Si près de la gloire…
Et pourtant encore si loin ! Les Jeux Olympiques de Vancouver se sont achevés sur un résultat exceptionnel pour les athlètes canadiens, qui ont battu le record du nombre de médailles d’or remportées par une nation lors d’une olympiade d’hiver (14), concluant la quinzaine par la médaille d’or obtenue en hockey sur glace. Une organisation de grande qualité, un accueil loué par tous les visiteurs, et le sentiment du devoir accompli. Et pourtant, il ne manquait qu’une toute petite marche pour que ces Jeux entrent dans l’histoire. Une marche si facile qui n’a pourtant malheureusement pas été gravie, celle qui distingue le succès de la gloire.
Brian McKeever n’a pas été sélectionné pour disputer la dernière épreuve de ski de fond, le 50 km. L’encadrement de l’équipe du Canada de ski de fond a finalement retenu quatre autres skieurs. Le Canadien aurait été le premier athlète à avoir pris part aux Jeux d’hiver et aux Jeux Paralympiques d’hiver. McKeever est malvoyant. Son acuité visuelle n’est plus que de 8 à 10% de la normale. « Mon rêve olympique s’envole. Je ne pense pas avoir déjà été aussi triste », a-t-il déclaré après avoir appris la nouvelle. Une tristesse qui contraste avec la joie qu’il avait légitimement manifestée en se qualifiant pour ses premiers Jeux d’hiver, surmontant son handicap et donnant une véritable leçon de courage au monde. Pour beaucoup, McKeever est une source d’inspiration.
La décision de ne pas le sélectionner en dernière minute, justifiée par la course aux médailles, n’a aucun sens d’un point de vue sportif, les fondeurs canadiens n’ayant de toute façon que des chances infimes de triompher dans une épreuve traditionnellement acquise aux Européens. Le résultat final est d’ailleurs sans appel, car si le premier canadien se place à une excellente cinquième place, ses compatriotes ne se positionnent qu’en 18ème, 32ème et 33ème, sur 48 compétiteurs au final, loin des meilleurs ! De même, comme il ne s’agissait pas d’un relais, mais d’une épreuve individuelle, l’équivalent du marathon dans les Jeux d’été, la présence de McKeever n’aurait pas « handicapé » les autres athlètes canadiens. Il aurait sans aucun doute terminé loin du vainqueur, mais son parcours aurait été une véritable marche triomphale, et certainement l’un des plus beaux souvenirs des Jeux de Vancouver. Surmontant son handicap, il aurait couru avec son cœur et toute la fierté de ne pas être différent, représentant avec honneur son pays. On ne peut donc que rester sur sa faim devant la décision aussi stupide que discriminante des responsables de l’équipe canadienne de ski de fond.
Quels souvenirs laisseront ces Jeux dans quelques décennies ? Des images, des expériences personnelles, des petites histoires qui font l’histoire des Jeux Olympiques, bien plus que le nombre de médailles, qui sera vite oublié. La légende des Jeux Olympiques est celle de ceux qui les ont faits, médaillés ou non, joyeux dans la victoire ou effondrés par leur contre-performance, tous unis par le même dénominateur : être là et avoir participé à la grande fête olympique. Le Canada avait la chance de disposer dans son équipe d’un athlète hors du commun, un de ces sportifs qui écrivent l’histoire, et font que les Jeux sont un évènement exceptionnel. En ne lui donnant pas sa chance, et le cantonnant aux Jeux paralympiques auxquels il participera dans deux semaines, les responsables de l’équipe canadienne de ski de fond ont raté une opportunité unique, qui va bien au-delà de tous les résultats sportifs. Car la course de McKeever valait bien toutes les médailles du monde.
Les opinions exprimées dans ce blogue sont strictement personnelles et ne reflètent pas nécessairement celles de Global Brief ou de l’École des affaires publiques et internationales de Glendon.
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Excellent Bart!
Bien fait B!