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Le melon d’eau

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Le melon d’eau

C’est l’été, un bel après-midi ensoleillé, la première bouchée de melon d’eau est exquise. Le melon d’eau, par définition, est juteux, croquant, et un peu sucré. Surtout, c’est un fruit incroyablement rafraichissant. Pourtant…

Le melon d’eau a changé. Je vous invite à lire l’article suivant publié plus tôt cette semaine dans le NY Times, http://www.nytimes.com/2010/08/18/dining/18melons.html?hpw. Pas besoin de venir de l’Arkansas pour savoir que le melon d’eau n’est plus comme avant. Le melon d’eau, c’est certain, ne goûte plus tout à fait comme celui de mon enfance. Les noyaux dans le melon d’eau me manquent. Quasi-impossible de trouver de nos jours un melon d’eau avec des noyaux à Toronto. La couleur du fruit est souvent plus pâle. Il a moins de jus. Il est même parfois un peu sec. Il manque de saveur, de personnalité. Le tout petit melon d’eau, qui nous parvient surtout du Mexique, est particulièrement horrible! Je suis un adulte. Le melon d’eau a peut-être perdu un peu de son lustre. Ce n’est probablement plus la même sorte de melon d’eau que celle je mangeais lorsque j’étais petit. Le melon d’eau est fragile, ce qui, évidemment, pose problème pour le transport.

Je suis né à Rouyn-Noranda, en Abitibi-Témiscamingue, dans le nord du Québec. Prenez la peine d’imaginer le voyage du melon d’eau pour se rendre jusque là! Le fruit local, le bleuet. Je ne me lancerai pas dans une guerre de bleuets, mais ceux de l’Abitibi sont bon en ‘bibitte’. Les gens de l’Abitibi n’y ont droit que quelques semaines par année, en août. Des bleuets dans de la crème, ou même du lait, des puddings au bleuets, etc. Les bleuets que je retrouve dans mon supermarché viennent de l’Argentine, du Chili, de la Californie, ou si je suis chanceux de la Colombie-Britannique. Je peux acheter des bleuets pour célébrer le nouvel an. Incroyable!

L’agriculture, et donc de fait, notre alimentation a évolué. Nous devons produire toujours plus pour accommoder une population qui ne cesse de croître. Les habitudes alimentaires ne sont plus les mêmes que par le passé. Les goûts changent. Pour le meilleur, ou pour le pire… Je ne suis pas un puriste. Je ne cherche pas un retour à la terre. Je n’affirme pas qu’il nous faille manger que de la bouffe biologique produite localement. Je n’ai rien contre les OGMs. La science produit souvent des choses intéressantes. J’aime la variété et la découverte de nouveaux aliments. J’aime expérimenter avec tout ce qu’offre mon épicerie. Je comprends, toutefois, qu’il y a un coût, un compromis, à cette diversité alimentaire.

Je vais vous dire un secret. Je suis prêt à avoir un peu de moins de variété à mon épicerie pour avoir un produit de qualité supérieure. Je suppose qu’ultimement c’est le marché qui décide. Le consommateur a dû, pour une raison qui m’est inconnue, se tanner des noyaux dans le melon d’eau. Quelqu’un, quelque part, célèbre la St-Sylvestre avec une tarte aux bleuets. L’offre et la demande peuvent, il me semble, de nouveau bifurquer.

Je ne suis pas nécessairement en faveur d’un support gouvernemental pour l’agriculture locale. En bout de ligne, cette aide se transforme quasi-toujours en protectionnisme. Les quotas laitiers au Canada en sont un bon exemple. Le cycle de Doha de l’OMC avait comme objectif de libéraliser, d’ouvrir les marchés au niveau de l’agriculture. Ce n’est plus autant le Sud qui bloque, ce sont les États développés qui veulent continuer à subventionner l’agriculture nationale à coups de milliards. Il y a, après tout, toujours des votes à obtenir en région rurale. Le consommateur, par l’entremise de prix plus élevés (et par ses impôts), finit par payer ces subventions.

Ma position est partiellement contradictoire. Je suis nostalgique, comme bien d’autres, d’une époque révolue en agriculture, des produits de mon enfance. Je suis en même temps généralement en faveur de marchés plus ouverts et d’innovation en agriculture. Ces positions, j’en conviens, sont difficilement réconciliables. D’un côté l’émotion, de l’autre la raison, le compromis se trouve certainement quelque part entre les deux.

ps. N’oubliez pas l’élection australienne, le 21 août.

pps. Veuillez prendre note qu’à partir d’aujourd’hui, je n’écrirai qu’une seule fois semaine, généralement le jeudi. J’espère que la réflexion sera un peu plus mûre, que le lectorat toujours plus fidèle et nombreux de par la régularité de l’offre. À jeudi prochain!

Caveat lector : Les opinions exprimées dans ce blogue sont strictement personnelles et ne reflètent pas nécessairement celles de Global Brief ou de l’École des affaires publiques et internationales de Glendon.

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