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L’obsession de la stabilité en Chine

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L’obsession de la stabilité en Chine

Le budget militaire officiel de la Chine progressera de 12,7% en 2011 pour atteindre 601,1 milliards de yuans. C’est une hausse très importante, et qui retrouve les deux chiffres après une croissance plus modeste de 7,5% en 2010. Elle traduit les ambitions de plus en plus importantes de la Chine sur la scène internationale. C’est également une hausse qui contraste avec les baisses constatées dans la plupart des grandes puissances, qui ont d’autres priorités, et sont encore handicapés par les effets de la crise économique internationale. En d’autres termes, la Chine est le seul pays qui peut se permettre d’augmenter de manière aussi sensible ses dépenses consacrées à la défense. A cet effort qui en fait déjà le deuxième budget de défense de la planète, (loin) derrière les Etats-Unis, s’ajoutent des dépenses « hors-budget », si bien que pour la grande majorité des experts occidentaux, la Chine dépenserait au moins 50% plus que ce budget officiel.

La Chine prévoit dans le même temps de consacrer 624,4 milliards de yuans à la police, à l’appareil de sécurité, aux organisations civiles armées, aux tribunaux et aux prisons en 2011. Cette somme représente une hausse de 13,8% en un an. Ce budget est donc, pour la première fois, officiellement supérieur à celui de la défense. Cette hausse traduit une véritable obsession de la stabilité dans un pays en proie à des revendications sociales de plus en plus fréquentes, et à des mouvements en faveur de la démocratisation qui continuent d’animer les principales grandes villes, malgré un effrayant travail des autorités en vue de les éliminer. La révolution du jasmin à la chinoise est un exercice rendu d’autant plus difficile pour les manifestants qu’ils ont face à eux un pouvoir bien organisé, et qui n’est en rien comparable aux dictatures décadentes et incapables du Moyen-Orient. Les dirigeants chinois ont immédiatement senti le danger, et les mesures sont d’une rare efficacité, et se font surtout avec une grande discrétion (notamment en interdisant aux journalistes occidentaux l’accès à de nombreux sites) afin que le mouvement ne prenne pas d’ampleur. « Il est utile de noter qu’ici ou depuis l’étranger, certains individus nourrissant des arrière-pensées essaient de déclencher ce chaos en Chine, se servant d’internet pour fomenter des rassemblements illégaux », a même noté le Beijing Daily, faisant directement référence aux moyens utilisés par les manifestants pour communiquer entre eux.

En ouverture de l’Assemblée annuelle du Congrès national du peuple, le Premier ministre, Wen Jiabao, a de son côté insisté sur la stabilité sociale. Une référence là encore à peine masquée au mouvement démocratique, dénoncé comme risquant de mettre en péril la stabilité sociale du pays, tandis que le chaos est présenté comme le pire des fléaux. En marge de cette assemblée, pas moins de 739.000 policiers et agents de sécurité ont été mobilisés à Pékin, et des habitants ont été recrutés pour former des patrouilles de quartier, d’après le China News Service. Un effort pharaonique qui témoigne des efforts des autorités pour mettre en avant cette stabilité, et ne surtout pas donner la moindre image d’une assemblée se déroulant dans un contexte de revendications politiques, ou même sociales. Certes, les priorités de cette assemblée vont aux réformes permettant d’améliorer les conditions de vie en Chine, en accélérant notamment les augmentations des revenus, c’est bien la stabilité qui semble, plus que jamais, au cœur des dispositifs des autorités. L’Assemblée a également décidé de se pencher sur les problèmes de corruption, qui sont souvent à l’origine de révoltes, en particulier dans les campagnes. Stabilité face aux problèmes immédiats, mais également la construction d’une stabilité sociale à plus longue échéance.

Les opinions exprimées dans ce blogue sont strictement personnelles et ne reflètent pas nécessairement celles de Global Brief ou de l’École des affaires publiques et internationales de Glendon.

The opinions expressed in this blog are personal and do not necessarily reflect the views of Global Brief or the Glendon School of Public and International Affairs.

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