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Une belle journée

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Une belle journée

Hier, le 15 juillet, c’était mon dixième anniversaire de mariage, une belle journée. Andrée et moi sommes sortis, sans les enfants, évidemment. Manger en paix, quel bonheur!

La journée fut également plutôt bonne pour le Président américain. La fuite dans le Golfe du Mexique a finalement été stoppée, le pétrole ne s’en échappe plus, tout au moins pour l’instant. Le Sénat américain a aussi adopté hier le projet de loi sur la réforme financière. Le Président Obama ne pouvait pas faire grand chose par rapport à la fuite, mais l’incapacité de BP de boucher le trou faisait, d’une drôle de façon, mal paraître l’administration. Les américains n’aiment peut-être pas leur gouvernement fédéral, trop intrusif, mais quand quelque chose ne va pas, c’est le gouvernement que l’on blâme, c’est au gouvernement à trouver une solution. C’est contradictoire, tout à fait, mais c’est une vérité toute simple de la vie politique aux États-Unis.

Avant de poursuivre, il est nécessaire de faire une distinction importante entre deux termes que l’on mélange trop souvent, urgence et crise. L’urgence, c’est lorsqu’une situation requiert une attention immédiate, la solution se doit d’être rapide. Les catastrophes naturelles sont généralement des situations d’urgence. La crise, c’est lorsque le système même est mis en péril. La crise est à long terme. Il n’est pas facile d’y trouver une solution. L’urgence est souvent très émotive. La crise aussi peut susciter de fortes émotions, sauf que la solution se doit être soigneusement pensée, de prendre en compte l’ensemble des facteurs qui ont contribué au problème. Il est légitime d’avoir utilisé le terme ‘crise financière’ pour décrire se qui s’est déroulé au cours des dernières années puisque les événements en cause ont fortement ébranlé le système financier, l’économie internationale, et parce que nous en ressentons encore les effets aujourd’hui, même si le gros de la crise, pour être franc, est derrière nous. Très souvent, l’urgence se transforme en crise.

Revenons, donc, à la journée d’hier. L’arrêt de la fuite, si elle est confirmée, règle l’urgence. C’est une victoire temporaire. L’urgence au fil des semaines s’est transformée en crise environnementale, économique et sociale. Il faudra des années, et énormément d’argent, pour nettoyer le Golfe. Le Président Obama peut respirer, mais pour BP, pour le gouvernement américain, pour les populations riveraines, le vrai travail ne fait que commencer. L’urgence est passée, la crise ne fait que commencer.

La distinction ci-haut est importante aussi pour comprendre ce qui est devenu la ‘crise financière’. Lorsque les gouvernements à travers le monde ont injecté des milliards pour aider les grandes banques, ils tentaient de répondre à l’urgence. L’urgence passée, il fallait trouver des solutions à la crise. Cette crise, elle s’est en partie réglée d’elle-même lorsque les profits sont revenus. Le rôle des gouvernements dans ce contexte est à la fois d’aider à résorber la crise, ce qui en reste, et de tenter d’en éviter une nouvelle. La reprise des négociations au sein du Comité de Bâle lundi pour ajuster les standards internationaux dans le milieu bancaire vont dans cette direction. L’UE de son côté a pris du recul cette semaine lorsque le Parlement a rejeté la réforme des institutions de réglementation mise de l’avant initialement par la Commission. La réforme approuvée par le Sénat américain, elle, est substantielle, plus de 2300 pages. Ce que le Sénat a adopté hier, c’est un début de réponse à la crise. Il reste à voir comment cette loi sera appliquée, et si le gouvernement tentera de faire adopter d’autre lois, de faire passer d’autres projets de réforme. Cette loi a été très difficile à obtenir. Beaucoup de gens, dans le milieu politico-financier, tenteront maintenant (pour être gentil) d’en réduire la portée. Attention aux réjouissances hâtives!

Une belle journée, pour Obama, sans plus. Il reste beaucoup à faire!

Caveat lector : Les opinions exprimées dans ce blogue sont strictement personnelles et ne reflètent pas nécessairement celles de Global Brief ou de l’École des affaires publiques et internationales de Glendon.

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