La neuvième année de la guerre en Afghanistan s’achève à l’automne… et la dixième année commencera aussitôt. L’issue demeure incertaine… mais il faut s’assurer du soutien des opinions publiques, au moins dans les pays contributeurs. Les Etats-Unis fournissent l’essentiel des troupes, mais cherchent à mobiliser des soldats supplémentaires, notamment dans les pays européens membres de l’OTAN.

C’est pourquoi l’Assemblée européenne de sécurité et de défense a intitulé un rapport: “Afghanistan: expliquer à l’opinion publique les raisons d’une guerre”. A vrai dire, ce rapport est peu convaincant pour la partie “explication” et indigent en matière de proposition. En revanche, ce document présenté par John Greenway et Marco Zacchera est une ressource pour aborder de manière transversale les opinions publiques de quelques pays européens au sujet de l’Afghanistan.

Peut-être parce qu’ils sont à l’origine de deux guerres mondiales, les Européens ne sont plus prêts à voir mourir leurs soldats en nombre. Cependant les situations sont assez différenciées.

L’opinion publique britannique n’est pas convaincue que la mission soit réalisable mais seulement un tiers est favorable au retrait immédiat. De leur côté, les Espagnols se souviennent des attentats de Madrid (2004, 191 morts) et entendent les arguments au sujet du terrorisme. Les dirigeants polonais sont prêts à “payer le prix du sang” pour prendre toute leur place dans l’OTAN, mais les citoyens Polonais sont souvent favorables au retrait d’Afghanistan.

La majorité de la population serait favorable au retrait en Allemagne, en France et en Italie. En Allemagne, les conditions d’engagements des soldats hors des frontières sont complexes et la responsabilité d’un colonel allemand dans une attaque aérienne qui a causé la mort de nombreux civils est venue raviver la polémique. Et chacun se souvient que le président de la République fédérale d’Allemagne fait suite à un propos au sujet de l’Afghanistan. En France, la communication au sujet de l’Afghanistan est pour le moins discrète, parce que les autorités savent que la majorité des Français est favorable au retrait. Les médias ont depuis longtemps commencé le décompte des pertes (45 à ce jour), ce qui fait peser une pression sur le politique. En Italie, 58% de la population est hostile à la poursuite de la participation à la guerre.

La question reste entière: comment vendre la guerre d’Afghanistan aux Européens ? Il y a tout lieu de penser que les responsables de l’OTAN se penchent actuellement sur la question.

Les opinions exprimées dans ce blogue sont strictement personnelles et ne reflètent pas nécessairement celles de Global Brief ou de l’Ecole des affaires publiques et internationales de Glendon.