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Prise 2

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Prise 2

En Australie, encore une fois…

Le gouvernement de Kevin Rudd propose une réforme majeure du système de soins de santé. Le gouvernement veut centraliser la santé; transférer l’autorité dans ce domaine des États au gouvernement central. Les conservateurs, dans l’opposition, ne s’y opposent pas complètement quoi qu’ils y voient plutôt une manœuvre électorale puisqu’il y aura des élections fédérales en Australie avant la fin de l’année.

Pas besoin d’être un génie pour voir que c’est un débat intéressant à suivre d’une perspective canadienne. De façon générale, l’Australie s’est centralisé au cours des dernières années, tandis que le Canada reste très décentralisé. La réforme de la santé proposée ne ferait qu’accentuer le mouvement.

Dans une fédération, il y a centralisation des pouvoirs lorsqu’il devient plus avantageux pour les acteurs régionaux de s’unir et de confronter ensemble un problème commun. La santé peut-elle maintenant au Canada entrer dans cette logique? Les dépenses en santé représentent entre 40% et 50% des budgets provinciaux et ne cessent de grimper. Les provinces veulent garder les hausses à l’intérieur du seuil de l’inflation, mais c’est bien difficile. Le système coûtera encore beaucoup plus cher avec le vieillissement de la population. Tout ça, c’est de l’argent que les provinces n’ont plus. Comment les provinces peuvent-elles prendre soin de leur infrastructure, favoriser l’éducation et promouvoir le développement économique régional avec le fardeau santé qui leur pèse sur les épaules? Si le gouvernement fédéral prenait la santé, les provinces auraient la liberté d’innover dans d’autres domaines. Le fédéral serait peut-être en meilleure position pour assurer la nature publique du système, pour assumer son financement. Bien entendu, les transferts fédéraux aux provinces diminueraient, mais il est difficile de croire que ces dernières y perdraient au change.

Non, non, non, ne me parlez pas de constitution! Le pouvoir fédéral de dépenser est inscrit dans la constitution. Et si l’Alberta ou le Québec ne veut vraiment pas, que la province se paie son propre système avec un certain dédommagement du fédéral.

La gauche réclame depuis longtemps un programme national de garderie, et un système national d’assurance médicaments. Elle ne va peut-être plus assez loin. Le débat au Canada reste ancré dans la fausse dichotomie public-privé. Ça ne nous mène nulle part. Les réformes sont ad hoc, mais jamais en substances. On dépense de plus en plus, mais on ne fait pas de progrès. Les provinces ont de la difficulté à gérer, encore plus en cette période de sortie de crise économique, et le système de santé se privatise toujours un petit peu plus à chaque année. Pourquoi ne pas envisager, débattre au moins, d’une vraie réforme structurelle?

Je sais, je sais, ce n’est pas demain la veille! Les conservateurs ne voudront pas; qui voudraient vraiment, de toute façon, que les conservateurs fédéraux gèrent la santé? Le Québec va crier trop fort, pas un politicien fédéral n’osera l’affronter. Oui, oui, oui, il nous faudrait une autre commission d’enquête, un Romanow 2. Les avantages et désavantages de la proposition ne sont peut-être pas si clairs que cela. Je comprends, je comprends…

Je pense, tout de même, que nous devrions suivre le débat australien avec attention. Il pourrait s’avérer être fort éducatif.

Caveat lector : Les opinions exprimées dans ce blogue sont strictement personnelles et ne reflètent pas nécessairement celles de Global Brief ou de l’École des affaires publiques et internationales de Glendon.

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