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De la nature du régime nord-coréen

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De la nature du régime nord-coréen

La dernière rubrique « Banyan » de The Economist, consacrée à l’Asie, s’attarde sur la nature du régime nord-coréen. Une question déjà traitée et sur-traitée, pourrai-on penser à première vue, mais la publication de l’ouvrage de Brian R. Myers, The Cleanest Race: How North Korean See Themselves – And Why It Matters, pose de nouvelles questions sur les origines du régime le plus fermé du monde. Des questions utiles, mais des réponses qui semblent parfois un peu trop hâtives.

Myers remonte aux origines de la Corée du Nord, à l’occasion de la résistance contre le colonisateur japonais, pour tenter de comprendre quel est l’imaginaire de ce régime tenu d’une main de fer par le clan Kim, et qui est parvenu à traverser l’histoire de la deuxième moitié du XXème siècle sans jamais céder. Un moyen surtout pour lui de comprendre d’où vient le prestige exceptionnel dont bénéficie Kim Il-song, le père de la République démocratique populaire de Corée. L’auteur estime ainsi que le régime est parvenu à récupérer les mythes unificateurs développés pendant l’occupation japonaise pour renforcer un sentiment d’unité nationale aux accents racistes. Kim se serait ainsi substitué à la figure de Hiro Hito, et le nationalisme xénophobe de la Corée du Nord serait né des fondements de l’occupation japonaise. En d’autres termes, pour Myers, afin de comprendre le régime nord-coréen, il est préférable de chercher des comparaisons avec le Japon impérialiste, dont les références sont plus proches que l’URSS stalinienne (à laquelle Pyongyang est souvent comparée) ou que la Chine de Mao Zedong.

De tels arguments sont-ils suffisants pour comparer le Japon fasciste des années 30 et le régime nord-coréen ? A priori non. Et c’est là que la démonstration est discutable. La Corée du Nord est un régime autoritaire qu’on pourrait qualifier sans difficulté d’un autre âge, en référence aux autres pays du concert des nations. Mais de là à le comparer au Japon militariste des années 30, il y a une différence de taille. En fait, pourquoi ne pas reconnaître le caractère singulier de la Corée du Nord ? Survivre dans un environnement aussi hostile, sans le moindre soutien, et avec comme seul argument de défense une politique d’autosuffisance qui ne permet pourtant pas – c’est le moins qu’on puisse dire – d’assurer l’essentiel : voilà des caractéristiques qui n’étaient certainement pas celles du Japon de l’entre-deux guerres, fortement industrialisé, ni même d’aucun autre régime, fasciste, communiste, marxiste, ou de quelque autre nature. Comprendre le régime nord-coréen, c’est avant tout tenir compte d’un contexte historique, géographique et politique, voire même sociétal (et sur ce point les réflexions de Myers sont utiles) qui lui est propre.

A sa décharge, nous reconnaitrons que les arguments de Myers sont acceptables, au moins autant que ceux qui comparent de manière radicale le régime nord-coréen au régime stalinien, sans véritablement chercher à comprendre les spécificités de la Corée du Nord, si différentes de celles de l’Union soviétique il y a 80 ans ! En tout cas, on n’a pas fini d’écrire sur la Corée du Nord, tant ce pays est une énigme pour les observateurs des relations internationales.

Pour en savoir plus, lire la page Banyan de The Economist, 27 février 2010 ; et Brian R. Myers, The Cleanest Race: How North Korean See Themselves – And Why It Matters, New York, Melville House, 2010, 200 pages.

Les opinions exprimées dans ce blogue sont strictement personnelles et ne reflètent pas nécessairement celles de Global Brief ou de l’École des affaires publiques et internationales de Glendon.

The opinions expressed in this blog are personal and do not necessarily reflect the views of Global Brief or the Glendon School of Public and International Affairs.

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