La France est-elle en Europe ?
Alors que s’achève d’ici peu la campagne pour le premier tour des élections présidentielles françaises, on peut se demander si la France est encore un pays membre de l’Union européenne.
L’Europe ? Un non-sujet
En effet, la campagne évite le plus souvent les affaires européennes, alors que la France est un des pays fondateurs de l’UE et continue d’y peser “bon poids”, comme on dit parfois dans les campagnes françaises. L’Europe reste le plus souvent un non-sujet. Comme si la loi européenne ne l’emportait pas sur la loi française. Comme si la Commission européenne n’était pas habilitée à vérifier le projet de budget avant le Parlement français. Comme si la France boudait cet instrument qu’elle a contribué à construire avec des calculs politiques de puissance. Il est vrai que ces calculs ont en partie échoué: la France ne domine pas l’Allemagne fédérale et l’Union européenne n’est pas devenue un outil pour contesté l’hégémonie des Etats-Unis. Avec 21 pays sur 27 membres de l’UE qui appartiennent aussi à l’OTAN, ce serait difficile… Parce qu’il est difficile aux hommes politiques d’avouer que les calculs de ceux d’hier ont en partie fait faillite, mieux vaut parler d’autre chose.
L’Europe ? Un paillasson
Ou bien parler de l’Europe mais pour lui marcher dessus, ça défoule. Le candidat du Parti Socialiste, François Hollande a annoncé qu’il exigerait s’il était élu la renégociation du traité en cours d’adoption qui vise à instaurer de nouvelles règles budgétaires. Voilà une bonne manière de se faire des amis hors des frontières. Un peu comme le candidat Nicolas Sarkozy qui début 2007 avait annoncé le projet d’Union Méditerranéenne du haut d’une tribune électorale avant d’en parler aux autres pays membres, une fois élu. Avec à la clé une castration du projet réalisée de main de maître par une certaine… Angela Merkel, chancelière d’Allemagne. Quant au Président – candidat Nicolas Sarkozy le voici en 2012 en train d’exiger une remise à plat de Schengen, sous menace d’un chantage à l’égard des autres pays membres. Elégant.
A propos de campagne…
Dans les deux cas, les pays partenaires ne semblent pas véritablement traumatisés. Les experts vous le diront d’un air entendu: “Propos de campagne électorale… Chacun doit y passer, tout le monde sait que les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent…” Peut-être. Reste que les deux candidats supposés les mieux placés dans les sondages pour accéder au 2ème tour ne parlent pratiquement pas d’Europe où alors pour lui casser du sucre sur le dos. Il va sans dire que l’idée européenne instrumentée comme punching ball à des fins politiciennes, on a vu mieux pour promouvoir la participation aux prochaines élections pour le Parlement européen, en 2014. Cela fait trois législatures européennes avec moins de 50% de participation à l’échelle européenne, mais il sera bien temps de s’en préoccuper subitement lors de la campagne électorale de 2014. D’ici là, qui se souviendra des saillies de 2012 ?
Les opinions exprimées dans ce blogue sont strictement personnelles et ne reflètent pas nécessairement celles de Global Brief ou de l’Ecole des affaires publiques internationales de Glendon.