Et de trois…
Je me permets trois autres commentaires par rapport à la série Top Secret America du Washington Post, quelques dernières observations. Le Post affirme décrire l’existence d’une quatrième branche au gouvernement américain. Le sujet mérite qu’on s’y attarde.
1) La série du Post fait peu de cas des possibilités d’abus au niveau des droits de la personne, ou d’erreurs ayant traits à un individu en particulier. Le Post note cette possibilité, surtout dans sa discussion sur le rôle des agences privées, mais on offre peu de détails. Lorsque l’appareil en cause est si gros, si difficile à gérer, aussi peu imputable, la possibilité d’abus est réelle. Les journalistes connaissent peut-être des cas qu’ils ne veulent pas, qu’ils ne peuvent pas, dévoiler, pour une raison ou une autre. C’est un enjeu, malheureusement, presqu’entièrement ignoré par le Post. Il est trop facile d’accuser le gouvernement américain d’agir comme ‘Big Brother’, n’empêche l’ampleur du complexe en place ne peut qu’amener ce type de réflexion.
2) Les articles du Post ne nous disent pas tout. Les articles sont révélateurs, mais ça reste incomplet. Les journalistes ont travaillé sur ce projet pendant deux ans. Ils ont mené des centaines d’entrevues. La recherche est exhaustive. Les journalistes possèdent une mine d’information. Le Post ne pouvait pas tout mettre dans les articles. L’information présentée a été sélectionnée avec attention. D’un point de vue journalistique, certains détails sont évidemment plus intéressants que d’autres. Nous aurons probablement droit à de nouvelles révélations dans le documentaire à être diffusé à PBS, ou dans un livre à venir. Les notes des journalistes doivent êtres fascinantes.
3) Les articles sont édulcorés. Le Post a probablement envoyé ses articles avant publication aux acteurs clefs dans le monde du renseignement. Ces joueurs ont certainement eu leur mot à dire par rapport à ce qui pouvait être publié et ce qui se devait de rester secret. Les avocats du Post ont dû aussi passer les articles au peigne fin. Le domaine est trop sensible; le journal ne voulait certainement pas se mettre dans une position compromettante. Les journalistes doivent avoir en leur possession beaucoup d’informations pertinentes qu’ils n’ont pas pu, qu’ils n’ont pas eu le droit, de publier.
Les révélations de la semaine sont inquiétantes. Ce que l’on ne connaît pas, ce que l’on ne nous a pas dit, l’est encore plus!
Caveat lector : Les opinions exprimées dans ce blogue sont strictement personnelles et ne reflètent pas nécessairement celles de Global Brief ou de l’École des affaires publiques et internationales de Glendon.