Puccini s’invite dans la relation Chine-Taiwan

GB Geo-Blog

Puccini s’invite dans la relation Chine-Taiwan

Et avec lui le célèbre réalisateur chinois Zhang Yimou ! Les 27 et 28 mars, Taichung, troisième ville de Taiwan située au centre de l’île, a accueilli deux représentations de Turandot, le célèbre opéra de Giacomo Puccini dont l’action se déroule en Chine (à Pékin précisément, si on s’en tient aux premiers mots de l’œuvre du compositeur italien, « peuple de Pékin… »), mis en scène par Zhang. On se souvient bien entendu des productions cinématographiques à grand spectacle du réalisateur, mais aussi de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Pékin en 2008, dont il fut le directeur artistique. Mais depuis maintenant quelques années, Zhang a également offert plusieurs représentations de Turandot dans le monde, la plus célèbre étant donnée dans le décor naturel de la Cité interdite. Les Français se souviendront de leur côté de la prestation au Stade de France en 2005.

Si Turandot est une œuvre de référence dans le monde occidental, elle peut en revanche apparaître comme un peu clichée pour des spectateurs chinois, en Chine continentale comme à Taiwan. C’est sans doute en partie pour cette raison qu’elle sert habilement le rapprochement inter-détroit, comme le ferait un intermédiaire diplomatique neutre. Les deux entités rivales cherchent aujourd’hui à établir de nouvelles relations, en trouvant des points d’ancrage hors du champ politique, et loin des rivalités sur la langue (Taiwan et la Chine n’utilisent pas les mêmes caractères), le patrimoine (Taiwan dispose du trésor de la Chine impériale, que Pékin lui réclame avec insistance) ou l’identité (Taiwan cherchant à mettre en avant ses racine chinoises tout en affirmant avec force ses spécificités locales, et donc une forme de taiwanité), cette œuvre occidentale offre un parfait compromis, n’étant ni « chinoise », ni « taiwanaise ». Dans ces représentations de Turandot, Puccini est donc une sorte d’ambassadeur de la relation Chine-Taiwan, profitant de son statut d’observateur extérieur, et permettant aux deux entités de se retrouver sans émoi.

Même dans cette atmosphère cordiale, les rivalités restent cependant très nettes. En octobre dernier, Zhang a ainsi offert une représentation de Turandot dans le stade olympique de Pékin. Mais les organisateurs des représentations de Taichung se sont arrangés pour faire encore mieux. Le nombre de danseurs est ainsi passé de 600 à 1.000, et le nombre de chanteurs de 160 à 240, le tout dans le stade de baseball de la ville. Une surenchère assez courante entre Taiwan et la Chine, et qui indique clairement que la culture est, dans les relations inter-détroit, encore inévitablement liée au politique.

La visite de Zhang Yimou à Taiwan pourrait en tout cas ouvrir de nouvelles perspectives en matière de coopération artistique entre les deux rives du détroit. A l’occasion d’une rapide visite au lac du soleil et de la lune, l’un des lieux les plus touristiques du centre de Taiwan, le metteur en scène chinois a évoqué la possibilité d’un spectacle organisé dans ce décor naturel entouré de montagnes. Les relations culturelles entre Taiwan et la Chine se développent à un rythme rapide, en marge de l’amélioration des relations économiques et commerciales, et les perspectives sont immenses.

Les opinions exprimées dans ce blogue sont strictement personnelles et ne reflètent pas nécessairement celles de Global Brief ou de l’École des affaires publiques et internationales de Glendon.

The opinions expressed in this blog are personal and do not necessarily reflect the views of Global Brief or the Glendon School of Public and International Affairs.

Categories:
Tags:

You Might Also Enjoy This in GB

Leave a Comment