Obama
Barrack Obama est au pouvoir maintenant depuis un an. Que penser de sa performance? Après l’espoir, le message de changement, le ‘yes we can’, que reste-t-il? Certains, surtout dans la gauche militante, se disent déçu de sa performance, jugeant qu’il n’a pas fait assez durant sa première année. D’autres continuent à affirmer qu’il manque de substance, qu’on ne connaît pas vraiment ce en quoi croît l’homme, qu’il n’est encore que promesse. La droite, bien entendu, juge que les USA se dirigent tout droit vers le socialisme.
Je vais être franc; je pense que Barrack Obama a aussi bien réussit qu’il ne pouvait le faire tenant compte des circonstances. Je fais trop affaire avec les média… Donnons-lui un bon B+.
Guerre au terrorisme : Le nouveau Président a dit qu’il voulait réorienter les efforts des USA vers l’Afghanistan, c’est ce qu’il a fait. Il y enverra plus de 30 000 soldats supplémentaires. Il a d’ailleurs augmenté les opérations américaines au Pakistan, et il met un peu plus de pression sur ce pays. Il a réussi à convaincre les alliés d’y envoyer plus de troupes, plus de 7000, ce que son prédécesseur et ce que Stephen Harper n’avaient pas accompli. Il y a une date possible de début de retrait, 2011, pour éviter de s’enfoncer dans un bourbier sans fond. Il a promit de fermer Guantanamo Bay en un an, pour janvier 2010. À ce niveau, ce n’est pas complet. La question reste, que faire des détenus qui y sont? Les ébauches d’une solution apparaissent, c’est simplement plus long que prévu. Il a parlé au monde musulman; son discours au Caire ouvre la conversation.
Je ne crois pas que ce qui s’est passé le 25 décembre change quoi que ce soit à l’évaluation ci-haut. Cette tentative d’attentat aurait eu lieu peu importe le Président en poste, peu importe l’orientation en politique étrangère. L’acte est haineux; il est difficile d’y voir d’autres motivations.
Politique étrangère : Les USA se réintègrent dans le concert des nations. Le Président Obama a été à Copenhague. Je doute que notre ami W. s’y soit présenté. L’accord de Copenhague n’est pas fort, il n’est pas historique, loin de là. Sans la force d’Obama, il faut se demander s’il y aurait eu quoi que ce soit.
Le dialogue entre les USA et la Chine semble plus ouvert, plus honnête et plus mature.
Politique domestique et économique : La réforme du système de soins de santé n’est pas aussi ambitieuse que prévue, mais il y aura tout de même une réforme. Il n’y en avait pas eu une en substance depuis Theodore Roosevelt, il y a plus de cent ans. Tenant compte des divers intérêts en jeu, une réforme, même toute petite, est un exploit!
L’économie reprend force tranquillement. Les récessions ça ne se règlent pas instantanément.
Le vieux dicton reste juste. La politique est l’art du possible. C’est particulièrement vrai pour un président américain. Il est possible de voir le président en tout puissant, celui qui contrôle le destin de la planète. Il est possible de le voir en pantin, contrôlé par pleins de conseillers, opposé par un Congrès qui ne cherche qu’à lui mettre des bâtons dans les roues. La vérité est entre les deux. Barrack Obama n’est ni hyper-puissant, ni impotent. Les attentes étaient très hautes. Comme tout président, il doit travailler, négocier, s’imposer. C’est ce qu’il fait. Vu sous cet angle, il s’en sort assez bien.
Il reste de nombreux défis; il y en aura toujours. Il y a l’Iran, la Corée du Nord, l’économie, la dette et le déficit, l’environnement. Encore et toujours la Guerre au terrorisme. Il y aura de nombreuses occasions pour le Président Obama de trébucher; il y aura de nombreuses occasions de le critiquer. Il y a aussi les élections de mi-mandat au Congrès. Les Républicains, bien entendu, reprendront du poil de la bête; ils remporteront quelques nouveaux sièges. Ça sera normal, après la victoire plutôt écrasante des Démocrates en 2008. Barrack Obama a encore de nombreuses batailles à mener. Rappelons, cependant, que l’alternative n’est pas formidable. Vous auriez préféré McCain et Palin? Je ne sais pas qui sera le candidat républicain en 2012; ce que je sais, c’est qu’Obama sera encore une option très crédible, fort probablement encore le choix le plus raisonnable.
J’ai quelques commentaires à faire sur la tentative d’attentat terroriste du 25 décembre. J’y reviens dans ma prochaine intervention.
Caveat lector : Les opinions exprimées dans ce blogue sont strictement personnelles et ne reflètent pas nécessairement celles de Global Brief ou de l’École des affaires publiques et internationales de Glendon.
Complètement en accord avec cette évaluation. Considérant les attentes excessivement déraisonnables à son égard, Obama s’en est tiré très honorablement dans cette première année de mandat. Il ne faut pas oublier qu’il fait face à un déchaînement sans précédent de la droite, qui tente de lui mettre des bâtons dans les roues à chaque occasion. Le débat s’est radicalisé et chaque enjeu devient une croisade pour ses adversaires. À ce sujet, il y a un excellent dossier dans l’édition présente du Courrier international.