Le Président Obama
Le Président Obama n’est pas aussi bon que ce que les journalistes suggèrent en ce moment, et il n’est pas aussi mauvais que ce que l’on voulait nous faire croire suite aux élections de mi-mandat en novembre. Ces analyses au jour le jour ne servent à rien. La performance ne s’évalue vraiment que sur le long terme. Ceci étant dit, je ne comprends pas pourquoi il est maintenant à propos de parler du retour du Président. Les journalistes parlent de victoires législatives, mais j’ai bien de la difficulté à comprendre en quoi consistent exactement ces victoires.
Le prolongation des réductions d’impôts : le Président semble être félicité pour avoir négocié et trouvé un compromis avec les Républicains sur cette question. Je ne vois pas du tout en quoi cet arrangement fiscal est bon pour le Président. C’est une mauvaise politique que les Américains ne peuvent pas se permettre ; ils n’en ont pas les moyens. Le Président a tout simplement cédé, capitulé, devant les Républicains. C’est vrai que transformer une défaite en victoire, c’est un bel exploit. Sauf que, réduire les impôts, c’est une politique républicaine et non démocrate. Comment la prolongation de ces réductions, une politique de Bush Jr., font-elles progresser l’agenda du Président ? Ce dernier s’est acheté la paix, ce qui n’est peut-être pas mauvais. Ceci étant dit, c’est une exagération de parler de victoire.
Ratification du nouveau traité START : la négociation et ratification de ce traité est présenté comme un grand pas vers l’avant pour la politique étrangère américaine. Cela est probablement juste. Affirmer que le Président a su imposer sa volonté au Congrès, cela m’apparaît, au mieux, comme une demi-vérité. George Bush père, Colin Powell, James A. Baker, et George Shultz ont tous affirmé publiquement qu’ils supportaient ce traité. La pression était forte sur les sénateurs républicains. Cette pression provenait des canons républicains. Force est d’admettre que la Maison Blanche a dû travailler fort pour mettre de l’avant une constellation d’acteurs influents supportant le nouveau START. En ce sens, ils ont adopté la bonne stratégie. Ce n’est, toutefois, pas le poids du Président qui a fait la différence au Sénat.
La politique sur l’homosexualité dans l’armée américaine : l’élection d’Obama avait soulevé de grands espoirs chez les progressistes américains. Les résultats sont, ici, mitigés. L’élimination du ‘don’t ask don’t tell’ est certainement un pas dans la bonne direction. Le changement de cap était attendu depuis longtemps. Pourquoi le Président a-t-il justement attendu plus de deux ans pour amener ce dossier à terme ? Mieux vaut tard que jamais, n’empêche… Il a fallu attendre la toute fin du cent onzième Congrès pour en voir l’adoption. Le Président n’avait plus le choix, s’il attendait le nouveau Congrès, celui qui siègera dès le 3 janvier prochain, c’est certain qu’il n’aurait jamais pu faire adopter cette politique. Un semblant de victoire, par la force des choses…
Les Républicains sont confus. Leur message est sans queue ni tête. Ils n’ont rien à proposer, et ils veulent tout bloquer. Comment s’en prendre à la dette et au déficit américain dans ce contexte demeure, pour moi, un mystère. Le Président Obama sera peut-être capable de tirer avantage des contradictions internes et des divisions chez les Républicains. Cette tâche ne sera pas facile. Le nouveau Congrès lui sera particulièrement hostile. Le Président est un peu plus populaire qu’il ne l’était il y a à peine un mois, mais plusieurs Démocrates demeurent sceptiques. Si nous voulons être généreux, le Président en décembre a jugulé l’hémorragie, sans plus.
Il est évidemment bien trop tôt pour faire une prévision par rapport à la présidentielle de 2012. La popularité du Président pourrait s’effondrer de nouveau, tout comme elle pourrait faire une remontée spectaculaire. L’année 2010 a tout de même été difficile pour le Président. La reprise économique est lente ; la situation s’améliore bien difficilement en Afghanistan, là où il mène sa guerre ; la marée de pétrole, gracieuseté de BP, dans le Golfe du Mexique a testé son leadership ; les défaites électorales, dont celle lors des élections de mi-mandat, ont fait mal, etc. À travers tout ceci, quelques victoires importantes, dont l’adoption par le Congrès de réformes importantes dans le secteur de la santé et des finances. Comme quoi tout n’est pas noir, tout n’est pas blanc. Je le répète, le Président n’est pas aussi bon, ou aussi mauvais, que ne le suggère l’actualité au quotidien.
Joyeux Noël ! Bonne année ! Santé, bonheur et argent !
Caveat lector : Les opinions exprimées dans ce blogue sont strictement personnelles et ne reflètent pas nécessairement celles de Global Brief ou de l’École des affaires publiques et internationales de Glendon.
Well, Prof, do you think that the continuos change of date for retreating American Armed forces from Afghanistan has anything to do with the re-election of president Obama in 2012?
En premier lieu, l’économie. Les élections aux USA comme ailleurs se jouent surtout autour d’enjeux domestiques. Voir la crise économique pour Bush père, et les Républicains en 2008! Ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’autres dossiers, sauf que les gens votent, avant tout, sur des questions qui les touchent directement au jour le jour.