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L’examen oral

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L’examen oral

Des professeurs d’université excentriques? Voyons, donc? Pas sérieux! Bon d’accord, qui n’en a pas eu? Je me souviens d’un bon prof., il arrivait à l’heure au cours. Il se mettait alors à parler, trois heures, sans note, sans pause. Pas de pause café, pas de pause pour respirer. Stopper-le en pleine phrase pour lui poser une question, la réponse, le détour, prenait alors au moins une heure. J’étais fasciné, j’avais peur de manquer quelque chose d’important, j’avais peur de me perdre dans les méandres de sa pensée!

Enseigner à l’université, ça s’apprend par expérience. J’ai déjà pris un cours de pédagogie universitaire pendant que je complétais mon doctorat, mais je sais que ce n’est pas nécessairement la norme. Il est possible aussi de suivre des séminaires. Les universités, tout au moins celles au Canada, tentent de mettre des outils dans les mains des professeurs pour qu’ils deviennent de meilleurs enseignants. L’enseignement dans nos universités reste, cependant, trop souvent secondaire. L’important dans une université, c’est la recherche. Alors former des bons pédagogues, c’est bien, mais ce n’est pas vraiment prioritaire. L’étudiant, le client qui paye, en souffre. De temps en temps, il tombe sur un bon professeur, un bon enseignant, et il en profite. Pour le reste, il fait ce qu’on lui demande du mieux qu’il peut.

Apprendre comment enseigner à l’université, ça s’acquiert de cours en cours, d’année en année (ce qui ne veut pas dire qu’un jeune ne peut pas être bon professeur, s’il y met l’effort, s’il trouve la chose importante). J’ai enseigné en France ce semestre. J’ai trouvé l’expérience fort enrichissante. J’avais une classe de plus de quarante étudiants, dont la moitié venait de France, et l’autre moitié d’un peu partout à travers le monde. De bons débats, de bonnes discussions… Le directeur de l’établissement m’a clairement indiqué que la seule évaluation possible était l’examen oral. Je n’avais pas le droit de demander un travail de recherche, ou une recension. Rien, je ne pouvais évaluer les étudiants que lors de l’oral. J’étais un peu sceptique au départ. Comment évaluer l’ensemble des connaissances acquises dans un cours de vingt-quatre heures en une demi-heure d’examen oral? Ce n’est pas possible, bien entendu, sauf que… Le processus d’examination, je peux l’affirmer maintenant que c’est fini, m’a impressioné. Comme enseignant, il était tellement facile à l’oral d’identifier l’étudiant qui connaissait la matière, de celui qui inventait n’importe quoi. L’étudiant ne peut pas se cacher dans ce type d’exercice; il n’a pas de refuge. Soit il connaît la réponse, ou il ne la connaît pas. Il était facile de voir qui avait réfléchi à tel et tel sujet, et celui qui ne faisait que répéter ce qui avait été dit en salle de cours. Le plagiat, quel plagiat? Impossible de faire du plagiat, là droit comme un piquet devant le professeur. J’ai eu des réponses hyper-intelligentes, bien pensées, bien argumentées, bien structurées, bien présentées. Il était facile de démasquer les paresseux, dont la pensée était sans profondeur. Une ou deux questions bien placées, et hop! le truc est joué! L’examen oral fait ressortir des compétences importantes: l’expression orale, la capacité de réfléchir rapidement sous pression, avoir à défendre son point de vue, etc.

Je ne dis pas c’est parfait. Je pense qu’il est important de tester l’étudiant utilisant diverses méthodes d’évaluation, pour déterminer l’ensemble de ses connaissances et habiletés. Je ne ferais jamais au Canada une évaluation orale couvrant la matière de tout un cours. De plus, l’étudiant est sans recours. Il ne peut pas contester sa note. Il serait difficile pour l’étudiant de faire la démonstration qu’il a été traité injustement. L’étudiant est, donc, complètement à la merci du professeur. Cela donne à ce dernier un peu trop de pouvoir.

Mais… Pour un examen de mi-session, quel bon outil! Quel bonne façon de voir si l’étudiant a compris quelques concepts clefs. C’est une bonne préparation aussi pour le marché du travail. Une entrevue pour un job, c’est un peu comme un examen oral. Il faut penser sur ses pieds, il faut penser vite.

Avis à tous mes futurs étudiants, je vais réutiliser ce mode d’évaluation. Soyez prêt!

Caveat lector : Les opinions exprimées dans ce blogue sont strictement personnelles et ne reflètent pas nécessairement celles de Global Brief ou de l’École des affaires publiques et internationales de Glendon.

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