Les français
Je ne fais pas de blogue de voyage. Je ne fais pas non plus de blog sociologique. En d’autres mots, je promets de ne pas récidiver.
Je me permets, cependant, un petit détour. Les français sont extrêmement gentils. Ils ont, bien entendu, la réputation opposée; les Parisiens surtout. Ils sont supposément froids et bêtes. Je ne peux que faire l’observation contraire. Ma petite famille a louée une maison pour notre séjour; les propriétaires vivent à côté, ils sont très, très généreux de leur temps. Avant même notre arrivée, ils nous avaient dénichés une voiture et ils nous aidaient avec l’immatriculation et l’assurance. Ils sont venus nous chercher à l’aéroport. La fin de semaine dernière, ils nous ont invités à une petite rencontre sociale, histoire de nous présenter à leurs amis. Il y a une chaleur toute naturelle. Ma femme et moi avons déjà passé le temps des fêtes dans une famille française, il y a de cela quelques années – une expérience tout à fait inoubliable.
Ce qui me fascine, c’est la combinaison de la politesse avec la gentillesse. Les français avec qui j’ai fais affaire par le passé, ou maintenant à l’Université de Strasbourg, sont polis, sans tomber dans l’obséquieux. Je suis allé à l’université pour la première fois cette semaine. Beaucoup de ‘monsieur’, avec le sourire et la volonté de bien faire. Je ne parle évidemment pas des dédales administratifs, ça c’est une autre histoire. Je parle des gens, de leur bonne volonté. J’ai déjà eu des étudiants français, en échange, dans mes cours à Glendon. Ils étaient intéressés, posaient de bonnes questions et faisaient preuves d’humilité et de respect, sans exagérer la chose. J’ai fais une partie de ma recherche de doctorat à Paris. À une exception près (rien n’est parfait), j’étais toujours bien reçu dans les bureaux. On m’accordait le temps voulu ou même plus, on répondait à mes questions, on voulait se rendre utile.
Je généralise, j’en conviens. Sans vouloir faire de grande thèse, il y a des différences de culture. Le Canada anglais, d’origine britannique, à une certaine réserve, une retenue. Elle est difficile à briser. J’ai un ami français, qui vit maintenant à Toronto, qui aime justement dire que le problème avec les copains anglophones, c’est que tout doit toujours être organisé à l’avance, planifié avec minutie. Il n’y a plus de place pour le naturel. La politesse à l’extrême… Le Québec dans sa quête d’identité et de liberté s’est ouvert, en oubliant parfois les manières. Avec la volonté d’être copain-copain, de mettre tout le monde sur un pied d’égalité, les formalités de base sont oubliées. La gentillesse à l’extrême… Il ne s’agit pas de parler contre les Canadiens ou le Canada. Simplement, l’équilibre n’y est pas.
Les français, il me semble, ont trouvé cet équilibre. Il me reste un peu moins de six mois pour voir si je me suis trompé, ou pas…
Un dernier petit ajout, nous sommes blancs et nous parlons français. L’inconfort, ici en France, avec tout ce que nous appelons minorité visible au Canada est palpable. C’est quelque chose qui se retrouve dans presque chaque conversation. Je ne parle pas de racisme, je parle d’inconfort. Les Français et les minorités, c’est délicat.
Caveat lector : Les opinions exprimées dans ce blogue sont strictement personnelles et ne reflètent pas nécessairement celles de Global Brief ou de l’École des affaires publiques et internationales de Glendon.