Le gouvernement chinois a reçu le Premier ministre canadien d’une drôle de façon, les fleurs … et le pot! Comment expliquer la rebuffade publique du Président et du Premier ministre chinois? Les explications courantes semblent presque prendre position, tout au moins, justifier l’attitude chinoise. ‘Ah, bien, Mr. Harper ne s’est pas pressé pour aller en Chine. Il a critiqué le gouvernement chinois un peu fort. C’était un peu à prévoir, il récolte ce qu’il a semé. Il ne s’est pas présenté aux Jeux Olympiques’ Dans le Globe ce matin (vendredi 4 décembre), ‘les chinois pardonnent, mais n’oublient pas’! Les partis d’opposition à Ottawa hier en rajoutaient. La communauté des affaires s’inquiètent depuis longtemps des difficiles relations entre le gouvernement Harper et la Chine. La prémisse de ces analyses est la suivante, le Canada a besoin de la Chine bien plus que la Chine n’a besoin du Canada. C’est un gros marché, il faut y être avant que d’autres y occupent toute la place!

Faisons bien attention. Mettons les choses un peu en contexte.

La Chine reste une dictature. Les droits fondamentaux y restent bafoués. Nous pouvons admirer la Chine pour sa rapide croissance économique, et les Chinois pour leur force de caractère. La communauté internationale, incluant le Canada, a le devoir, cependant, de pousser la Chine à être plus respectueuse de ces propres citoyens. Le Canada n’est pas parfait, surtout sur les questions autochtones, mais nous n’avons pas nécessairement de leçon à prendre du gouvernement chinois. La plupart des pays occidentaux ont le même défi, promouvoir les droits de la personne tout en encourageant la création de partenariats et la signature d’ententes économiques. On ne peut pas parler juste des droits de la personne, mais on ne peut pas parler juste d’économie, non plus. Le bon équilibre est difficile à atteindre.

La Chine a besoin du Canada. Ne l’oublions pas. Ils veulent notre acier, notre pétrole, nos produits miniers. Nous avons un système financier stable. La Chine veut investir au Canada. Nous avons un certain pouvoir de négociation, autant qu’il est possible d’en avoir avec une grande puissance.

Je me demande quels étaient les vrais objectifs chinois et si nous les comprenons bien. J’offre une hypothèse… Si la relation entre les deux pays ne comptait pas, les dirigeants n’auraient pas pris la peine de dire quoi que ce soit. Ils auraient organisé une visite standard, sans éclat. C’est parce qu’ils ont intérêts à garder de bonnes relations avec le Canada, c’est parce qu’ils les veulent meilleures, qu’ils se sont permis de taper un peu sur Mr. Harper.

La Chine, c’est important pour le Canada. Oui, il nous faut travailler, sans contredit, cette relation. C’est une relation plus ou moins d’égale à égale que nous devons établir; nous ne sommes pas un vassal de la Chine. Mr. Harper n’avait pas à courir dès son élection en 2006 pour se prosterner devant l’Empereur. Une bonne relation, ça s’établit à deux!

La Chine a d’une certaine façon rabroué Mr. Harper, n’en faisons pas une trop grosse histoire!

Dernière petite note, la performance de Mr. Harper sur la scène internationale s’est grandement améliorée au fil des ans. Ça aussi, c’est important. Mr. Harper a maintenant de l’expérience; il a l’air d’un chef d’État.