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Plus blanc que blanc

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Plus blanc que blanc

J’ai reçu par courriel hier une carte antiblanchiment de la part d’un collègue (http://danieljmitchell.wordpress.com/2010/02/19/tax-havens-are-not-money-laundering-centers/). Il est important de noter avant de poursuivre que je suis allé sur le site de l’Institut sur la gouvernance de Bâle et que je n’ai pas pu trouver la référence exacte. L’article qui l’accompagne est signé par Dan Mitchell de l’Institut Cato (www.cato.org), organisation bien plantée à droite de l’échiquier politique. Mitchell utilise cette carte pour affirmer que les lois antiblanchiment ne fonctionnent pas, ce sur quoi il n’a pas complètement tort, quoi qu’il faille nuancer. Sur cette question, vous pouvez lire le livre de Reuter et Truman, ‘Chasing Dirty Money’, disponible en ligne (http://bookstore.piie.com/book-store/381.html). Par la suite, Mitchell affirme que les efforts américains et internationaux contre les juridictions offshores sont inutiles puisque ce n’est pas là que l’on blanchit de l’argent. Ici, aussi, il n’a pas complètement tort.

Sauf que…

Trois observations s’imposent. Ronen Palan dans ‘The Offshore World’ a clairement démontré que les paradis fiscaux sont bien intégrés à l’économie internationale. Plusieurs des grands scandales financiers des dernières années incluant, par exemple, Enron sont reliés à des pratiques qui touchent le offshore. Il est, donc, justifiable et nécessaire de bien penser à la place des paradis fiscaux dans l’économie internationale, surtout à une époque où l’on parle de réforme du système global. Il ne s’agit pas de s’acharner sur ces pays, qui offrent souvent des services essentiels au bon fonctionnement des marchés. Il s’agit de travailler avec ces États pour s’assurer que les services offerts soient légitimes du point de vue des pratiques commerciales. Ces pays dépendent aussi souvent de leur système financier pour croître économiquement; il faut les aider, lorsque possible, à diversifier leur économie.

Deuxièmement, l’évasion fiscale fait perdre des milliards aux États à chaque année. N’est-il pas temps que les gouvernements s’attaquent à la pratique? Les USA ont toujours hésité à le faire. S’attaquer au blanchiment d’argent c’est facile, puisque l’on vise ultimement les ‘vrais’ criminels. Lorsqu’on parle d’évasion fiscale, le filet est plus large. C’est plus politique, plus délicat. L’État n’a pas le droit de s’immiscer dans la vie privée des gens. Les gouvernements ont toujours fait une drôle de distinction entre blanchiment d’argent et évasion fiscale, distinction qui est peut-être en train de tomber. Après tout, l’évasion fiscale est un crime. Les mouvements de capitaux qui y sont reliés ressemblent étrangement à du blanchiment.

En dernier lieu, revenons à la carte. Bien entendu que les pays offshores n’y sont pas. La carte mélange blanchiment d’argent et financement du terrorisme. L’État le plus dangereux devient, donc, l’Iran. Je me demande ce à quoi ressemblerait la carte s’il n’y avait pas de mention du financement du terrorisme. Dépendant de ce que l’on regarde, de la façon dont on choisit de définir les choses, c’est aux USA que l’on blanchit le plus d’argent. C’est logique, c’est l’économie la plus importante de la planète. Les criminels veulent accéder à leurs fonds. L’argent a besoin d’être placé dans des institutions reconnues. Les grandes entreprises, comme les grands criminels, veulent êtres sur le marché américain.

C’est peut-être les USA que l’on devrait placer sur une liste noire de pays où circule librement l’argent sale!

Caveat lector : Les opinions exprimées dans ce blogue sont strictement personnelles et ne reflètent pas nécessairement celles de Global Brief ou de l’École des affaires publiques et internationales de Glendon.

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