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Un vote sanction, évidemment

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Un vote sanction, évidemment

Le résultat des élections régionales françaises n’a pas été une surprise. Depuis plusieurs semaines déjà, les principaux instituts de sondage prévoyaient un très faible taux de participation et une déroute de l’UMP. Sur ces deux points, les prévisions se sont vérifiées au-delà de toutes les indications. Moins d’un électeur sur deux s’est déplacé, pour ce qui constitue tout simplement le plus faible taux de participation à une élection régionale en France. Pour comparaison, il y a six ans, lors de la dernière élection régionale, le taux d’abstention était de moins de 38%. L’ancien record datait de l’élection de 1998, quand 45% des électeurs ne s’étaient pas délacés. Une progression très nette qui traduit le désintérêt que les électeurs ont manifesté pour cette campagne, considérée comme éloignée de leurs considérations quotidiennes.

Mais c’est surtout la déroute de l’UMP, le parti du président Nicolas Sarkozy, qui restera le principal enseignement du vote du 14 mars. Largement devancé au niveau national par le parti socialiste, malgré des sondages qui indiquaient encore récemment qu’il pourrait maintenir la course en tête face à la dispersion des voix de la gauche, l’UMP affiche un résultat nettement en-deçà de celui de 2004, pourtant à l’époque marqué par un réel désaveu. On attendait une défaite du parti au pouvoir, mais pas de telle ampleur. Et celle-ci est d’autant plus nette que l’équipe présidentielle espérait avec ce scrutin renforcer la place de l’UMP dans les régions, après la débâcle de 2004. Pour rappel, aux élections européennes de juin 2009, l’UMP s’était placée en tête avec 27,8%, contre 16,48% à la gauche. Un glissement qui s’est donc opéré de façon spectaculaire au cours des derniers mois, et qui coïncide avec la chute de la côte de la popularité du président de la République.

Alors la question qui était sur toutes les lèvres le soir du résultat était : s’agit-il d’un vote sanction contre Nicolas Sarkozy et le gouvernement ? La réponse est assez évidente, malgré les appels à la modération des cadres de l’UMP rappelant que l’élection se déroule en deux tours de scrutin. Le président de la République et son action sont directement visés par ce résultat.

A regarder la situation dans les différentes régions, nul doute que ce vote sanction va se confirmer dans une semaine, à l’occasion du deuxième tour. Sauf situations complexes avec la présence de triangulaires voire même de quadrangulaires ou la mobilisation d’abstentionnistes, on se dirige ainsi vers une victoire des socialistes encore plus nette qu’en 2004, quand seulement deux régions avaient échappé à la vague rose, l’Alsace et la Corse. La possibilité d’un grand chelem de la gauche reste entière, même si l’Alsace devrait selon toute probabilité rester à droite.

Il y aura donc sans aucun doute un avant et un après régionales, et les deux dernières années de la présidence de Nicolas Sarkozy ne ressembleront pas aux précédentes. Le principal intéressé a d’ailleurs lui-même anticipé la défaite en annonçant un ralentissement des réformes après 2011, comme pour mieux préparer la prochaine élection présidentielle, en 2012. Mais le succès de ses adversaires lui complique désormais la tâche, à tel point que la recomposition de l’UMP sera sans doute la priorité politique de Nicolas Sarkozy dans les deux prochaines années.

Les opinions exprimées dans ce blogue sont strictement personnelles et ne reflètent pas nécessairement celles de Global Brief ou de l’École des affaires publiques et internationales de Glendon.

The opinions expressed in this blog are personal and do not necessarily reflect the views of Global Brief or the Glendon School of Public and International Affairs.

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