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La cyberguerre a-t-elle commencé ?

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La cyberguerre a-t-elle commencé ?

L’affaire Google n’en finit pas de faire des vagues, et d’empoisonner les relations Washington-Pékin. Difficile de se faire une idée précise sur la part de vérité et de désinformation des deux côtés, et surtout de savoir dans quelle mesure la sortie du géant d’Internet du marché chinois a été ou non spontanée. Toujours est-il que la question de savoir s’il s’agit d’une question directement liée à la censure en Chine (qui comme chacun sait n’a pas attendu Google pour s’exprimer avec force), ou à un échec commercial, la concurrence avec le serveur chinois Baidu étant difficile pour Google, appartient aujourd’hui au passé. Les pouvoirs publics américains et chinois se sont emparés de cette affaire qui est désormais placée au niveau politique.

Pour rappel, le 12 janvier dernier, le groupe américain a annoncé qu’il cesserait de se plier aux règles de censure chinoise après avoir découvert que des hackers avaient piraté des comptes de courrier électronique hébergés par Google et appartenant notamment à des militants chinois des droits de l’Homme. Quelques jours plus tard, la Secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton s’emparait de l’affaire pour dénoncer les pratiques de certains Etats en matière de censure et de piratage informatique.

Cette chronologie succincte attire notre attention sur le fait que cette affaire s’est rapidement politisée, les arguments purement commerciaux étant écartés. Pire encore, le départ de Google ne profiterait ni à la compagnie américaine, ni à la Chine. « Si Google part, c’est un scénario perdant-perdant, bien plus que des pertes pour Google et des gains pour les autres », a estimé Edward Yu, président d’Analysys International, un cabinet de recherche de Pékin, interrogé par Associated Press, en référence aux nombreuses entreprises chinoises utilisant les services de publicité de la société américaine. Un constat que feraient sans aucun doute des experts américains.

Dans ce contexte étrange, pour quelle raison Google se retire, et surtout pourquoi les gouvernements américain et chinois y attachent une si grande importance ? Certains n’hésitent pas à mettre en avant la confrontation entre les deux pays, et ressortent des histoires d’espionnage dignes de la Guerre froide. Chacun accuse ainsi l’autre de tentatives d’espionnage. Le gouvernement américain reproche à la Chine, au travers de l’affaire Google, d’identifier les opposants au régime, et le gouvernement chinois voit dans le serveur informatique une sorte d’agent travaillant pour les autorités américaines. « Quand on pense aux gros efforts déployés ces dernières années par les Etats-Unis pour déclencher une guerre sur internet, on peut voir cela comme une bataille avant l’heure pour tâter le terrain », explique ainsi le journal chinois Le quotidien du peuple, en référence aux effets de cette affaire aux Etats-Unis. Le quotidien chinois note par ailleurs les collisions existantes entre Google et les services de renseignement américain, cherchant ainsi à donner à cette affaire une tournure stratégique hautement sensible, en accusant l’entreprise américaine de livrer des informations aux autorités américaines.

Espionnage, piraterie, désinformation et instrumentalisation d’une affaire qui semble au départ éloignée du champ politique, l’affaire Google pourrait inaugurer la cyberguerre que les experts de la question prophétisent depuis plusieurs années, et dans laquelle la Chine et les Etats-Unis semblent les acteurs les plus engagés. Difficile de savoir à ce stade si cette affaire créera un précédent ou restera un cas isolé, Washington et Pékin n’ayant pas franchement intérêt à voir se dégrader une question qui pourrait remettre en question leur nécessaire partenariat. Mais dans le bras de fer que semblent désormais se livrer à distance les deux puissances, les moyens de cyberguerre constituent indiscutablement une arme de choix.

Les opinions exprimées dans ce blogue sont strictement personnelles et ne reflètent pas nécessairement celles de Global Brief ou de l’École des affaires publiques et internationales de Glendon.

The opinions expressed in this blog are personal and do not necessarily reflect the views of Global Brief or the Glendon School of Public and International Affairs.

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