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Fin de l’URSS, acte deux

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Fin de l’URSS, acte deux

ussr-article«La plus grande catastrophe géopolitique du 20e siècle» se répète – un second éclatement à retardement

Au début du mois de septembre 2011, les membres de la Communauté des États Indépendants (CEI) se réunissaient à Douchanbé au Tadjikistan à l’occasion du 20e sommet de l’organisation. Quelques jours avant le début du sommet, le président ouzbek Islam Karimov annonça qu’il ne serait pas présent et que l’Ouzbékistan serait représentée plutôt par son premier ministre Shavkat Mirziyoyev. Avant Karimov, le président de l’Azerbaïdjan Ilham Aliev décidait lui aussi de rester chez lui et d’envoyer à sa place son Premier ministre Artur Rasizade.

Ces absences sont monnaie courante depuis la création de la CEI, mais leur fréquence est de plus en plus élevée depuis le milieu de la dernière décennie. Cela est symptomatique d’un malaise profond au sein de la CEI et d’un processus, lent mais déjà perceptible, de reconfiguration géopolitique dans ce que les spécialistes des relations internationales appellent le continent eurasiatique, un immense territoire ballotté entre l’Union européenne, à l’ouest, et la Chine et le Japon, à l’est.

En fait, nous assistons depuis l’effondrement de l’Union soviétique en décembre 1991, et davantage depuis le début des années 2000, à un processus de déconstruction géopolitique: l’espace eurasiatique vit une deuxième mort de l’Union soviétique. La domination de la Russie sur ce gigantesque espace s’effrite irrémédiablement sous les assauts principalement des États-Unis et, plus récemment, de la Chine. L’«étranger proche» (c’est ainsi que Moscou désigne l’espace post-soviétique) se réduit ainsi comme peau de chagrin. À l’ère de la mondialisation et des technologies de l’information et des transports, la plupart des facteurs qui ont contribué à l’expansion de la Russie au cours des 19e et 20e siècles ont disparu ou sont en voie de disparaître. Vingt ans après la création de la CEI, une question fondamentale s’impose alors: à quoi ressemblera le continent eurasiatique à l’horizon 2030? La CEI a-t-elle un avenir?

Le 8 décembre 1991, les nouveaux dirigeants de la Russie, de l’Ukraine et de la Biélorussie (Bélarus), réunis à Bélovejskaïa Pouchtcha, à quelques kilomètres de Minsk, proclamèrent que l’Union soviétique avait cessé d’exister «en tant qu’État et entité géopolitique». Ils substituèrent à la fédération soviétique une organisation politique inédite: la Communauté des États indépendants. Les républiques soviétiques d’Asie centrale (Kazakhstan, Ouzbékistan, Turkménistan, Tadjikistan, Kirghizstan) et l’Arménie les rejoignirent deux semaines plus tard à Alma-Ata (Almaty), alors capitale du Kazakhstan. L’Azerbaïdjan et la Moldavie ratifièrent l’acte de fondation quelque temps plus tard, suivis par la Géorgie en 1993.

Comptant 11 membres, la CEI n’est ni une confédération, ni une simili-fédération (une fédération de façade) comme l’était l’URSS, qui a survécu 69 ans, entre 1922 et 1991. Ce n’est pas non plus un État unitaire comme l’était la Russie tsariste. Le continent eurasiatique est devenu une nébuleuse d’États qui sont fortement déterminés à conserver, au plan juridique, leur entière souveraineté nationale. Rien d’étonnant à ce que, 20 ans après sa création, l’identité politique, économique et militaire de cette communauté soit toujours mal définie ou même inexistante, selon plusieurs observateurs. Pour la Russie, la CEI était à l’origine un instrument qui lui permettrait de maintenir son influence politique et économique dans la nouvelle zone post-soviétique. En fait, elle servit à faire étalage d’une version russe de décolonisation «soft». Avec le temps, la Russie espérait transformer la «Communauté des États» en une sorte d’Union soviétique II, permettant ainsi la réinsertion du plus grand nombre d’États de l’Europe de l’Est, du Caucase et d’Asie centrale dans une formation géopolitique cohérente. Ce projet politique ne s’est pas encore concrétisé.

Jusqu’à maintenant, le processus d’intégration au sein de la Communauté consiste généralement à signer, devant les caméras, de nombreux accords tous plus ambitieux les uns que les autres, mais dont la grande majorité n’a jamais été mise en pratique. Les réunions périodiques des chefs d’État de la CEI ne sont rien de plus que des «moulins à paroles» («talk shops») dont la principale utilité est de permettre la résolution de problèmes bilatéraux. Bref, la CEI est devenue un club de présidents (autoritaires), l’équivalent à plusieurs égards du Commonwealth britannique. Toutefois, pour Moscou, il est encore important de maintenir et de contrôler cette structure, même illusoire, parce qu’elle lui permet de rester un pivot dans l’ensemble de la zone et constitue une plate-forme à partir de laquelle Moscou peut défendre ses intérêts lors des sommets annuels et des consultations plus informelles.

Cela dit, le processus de dislocation de la CEI est déjà en marche. Aux alentours de 2030, la Russie n’aura plus les moyens politiques et économiques de maintenir et de renforcer sa puissance au sein de la CEI, encore moins dans l’arène politique internationale. Son économie, bien que montrant des taux de croissance qui surpassent de beaucoup ceux des pays de la zone européenne et du G8, n’a pas le dynamisme des économies de l’Asie de l’Est ou même de certains pays d’Amérique latine, notamment dans le secteur manufacturier.

Trois facteurs majeurs annoncent déjà l’échec de l’intégration des pays membres de la CEI ou de l’espace post-soviétique. Premièrement, en raison de l’énorme taille géographique de la Russie, de sa population, de son potentiel économique et de sa force politique et militaire, il était impossible pour la Communauté, et ce dès le début de son existence, de devenir une organisation internationale de membres égaux. Même avec la plus démocratique des organisations interétatiques – ce que la CEI n’est pas – les 11 membres de la Communauté seraient inévitablement à la botte de la Russie sur le plan des décisions. À la différence de la Communauté économique européenne (1958-1993), qui se caractérisait lors de sa fondation par une combinaison de plusieurs grands et petits États, de sorte qu’aucun n’avait un avantage disproportionné par rapport aux autres, la CEI fut créée par et pour un seul membre, la Russie, qui en est le seul et unique centre d’attraction. C’est dans ce contexte que, ces dernières années, les pays voisins de la Russie prennent les moyens pour éviter une dérive trop prononcée vers l’orbite géopolitique et géoéconomique russe.

Ainsi, depuis 2005-2006, on observe des signes avant-coureurs indiquant que la CEI pourrait éclater dans un futur peut-être pas si lointain. Avant le conflit armé entre la Russie et la Géorgie en août 2008, Tbilissi était considéré comme le plus «instable» des membres. La guerre en Ossétie du Sud, territoire séparatiste mais faisant partie légalement de la Géorgie, a convaincu le président géorgien Mikheil Saakachvili et son entourage que la CEI n’est qu’un appareil politique au service des intérêts de la Russie. Au cours du sommet de la CEI à Kazan en août 2005, le Turkménistan, alors dirigé par le dictateur stalinien Saparmourat Niazov, annonça qu’il modifierait son statut au sein de l’organisation, le faisant passer de membre à celui de membre associé. À la fin de 2005, l’inefficacité de la CEI est devenue de plus en plus évidente aux yeux de nombreux responsables politiques ukrainiens et moldaves, entre autres.

En mai 2006, un peu plus d’un an après la «Révolution orange», l’Ukraine annonça qu’elle procéderait à un examen sérieux et exhaustif de la nécessité de prolonger son appartenance à la CEI. Cinq ans plus tard, les sentiments des Ukrainiens envers la Communauté sont toujours ambivalents. Compte tenu des valeurs et du programme politique véhiculés par le Parti des régions lors des élections présidentielles du 14 février 2010 en Ukraine, les analystes politiques occidentaux et les dirigeants russes étaient en droit de s’attendre à ce que le leader de ce parti et vainqueur de l’élection, Viktor Ianoukovitch, prenne fait et cause pour la CEI. Il n’en fut rien. Pire pour la Russie, le nouveau président ukrainien, dans un article coup-de-poing publié le 19 août 2011 dans l’hebdomadaire ukrainien Zerkalo Nedeli, affirme que «le choix européen est devenu le fondement de la politique étrangère de l’Ukraine. Les valeurs européennes sont devenues le fondement de notre développement».

Deuxièmement, les «11» offrent une palette très diversifiée de modèles économiques. Ils diffèrent considérablement en termes de niveau de développement, de libéralisation de leurs marchés intérieurs, du rôle de l’État dans l’économie et de la part du secteur privé dans le PIB. Par exemple, les économies du Bélarus et du Kazakhstan ou celles de la Moldavie et du Turkménistan sont actuellement totalement différentes et orientées vers des secteurs de «développement» incompatibles. Par conséquent, il n’existe aucune base solide pour une intégration économique réelle entre les membres de la CEI.

La corruption généralisée concourt à la stagnation du développement à long terme. Les statistiques sur l’économie mondiale font la distinction entre les économies transparentes et les économies non transparentes, et l’importance des lois et de la transparence dans le développement économique des États n’est mise en doute par aucun économiste sérieux. Or les économies de la CEI demeurent à ce jour parmi les moins transparentes à l’échelle planétaire. La Russie, l’Ukraine, les pays d’Asie centrale et l’Azerbaïdjan apparaissent constamment sur les listes noires du Fonds monétaire international et de la CIA quant au blanchiment d’argent. Dans son index sur le niveau de corruption, l’organisme Transparency International place les États de la CEI tout au bas de la liste.

Les membres de la CEI, pour les milieux financiers et politiques de New York, Londres, Paris ou Francfort, demeurent toujours fondamentalement, selon l’adage populaire russe, des pays de «lois non lues et règles non écrites». Cela ne signifie pas que les lois sont absentes. Par exemple, les textes et les codes législatifs remplissent au moins quatre rayons de la plus imposante librairie de Moscou sur la rue Kalinine. N’importe qui peut les consulter. On note néanmoins, sur le terrain, que les règles du droit ont été marginalisées par tout un système de pratiques économiques et sociales qui se sont cristallisées pendant les années post-soviétiques. Dans le secteur corporatif, on systématise l’évasion fiscale. Des réseaux financiers sophistiqués voient le jour quotidiennement, surtout dans les compagnies qui ont été délocalisées avec pour objectif d’évacuer de faramineux profits hors de la CEI et éviter les embarras du fisc, fortement tatillon et hautement incompétent. Les lois non lues sont nécessaires pour naviguer dans les méandres des contraintes formelles et informelles, ainsi que pour manipuler les bureaucrates – ces êtres qui, en Russie, se prennent toujours, du plus petit au plus puissant, pour de véritables «jupitériens», selon l’expression de Dostoïevski. Le respect formel de la loi n’a jamais été la caractéristique principale des anciens États soviétiques. Ce sont les règles non écrites qui dominent et il y a peu d’espoir que le groupe d’élites qui prendra le pouvoir dans 10 ou 20 ans soit suffisamment différent – et dégoûté par la corruption – pour qu’il renforce significativement la primauté du droit.

Des liens économiques en phase de réorganisation sont un troisième facteur de dissolution de la CEI. Les échanges commerciaux entre la Russie et les autres membres de la Communauté ont diminué constamment depuis l’éclatement de l’Union soviétique. Une tendance semblable s’observe dans le reste du commerce intra-CEI. Pendant ce temps, les pays de la Communauté accroissent leurs liens commerciaux avec d’autres États limitrophes et les régions plus éloignées. Par exemple, l’UE accapare maintenant plus de 50 pour cent du commerce extérieur du Bélarus et de l’Ukraine; et 30 pour cent des exportations de la Géorgie sont acheminées vers la Turquie, son voisin au sud-ouest. En Asie centrale, le volume de biens et services importés de la Chine et de l’Inde est en voie de dépasser celui de la Russie.

Le Kremlin, et Poutine surtout, prétendent que l’ex-État communiste, le premier et deuxième plus grand producteur de gaz et de pétrole respectivement, est indispensable au G8 et à l’Union européenne en tant que fournisseur de matières premières. Depuis le premier mandat présidentiel de Poutine, Moscou, en effet, utilise ces richesses pétrolières et gazières pour mettre la Russie sur une trajectoire de puissance «impériale». La vérité, cependant, est que l’extraction de pétrole russe est stagnante, les investissements dans le secteur énergétique sont en déclin et le joueur dominant de cette industrie, le conglomérat étatisé Gazprom, est de plus en plus inefficace et souffre grandement d’un manque de transparence.

Néanmoins, le Kremlin poursuit son objectif de faire de Gazprom une «superpuissance énergétique», selon l’expression du Premier ministre Poutine. Dans le secteur gazier, les prévisions sont plus encourageantes que dans celui du pétrole. Le ministère de l’Économie russe a récemment annoncé que la production de gaz devrait atteindre 671 milliards de mètres cubes en 2011, soit 3,4 pour cent de plus qu’en 2010 et 1 pour cent de plus qu’en 2008, année durant laquelle un record historique fut atteint. Grâce aux performances impressionnantes des producteurs de gaz privés, la production totale devrait progresser de façon régulière et s’élever à 741 milliards de mètres cubes en 2014.

Cependant, l’arrivée du gaz de schiste sur les marchés mondiaux met Gazprom sur la défensive et pourrait sérieusement déstabiliser les plans du Kremlin, surtout en Europe, son principal importateur. La Lituanie, un ex-satellite de l’URSS et grand consommateur de gaz russe, annonçait en mai 2011 son intention d’importer du gaz naturel liquéfié américain dont le prix est moins élevé que celui du gaz russe. La Pologne et l’Ukraine, dont les sous-sols contiennent apparemment des réserves géantes de gaz de schistes, envisagent déjà, à long terme, de rompre leur dépendance énergétique envers la Russie. Le département américain de l’Énergie fit paraitre une étude en juillet 2011 qui prévoit une quadruple augmentation de la production de gaz d’ici 2040. L’étude ne manque pas de souligner que l’exploitation du gaz de schiste va «affaiblir l’arme énergétique russe» et par conséquent l’influence politique de Moscou en Europe et dans les pays de la CEI. Gazprom, le numéro un mondial, va assurément prendre un coup dans l’aile, d’autant plus que sa production, depuis des années maintenant, végète autour de 520 milliards de mètres cubes par an.

L’onde de choc d’une désagrégation de la CEI se ferait sentir plus particulièrement en Asie centrale. Enclavés, comptant actuellement environ 61 millions d’habitants, les pays d’Asie centrale ont une importance stratégique considérable pour les grandes puissances et pour les pays voisins. Mais ce sont les États-Unis, la Russie et la Chine qui deviennent de plus en plus attentifs aux développements qui ont cours dans cette région. Ce qui s’y passe est important pour les États-Unis pour trois raisons principales. D’abord, les pays d’Asie centrale ont des voisins qui représentent un danger évident – au premier chef, l’Afghanistan. Deuxièmement, les États-Unis ont des troupes militaires au Kirghizstan – un peu plus de mille soldats et techniciens – dont la tâche principale consiste à appuyer et à renforcer les manœuvres américaines en Afghanistan et à soutenir le régime kirghize. Troisièmement, la localisation géographique de l’Asie centrale est d’une grande importance en raison de sa proximité avec la Russie et la Chine, ainsi que de l’histoire qu’elle partage avec ces deux pays. Si ces deux puissances manifestent un intérêt pour un pays de la région, les États-Unis doivent emboîter le pas.

Moscou craint également de voir s’enflammer l’Asie centrale, qui est aux prises avec une pauvreté endémique, des régimes sur la défensive depuis quelques années et des mouvements islamistes ayant pour objectif de prendre le pouvoir pour y jeter les fondations de régimes fondamentalistes. Le Kremlin y déploie pleinement tous les instruments de son influence, pour la plupart hérités de l’URSS. Ces instruments sont multiples: fourniture d’armes, diaspora russe, coopération militaire, accueil des oppositions en exil et des présidents déchus. Mais les principaux sont l’orientation sud-nord des oléoducs et gazoducs – qui a coupé, dès 1991, les pays de la CEI exportateurs d’hydrocarbures (Azerbaïdjan, Ouzbékistan, Turkménistan et Kazakhstan) de l’accès direct à leurs marchés d’exportation – le poids de la dette énergétique de ces pays envers la Russie, et, bien entendu, les holdings semi-publiques Gazprom et Transneft, dont le monopole, respectivement dans le transport du gaz et du pétrole, en fait des armes redoutables et redoutées.

Pékin est avant tout préoccupée par le maintien de la stabilité, l’ordre public et le renforcement des contrôles frontaliers. Les autorités chinoises redoutent en fait les conséquences de la chute des gérontocrates centro-asiatiques. Elle a pu compter jusqu’à présent sur l’aide du pouvoir kirghiz et kazakh pour étouffer les revendications séparatistes de la communauté ouïghoure du Xinjiang, une province chinoise voisine du Kirghizstan. C’est dans cette province lointaine que Pékin mène sa lutte contre le terrorisme et tient dans son œil de mire 11 millions de musulmans ouïghours. Les autorités chinoises affirment que, depuis 1990, au moins 200 attaques terroristes ont eu lieu dans cette région montagneuse.

Dans son discours sur l’«État de la nation», le 25 avril 2005, le président russe Vladimir Poutine a «surpris» les dirigeants et les observateurs occidentaux en déclarant que l’effondrement de l’Union soviétique fut «la plus grande catastrophe géopolitique du 20e siècle». En Occident, la déclaration de Poutine a rapidement suscité un débat sur la gravité de la mort de l’URSS comparée à d’autres catastrophes géopolitiques dans l’histoire mondiale.

N’en déplaise au Premier ministre russe, la CEI connaitra probablement le même destin que l’Union soviétique. Au cours des cinq ou 10 prochaines années, pour des raisons politiques ou physiologiques, les États gérontocratiques (Nazarbaïev, Karimov, Loukachenko) de la CEI entreront dans des zones de turbulence: une multitude de problèmes sociaux, économiques et politiques attendent encore des solutions durables. De son côté, la Russie se verra confinée dans le rôle de pourvoyeur de matières premières, peu créateur d’emplois, pour les véritables puissances industrielles du monde présent et celles de l’avenir. Ses ressources énergétiques constituent son principal moyen d’influence, non négligeable faut-il insister. Mais cela ne suffit pas pour un pays qui cherche à devenir un joueur global et rivaliser avec l’Europe, les États-Unis, la Chine, le Brésil et l’Inde. Une seconde «grande catastrophe géopolitique» est en préparation sur le continent eurasiatique.

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Richard Rousseau est professeur associé et directeur du Département de science politique et de relations internationales à l’Université Khazar à Bakou, Azerbaïdjan. Il enseigne la géopolitique de l’Eurasie et l’économie politique internationale, ainsi que la mondialisation.

(Photographie: La Presse Canadienne / Dmitry Lovetsky / AP)
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