Désirer la paix
J’hésite toujours à aborder la question israélo-palestinienne. C’est tellement émotif! L’historique est tellement long; la situation bien compliquée. Comme commentateur, il est facile d’offusquer.
Pourtant, il y a une vérité toute simple, que trop souvent on n’ose pas énoncée. Les dirigeants, d’un côté comme de l’autre, ne veulent pas la paix. Pas besoin d’un doctorat pour comprendre cela, pas besoin non plus de grosses analyses géo-stratégiques. Israéliens et palestiniens moyens sont probablement bien fatigués de la guerre. Les extrémistes, cependant, finissent par contrôler l’agenda politique. Ces derniers ne veulent pas la paix, que ce soit pour des motifs politiques, économiques (qui s’enrichit dans ce conflit?), culturels-religieux, ou autre.
Je lisais une analyse dans le Wall Street Journal récemment qui comparait l’Irlande du Nord et le conflit israélo-palestinien. La comparaison m’apparaît boiteuse, mais bon… Il y a eu en Irlande du Nord une volonté de paix, le désir d’en finir avec la guerre une bonne fois pour toutes. Des esprits sains prirent le dessus en Irlande du Nord. L’extrémisme n’avait plus de place et a fini par reculer. Catholiques et protestants vinrent à négocier, à faire des compromis, à accepter la présence de l’un et de l’autre. Je ne sais pas ce qui a finalement provoqué cette révélation, c’est-à-dire la nécessité de la paix, mais elle a bel et bien eu lieu. Les leaders virent une occasion historique et ils en prirent avantage.
Le conflit israélo-palestinien se réglera lorsque les dirigeants des deux nations voudront la paix. Jusqu’à ce moment-là, rien n’avancera, malgré tout ce qui s’écrit, tout ce qui se dit. S’il y a une chose qui est claire suite à la visite du vice-président Joe Biden la semaine dernière en Israël, c’est que les dirigeants politiques israéliens ne veulent pas la paix avec leur voisin. S’ils la voulaient, ils n’auraient pas fait l’annonce de nouvelles colonies. Ils trouveraient le moyen de retourner, sans demande préalable, à la table des négociations. Les dirigeants palestiniens non plus ne veulent pas la paix. S’ils la voulaient, ils arrêteraient de provoquer et de répondre à toutes les provocations. Ils viendraient aussi à la table des négociations, sans demande préalable.
De toute façon, la solution ne viendra pas de l’extérieur. Les USA ou d’autres acteurs peuvent aider, mais ils ne peuvent pas négocier à la place des protagonistes. La solution ne peut pas être imposée. Elle doit venir de vrais pourparlers entres les deux peuples.
Les israéliens réalisent certainement qu’ils ne peuvent pas exterminer chaque palestinien jusqu’au dernier, qu’une telle proposition est énorme. À quelque part, les palestiniens comprennent qu’Israël, comme État, est là pour rester. L’alternative à la paix est simplement la guerre sans répit, sans merci, sans raison.
Bien entendu, il y a des enjeux difficiles, dont le statut de Jérusalem. Bien entendu, il y a les pressions externes, incluant celles des USA, qui ne sont pas toujours positives. Bien entendu, la douleur humaine ne s’efface pas du jour au lendemain. L’obtention de la paix n’est jamais facile. Elle demande beaucoup de détermination et de bonne volonté. Contre vents et marées, il est, cependant, possible de faire bifurquer l’histoire.
Que le vrai leadership se lève! Que les populations prennent leurs destinées en charge! Que la nécessité de la paix, ici comme cela s’est fait à plusieurs autres endroits dans le monde, incluant en Irlande du Nord, s’impose!
À mes risques et périls, je ne peux, en fin de compte, qu’offrir cette analyse un peu naïve de la situation.
Caveat lector : Les opinions exprimées dans ce blogue sont strictement personnelles et ne reflètent pas nécessairement celles de Global Brief ou de l’École des affaires publiques et internationales de Glendon.