Vivre à l’échelle de la planète!
Depuis quelque temps, surtout pour des raisons environnementales, il est de mise de vivre au niveau local. C’est particulièrement vrai dans le secteur de l’alimentation. Les locavores sont de plus en plus nombreux. Pour les locavores, il ne faut manger que ce qui est produit localement, à l’intérieur d’un rayon d’environ 100km. Plus de café, plus de sucre, plus d’alcool étranger! Je me souviens le printemps passé de cette émission du Food Network Canada, où plusieurs familles dans une ville de Colombie Britannique avaient accepté le défi. En fin de série, ils étaient en meilleure santé, ils avaient perdu du poids, ils avaient même appris à faire la popotte! Les locavores sont particulièrement présents aux USA, en Californie, mais ils sont présents ailleurs, au Canada et de plus en plus en Europe.
L’éruption du volcan Eyjafjöll et l’interruption sur une bonne partie de l’Europe du transport aérien démontrent clairement les limites du local. Il ne s’agit pas ici d’un fait divers, mais d’un phénomène naturel avec de graves conséquences. Ces conséquences dépassent le seul secteur de l’aviation, frappant l’économie européenne de plein fouet. Il y a aussi des conséquences sociales et humaines relatives à l’interruption du trafic aérien. Ces effets se font sentir, par exemple, jusque dans les pays du Sud qui ne peuvent pour l’instant exporter une partie de leur production vers le Nord, souvent des denrées périssables. Cela affecte les grandes firmes, mais aussi les employés locaux, petits producteurs et fermiers qui peuvent difficilement se permettre une interruption du commerce : exemple concret, l’industrie de de la rose au Kenya. Autre exemple frappant mentionné à la radio ce matin, la question des transferts d’organes. Si vous êtes en attente d’un transfert d’organe et que vous ne le recevez pas parce qu’il y a interdiction de vol, c’est avec votre vie que l’on joue. Le coût de l’urgence, alors, ne se compte pas seulement en dollars.
Je ne remets pas nécessairement en cause les décisions politiques et administratives qui ont été prises, quoi qu’il soit possible, qu’il sera éventuellement même nécessaire, d’avoir cette discussion. Certains analystes, d’ailleurs, sont de plus en plus critiques, ils sont très vocal. Ce que je retiens pour ma part, c’est qu’il est impossible de nos jours de ne vivre que localement. Nous vivons dans un monde globalisé et nous ne pouvons pas revenir en arrière. Parler de l’intimité du local, c’est poétique, mais ce n’est pas réaliste. Si je n’ai pas de bananes à mon supermarché pendant quelques jours, ce n’est pas la catastrophe. (Quoi qu’à bien y penser, mon petit gars de trois ans risque d’être plutôt mécontent!) Sauf que, le politique, l’économique, le social et même le culturel traversent de nos jours constamment les frontières. Le monde d’aujourd’hui, malgré ses nombreuses barrières, est fluide. Ce sont en fait les connections entre le global et le local qui comptent, qui créent justement l’interdépendance entre les pays et les peuples.
Le mouvement des locavores me frustre. La diversité alimentaire est l’une des richesses de notre planète. Goûter, découvrir de nouveaux aliments, c’est un plaisir pour le palais. C’est tout à fait sain! Cela permet même d’apprendre à connaître d’autres cultures, d’autres gens. Exemple niaiseux… Les pâtes alimentaires n’ont pas été inventées en Italie, mais elles y ont été importées initialement de Chine. C’est la fusion des cultures qu’il faut célébrer – ne pas se laisser prendre au jeu du culte du pauvre fermier local, de la disparition de la ferme familial, et d’un monde qui n’existe plus depuis belle lurette!
Vive l’ouverture sur le monde!
Ps. Pour ceux qui veulent connaître mon opinion sur les accusations de la SEC envers Goldman Sachs, après tout je parle souvent d’économie et de finance, je vous invite à lire de blog de Fred Lazar du 18 avril. Ce dernier a tout à fait raison!
Caveat lector : Les opinions exprimées dans ce blogue sont strictement personnelles et ne reflètent pas nécessairement celles de Global Brief ou de l’École des affaires publiques et internationales de Glendon.