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Le Canada et la crise financière

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Le Canada et la crise financière

J’ai discuté à de nombreuses occasions sur ce blog de la crise financière. Plus souvent qu’autrement, ces commentaires s’appliquaient aux USA. Pour une conférence en juin, je suis en train d’écrire un ‘papier’ sur la crise financière au Canada.

Est-il nécessaire de le rappeler (Mr. Harper, Mr. Flaherty et le reste du gouvernement, lorsque ses membres ont droit de parole, nous le répètent assez souvent!), le Canada, en ce qui concerne la crise financière, s’en est bien sorti. Le Canada est l’un de quelques pays industrialisés, au même titre par exemple que l’Australie ou le Japon, qui n’a pas eu à adopter un plan de secours pour les banques. Ces dernières ont généralement passé la crise avec succès, malgré de légères pertes temporaires. Le Canada a, bien entendu, connu la crise du papier commercial. C’est dans ce dossier que la Caisse de dépôt et placement a connu des ratés. La crise a été résolue, avec quelques heurts, mais sans que ça dégénère et que ça infecte le reste du système financier. Comment expliquer la résilience du système financier canadien?

Pour répondre à cette question, plusieurs hypothèses sont possibles. Les banques canadiennes sont-elles mieux gérées? Prennent-elles moins de risques? C’est possible, mais ça ne me semble pas convaincant, tout au moins, ce n’est pas une explication suffisante. N’oublions pas qu’il y a un peu plus de dix ans les banques canadiennes voulaient se fusionner, elles voulaient êtres plus compétitives internationalement, elles voulaient être plus grosses et faire encore plus de profits. J’ai de la difficulté à croire que nos banquiers sont vraiment plus intelligents que les autres.

Deuxième hypothèse possible, les politiques publiques au Canada dans ce domaine sont meilleures qu’ailleurs. Les politiciens canadiens ont fait au cours des années les bons choix. Paul Krugman, dans le NY Times, l’a suggéré à quelques occasions. Il y a ici une part importante de vérité. La loi canadienne et les diverses réglementations encadrent bien les banques au pays. Ça ne veut pas dire qu’à l’occasion les banques ne font pas d’erreurs, qu’elles ne se trompent pas. Sauf que le politique n’a pas abdiqué au Canada devant les banques, comme cela fut peut-être le cas ailleurs, comme chez nos voisins du Sud.

Je préconise une hypothèse complémentaire à la dernière. Au-delà des choix de politiques publiques, le réseau de politique dans le domaine des marchés financiers au Canada fonctionne bien. Ce que j’entends par ceci c’est qu’il y a une bonne relation entre le gouvernement fédéral et les grands acteurs du monde de la finance. Je ne parle pas de collusion, ou de corruption, ou de relations malsaines (quoi que parfois certains l’affirment). Je pense, plutôt, qu’il y a de bonnes relations professionnelles, une bonne communication, de la confiance. À ce niveau, il faut féliciter le Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF), l’organisme de supervision et de réglementation, qui garde de bonnes relations avec les banques. La relation gouvernement-banque aux USA est conflictuelle. Cette même relation au Canada apparaît beaucoup plus constructive. Bien entendu, le marché est petit et le nombre d’acteur est limité, ce qui favorise l’élaboration de relations solides, à long terme. Il faut, tout de même, cultiver ces relations, ce que fait avec intelligence, il me semble, le BSIF. Vous pouvez trouver sur le site du BSIF une entrevue qu’a accordée Julie Dickson, la Surintendante, au Financial Times en décembre dernier (www.osfi-bsif.gc.ca). C’est assez impressionnant, merci… Dans ce contexte, il est possible de prévenir, plutôt que de guérir. Le réseau permet, donc, de filtrer les chocs externes. Les acteurs du réseau peuvent réagir de façon coordonnée et efficace. C’est ce réseau, qui à mes yeux, a fait la différence.

La supervision est tout aussi importante que la réglementation pour assurer le bon fonctionnement des marchés financiers. Je me répète, je me répète, je me répète.. Le Canada sert d’exemple pour étayer une telle observation.

Caveat lector : Les opinions exprimées dans ce blogue sont strictement personnelles et ne reflètent pas nécessairement celles de Global Brief ou de l’École des affaires publiques et internationales de Glendon.

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