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Sarko à nu!

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Sarko à nu!

Non, il ne s’agit pas de nouvelles photos troublantes du chef d’État français!

Nicolas Sarkozy ouvrira aujourd’hui le Sommet de Davos. Lundi, il était sur TF1 pour une émission spéciale. Le Président français était assis à une table avec neuf de ces concitoyens pour discuter de l’avenir de la République. Il y avait un animateur, bien entendu, mais en recul dont le rôle était un peu plus secondaire. Les citoyens étaient libres de poser les questions qu’ils voulaient; le Président n’en connaissait pas la teneur avant l’émission. Plus intéressant encore, les citoyens pouvaient relancer le Président si la réponse fournie ne leur plaisait pas. C’était un débat, un vrai. L’animateur aussi a posé quelques questions qui avaient été soumises par voie internet.

Je suis politologue et la chose politique m’intéresse partout où elle se trouve. Ce que j’ai aimé, c’est que la discussion était vraie, sans filtre, et naturelle. Les citoyens ont pu vraiment causés avec le Président, lui faisant part de leurs situations précaires et de leurs inquiétudes. Depuis l’arrivée de Sarkozy au pouvoir, le mot réforme fait bien peur en France. Pour le Président, ce débat était une occasion de se montrer à l’écoute, de pouvoir parler au peuple directement sans passer par les journalistes. Environ 10 million de français ont écouté l’émission. Le débat a duré plus de deux heures. Le pari était tout de même risqué pour le Président. Il aurait facilement pu mal paraître. Or, il ne s’en est pas mal sorti. Sarkozy donnait parfois l’impression de connaître ses dossiers à fond et d’autres fois il parlait pour ne rien dire. (À plus d’une occasion, il s’est dit contre l’injustice! Bravo! C’est tout de même mieux que d’être pour l’injustice!) Mais justement, le débat était en direct. Le Président avait fais ses devoirs, mais il n’est pas tombé dans le piège du prémâché.

Vous voyez Mr. Harper se livrer à ce type d’exercice? Nous avons des débats des chefs, au Canada, lorsqu’il y a des élections. Les questions viennent peut-être des citoyens mais les chefs sont si préparés qu’ils font du par cœur. Il y aura des élections régionales en France bientôt, mais la Présidentielle n’est pas avant 2012. Parfois au Canada, le Premier ministre ou un chef de parti tiendra une session ouverte, avec, par exemple, des étudiants. Ce n’est pas à la télévision nationale et la personne qui a posée la question n’a pas le droit de réplique. Les politiciens canadiens doivent toujours avoir le contrôle complet de la situation, question d’image. L’improvisation, on oublie ça!

La démocratie française a bien des problèmes. Je ne dis pas qu’il nous faut la prendre comme modèle. L’exercice de lundi a, cependant, été utile. La démocratie est d’une certaine façon un dialogue. Le débat doit se faire à deux. La gestion par sondage n’est pas suffisante. Au Canada, comme ailleurs, nous parlons de déficit démocratique. Les gens ne vont plus votés. Ils ne se sentent pas concernés par le politique. Il ne faut pas toujours penser à de grandes réformes, à changer le système électoral. De petits gestes peuvent aller parfois dans la bonne direction. Le chef d’État français a parlé directement à ses concitoyens. Notre Premier ministre, il me semble, pourrait en faire autant!

Caveat lector : Les opinions exprimées dans ce blogue sont strictement personnelles et ne reflètent pas nécessairement celles de Global Brief ou de l’École des affaires publiques et internationales de Glendon.

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2 Comments

  1. Nathalie January 28, 2010

    ho yesssss à quand une rencontre de ce genre à Qc… je veux réserver ma place!!!

  2. Dawu January 28, 2010

    Je viens de voir il y a à peine 2 heures un reportage de l’émission Enquête sur le contrôle maladif de l’information effectué par le gouvernement Harper. Ça donne froid dans le dos! C’est nettement moins spectaculaire que le scandale des commandites sous les Libéraux, mais tellement plus insidieux et à mon avis encore plus dangereux pour l’exercice démocratique. Pour côtoyer régulièrement des fonctionnaires fédéraux, je constate que la paranoïa s’est répandue dans la fonction publique au point où l’auto-censure est en train de s’installer partout.

    Mais je crois que ce qui me désole le plus, c’est la passivité de la population face à cette situation…

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