«2020: La ressource clé sera…
Amine Jaoui
…encore et toujours le pétrole. Selon les projections de l’Agence internationale de l’energie, le pétrole restera, à cette date, la principale composante de la consommation mondiale d’énergie malgré la progression d’autres sources comme le nucléaire ou le charbon.
Le poids stratégique du pétrole résidera notamment dans trois éléments assez distincts. Le premier, évident et parfois négligé, est qu’il sera toujours essentiel aux forces militaires qui ne l’auront pas remplacé pour assurer leur mobilité. Ensuite, le pétrole domine les décisions stratégiques de la Chine, puissance ascendante. L’expansion prévue de la marine chinoise et le développement d’une approche dite du «collier de perles» pour assurer le contrôle chinois sur des ports asiatiques stratégiques servent notamment à contrôler l’approvisionnement en pétrole. Cela causera des frictions très probables avec la domination maritime américaine. Enfin, les revenus du pétrole renforceront la puissance financière des pays exportateurs: les pays du Golfe, la Russie ou bien la Norvège. Un chiffre suffit: la société de consultants McKinsey & Co. projette que les avoirs étrangers des pays exportateurs atteindront 9 000 milliards de dollars américains en 2013. À ce rythme, ce sera une force financière de 20 000 milliards en 2020, investie globalement. Difficile à ignorer…»
» Amine Jaoui est conseiller en stratégie économique et politique auprès d’un gouvernement du Moyen-Orient.
Greg Fyffe
…l’eau – sa qualité, sa distribution à l’échelle globale, et tout cela dans le contexte des grandes tendances de précipitation à travers le monde. (Peut-ȇtre l’uranium aussi, en passant)»
» Greg Fyffe est professeur adjoint à l’Université d’Ottawa où il enseigne le renseignement et la sécurité. Il dirigeait le Bureau de l’évaluation internationale au Bureau du Conseil privé (Ottawa) entre 2000 et 2008.
…l’eau. Et cela parce que la population du monde aura encore augmentée, poursuivant son urbanisation. Déjà source de conflit aujourd’hui, l’eau douce sera de plus en plus rare et chère. Inégalement distribuée à la surface de la planète, l’eau risque de manquer notamment en Asie et en Afrique. Il faut espérer que les hommes sauront à la fois avoir la volonté de diminuer les gaspillages – notamment dans l’irrigation – et d’inventer de nouvelles techniques pour la rendre plus accessible, notamment dans les quartiers sous-intégrés des plus grandes agglomérations du monde.»
» Pierre Verluise est docteur en géopolitique de l’Université Paris-Sorbonne et fondateur et directeur du site géopolitique www.diploweb.com.
André Beaulieu
…toujours la nourriture. Il y aura des pénuries régionales importantes et prolongées qui seront causées par les mêmes facteurs qui ont perturbé la production et la distribution de nourriture depuis le début de l’ère moderne: des politiques nationales ignorantes et meurtrières (Irlande durant la Grande Famine, Chine du Grand pas en avant, Corée du Nord, Zimbabwe), les guerres et la désintégration des États (Éthiopie, Congo, Soudan), ainsi que les grands déséquilibres internationaux (subventions agricoles des pays de l’OCDE, hausses soudaines des prix de l’énergie et des autres intrants agricoles). Il est probable que la dégradation d’un tiers des terres arables du monde, les changements climatiques, la pression sur les ressources hydrauliques et la croissance de la population aggraveront la situation. Il y aura cependant un aspect tragique à ces famines qui causeront des millions de morts. Elles sont entièrement évitables. En 2020, et bien au-delà, la capacité globale de production alimentaire excédera les besoins de l’humanité par une solide marge.»
» André Beaulieu est Vice-président Création de valeur et achats chez Bell Canada et un membre du projet de Stratégie de positionnement mondial pour le Canada du Conseil international du Canada.
…l’eau douce. Menacée par la croissance démographique, économique et le changement climatique, l’eau douce est pourtant essentielle à la vie; elle doit donc être conservée et partagée. Les pays sont inégaux face à cette richesse. Certains ne disposent pas de réserve suffisante pour permettre un niveau de développement humain et social adéquat. La communauté internationale devra continuer à débattre les enjeux de l’«or bleu» tout en tenant compte de la situation des pays arides et semi-arides, ainsi que de l’approvisionnement durable des générations futures.»
» Marie Lavoie est professeur agrégé à l’École des affaires publiques et internationales de Glendon, ainsi que membre de la rédaction de Global Brief.
Will Paterson
…l’eau. Pendant que notre appétit pour les commodités modernes et la population mondiale augmentent de façon exponentielle, la quantité d’eau douce nécessaire pour rendre la vie possible s’amplifie à un taux alarmant. Les leaders mondiaux doivent préparer immédiatement un plan de conservation et une convention internationale credibles et réalistes».
» Will Paterson est juriste associé au Tribunal pénal international pour le Rwanda (Arusha, Tanzanie). Il écrit à titre personnel.