Depuis l’arrivée au pouvoir de Barack Obama, les Etats-Unis se sont lancés dans une vaste redéfinition de leur politique en Asie du Nord-est, avec pour objectif principal de retrouver une place importante dans une région quelque peu délaissée par l’administration Bush. Au menu de la politique asiatique de la Maison-Blanche : efforts en direction des alliés de Washington dans la région (Japon, Corée du Sud et Taiwan), poursuite des négociations sur le dossier nucléaire nord-coréen, et dialogue renforcé avec la Chine. Ce troisième point, le plus important sans doute, s’explique par nécessité plus que par choix, l’administration Obama ayant compris que la coopération avec la Chine est nécessaire, voire indispensable, pour répondre à des défis aussi multiples et divers que la crise économique internationale, le réchauffement climatique, ou la gestion des ressources. Autant de priorités pour Washington. Plus fondamentalement, les Etats-Unis ne peuvent plus ignorer la Chine, et les engagements de la nouvelle administration répondent à cet impératif.

Comment dés lors analyser les trois tensions qui sont récemment réapparues entre les deux pays : affaire Google, vente d’armes à Taiwan, et annonce d’une rencontre entre Barack Obama et le Dalaï lama ? Ces trois dossiers, s’ils sont significatifs de la permanence des tensions entre les deux pays, n’est sont pas moins révélateurs de stratégies croisées. D’un côté, l’administration Obama, en proie à de multiples critiques aux Etats-Unis, voit dans la fermeté à l’égard de la Chine un élément fédérateur. De l’autre, Pékin se voit désormais en position de force, et analyse la politique chinoise de Barack Obama comme un aveu de déclin de la puissance américaine. Dans un tel contexte, l’intransigeance chinoise traduit l’arrogance d’un pays qui mesure les limites de ses compétiteurs et cherche à renforcer son influence en faisant preuve de fermeté, rompant ainsi avec l’humilité qui a longtemps caractérisé la politique étrangère de Pékin.

Pour ces différentes raisons, les tensions actuelles relèvent de la rhétorique, et ne signifient pas, à court terme, un changement profond dans la relation qu’entretiennent les deux pays, qui privilégient une approche pragmatique dans leur coopération. Mais sur le long terme, ces tensions témoignent de la difficulté à voir les Etats-Unis accepter la montée en puissance politique de la Chine, et de l’autre côté de l’arrogance de plus en plus nette de la Chine sur les dossiers de politique étrangère. Il y a donc quelque chose de prophétique, et pour autant peu en phase avec les enjeux actuels, dans cette tension sino-américaine.

Les opinions exprimées dans ce blogue sont strictement personnelles et ne reflètent pas nécessairement celles de Global Brief ou de l’École des affaires publiques et internationales de Glendon.

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