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G20 : la Chine passe à l’attaque

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G20 : la Chine passe à l’attaque

La première rencontre des ministres des finances des pays du G20 de la présidence française, à Paris, fut l’occasion pour les médias français d’épier les moindres déclarations du président du FMI, Dominique Strauss-Kahn, pouvant indiquer son souhait de se présenter aux Primaires socialistes en vue de l’élection présidentielle de 2012. Mais le contenu de ce cette rencontre passa quasi inaperçu, comme s’il n’était que secondaire. Et pourtant, cette réunion fut particulièrement importante, son objectif étant de trouver un accord sur des critères d’évaluation des déséquilibres économiques entre les pays membres, qui représentent à eux seuls 85% de l’activité économique mondiale. C’est en effet à partir d’un accord sur ces critères que le G20 pourra engager ses travaux de réforme du système monétaire international.

Selon le communiqué final de la rencontre, les indicateurs de déséquilibres sont la dette et les déficits publics, le taux d’épargne et l’endettement privé, ainsi que « les déséquilibres extérieurs à partir de la balance commerciale, des flux nets de revenus d’investissement et des transferts, en tenant pleinement compte du taux de change et des politiques budgétaire, monétaire ou autre ». Mais la question des taux de change et des politiques monétaires fut l’objet d’une lutte entre les pays occidentaux et la Chine, cette dernière emmenant derrière elle les autres puissances émergentes. Timothy Geithner, secrétaire américain au Trésor, a d’ailleurs profité de la réunion pour réclamer de la part des pays émergents un ajustement des taux de change, cette doléance visant bien évidemment la Chine.

Christine Lagarde, ministre française de l’économie n’a pas caché que l’accord fut difficile à trouver, déclarant en conférence de presse que « les négociations ont été franches, parfois tendues, toujours très respectueuses et elles ont fait l’objet d’un compromis final dont on ne peut pas dire qu’il est attribuable à tel ou tel. Ça n’a pas été simple, il y avait évidemment des intérêts divergents. Mais nous avons réussi à faire converger les positions vers un texte qui nous paraît à la fois équilibré et exigeant dans sa mise en œuvre ». Exigeant en effet, mais qui tient compte des « exigences nationales et régionales ». Et c’est sur ce point que la Chine s’est montrée intransigeante, mettant en avant les difficultés des pays émergents à s’aligner sur les demandes des pays développés, et se faisant même le porte-parole des pays exportateurs de matières premières. L’accord ménage donc Pékin, et il fut décidé que les intérêts sur les réserves de change seront exclus du calcul. La réunion était sauvée, mais au prix d’une importante concession accordée à la Chine.

Au-delà des difficultés à trouver un accord, qui ne sont pas surprenantes, il convient de s’interroger sur l’attitude changeante de la Chine à l’occasion de ces grandes rencontres des pays les plus puissants de la planète. Désormais deuxième puissance économique mondiale, tout en continuant à se définir comme un pays émergent (malgré les réclamations exprimées par des représentations occidentaux au forum de Davos il y a quelques semaines de voir la Chine est désormais présentée comme une grande puissance), la Chine n’est pas si isolée qu’il y parait au G20, et peut compter sur le soutien des autres puissances émergentes. En position de force du fait de la reprise de sa croissance (qui n’a en fait pas été aussi affectée par la crise économique internationale que les autres puissances) et regonflée par son nouveau statut de deuxième puissance économique mondiale, Pékin n’entend plus désormais jouer les bons élèves au sein des institutions financières internationales, et pose ses conditions. On risque ainsi de voir la Chine jouer un rôle central dans les débats sur la réforme du système monétaire international, qui lui tient particulièrement à cœur, et sont au menu de la présidence française du G20.

Les opinions exprimées dans ce blogue sont strictement personnelles et ne reflètent pas nécessairement celles de Global Brief ou de l’École des affaires publiques et internationales de Glendon.

The opinions expressed in this blog are personal and do not necessarily reflect the views of Global Brief or the Glendon School of Public and International Affairs.

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