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Le terrorisme dévisagé

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Le terrorisme dévisagé

Le terrorisme transnational est dévisagé. Pendant deux décennies, et de manière plus nette encore consécutivement aux attentats du 11 septembre 2001, Oussama Ben Laden a véritablement incarné le terrorisme transnational, et lui a même donné un visage, au point de devenir le catalyseur de toutes les peurs pour certains, et un véritable icône pour d’autres. La trajectoire criminelle de l’apatride d’origine saoudienne prit fin quelques mois avant les célébrations du dixième anniversaire des attentats de New York et Washington, véritable déclencheur de ce que le président américain de l’époque, George W. Bush, qualifia de « guerre contre le terrorisme ». Le fondateur d’Al-Qaïda se cachait dans une luxueuse résidence située près d’une académie militaire pakistanaise à moins de deux heures de route d’Islamabad lorsqu’il a été tué dans la nuit du 1er au 2 mai 2011 dans une opération menée par la CIA. Quelques heures plus tard, le président américain Barack Obama annonçait lui-même la nouvelle depuis la Maison Blanche, symbolisant ainsi l’importance de cet évènement, rapidement célébré dans le monde entier.

Loin des multiples allégations selon lesquelles il se terrait dans une caverne dans les montagnes afghanes, ou auprès de certains de ses soutiens en Arabie saoudite, le chef terroriste se cachait en fait dans une résidence de construction récente, que les services de renseignement américain parvinrent à identifier en raison de l’absence de liaison téléphonique ou de connexion internet. Le terrorisme « high tech », avec un regard porté en permanence sur le monde, qui avait imposé l’idée d’un bunker dans lequel pouvait se cacher Ben Laden, semble aux antipodes d’un tel scénario.

Mais qu’on ne s’y trompe pas. Malgré la satisfaction de voir l’homme le plus recherché de la planète depuis deux décennies être enfin mis hors d’état de nuire, le terrorisme transnational n’a pas disparu avec lui, et tous les problèmes soulevés avant et après les attentats du 11 septembre 2001 ne sont pas envolés. Et les questions restent nombreuses : Al-Qaïda peut-elle survivre à son créateur ? L’organisation était-elle réellement toujours opérationnelle ? Ou encore, la mort de Ben Laden marque-t-elle vraiment la fin d’un mouvement, ou une simple étape ? Les experts s’accordent de manière quasi unanime sur le fait que Ben Laden ne jouait plus, depuis des années, de rôle central au sein du terrorisme transnational. Pis encore, on peut se demander s’il existe de véritables chefs terroristes, en dehors de ceux qui revendiquent des causes localisées, et si la disparition de Ben Laden ne révèle finalement pas l’absence d’une incarnation du terrorisme, d’un visage du mal, sans que ce dernier ne soit directement affecté. L’après Ben Laden est désormais officiellement en marche – elle l’était, de manière officieuse, dès lors que le chef terroriste ne pouvait plus planifier d’attaques, mais simplement les inspirer – mais cette nouvelle ère ne signifie pas nécessairement, et on ne peut que le déplorer, la fin de terrorisme transnational.

Les opinions exprimées dans ce blogue sont strictement personnelles et ne reflètent pas nécessairement celles de Global Brief ou de l’École des affaires publiques et internationales de Glendon.

The opinions expressed in this blog are personal and do not necessarily reflect the views of Global Brief or the Glendon School of Public and International Affairs.

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