LOADING

Type to search

Les poulets

GB Geo-Blog

Les poulets

Vous êtes jeunes. Vous n’avez jamais habité la campagne, encore moins la ferme. Les araignées vous font peur. Vous ne connaissez que le bitume. Pourtant, vous rêvez d’avoir des poulets dans votre cour arrière. Vous voulez des œufs frais chaque matin. Tant pis si cela augmentera votre taux de cholestérol! Ces bêtes, selon ce que l’on vous a dit, sont charmantes, des compagnes parfaites. Les gens ont bien des chiens, des chats, des oiseaux, des poissons domestiques, alors pourquoi pas des poulets?

Ne riez pas, j’ai un collègue qui en parle depuis des années. Ne riez pas, c’est légal dans plusieurs grandes villes nord-américaines. Ne riez pas, le Conseil de ville de Vancouver a voté en faveur de la libéralisation de la pratique en avril. Ne riez pas, c’est un vrai combat de coqs… pardon, un vrai débat!

Les supporters de la pratique, qui malgré ce que l’on pourrait croire ne sont pas tous des écolos enragés, affirment que l’élevage de poulets offre l’opportunité pour le citadin de se reconnecter avec sa nourriture. Ils affirment que c’est sain pour l’environnement. Les poulets dans les grands élevages industriels sont mal traités. Selon eux, si les gens s’occupent bien des poulets, il n’y a pas d’odeur bizarre. Les poulets feraient moins d’excréments qu’un animal domestique traditionnel comme le chien. Les poulets font peu de bruits. S’occuper de poulets, au jour le jour, serait un excellent apprentissage pour nos enfants. Il est important de noter que ce qui est proposé ne comprend pas l’abattage du poulet pour sa viande, et qu’il y a habituellement un nombre maximum de poulets que l’on peut garder à domicile, de 4-6.

Il y a, bien entendu, des sceptiques, qui malgré ce que l’on pourrait croire, ne sont pas tous des rabat-joies. Ils ne veulent pas que leurs voisins se mettent à l’élevage. Ils se posent de sérieuses questions par rapport aux aspects sanitaires de la pratique. Ils ont peur des odeurs provenant de cages mal-entretenues. Ils ont peur des abus. Ils s’inquiètent de la transmission de maladies, comme la grippe aviaire. Ils ont récemment gagné à Calgary, où le Conseil municipal a voté contre une proposition qui aurait permis l’élevage dans les limites de la ville. Après tout, la place des poulets est dans une ferme.

Ce débat paraît anodin. Il ne l’est pas tout à fait. Il nous rappelle que la majorité de la population mondiale vit maintenant dans une ville. Au Canada, c’est plus de 80% de la population qui vit dans une ville. Nos grands-parents, nos parents, ont peut-être vécu en milieu rural, mais la majorité d’entre nous ne connaissons que la ville. Cela change indubitablement notre relation avec la nature, avec les animaux. La campagne, la forêt, la mer, c’est bon pour les vacances, pour le divertissement. Nous amenons nos enfants au zoo, ou à la ferme la fin de semaine. La bouffe, on l’achète à l’épicerie. Pour le reste…

Je ne suis ni pour, ni contre, l’élevage de poulets en ville. C’est peut-être une bonne façon de tisser des liens entre l’homme et la nature/l’animal. Les gens, après tout, s’attachent à leurs animaux domestiques. C’est peut-être une façon aussi d’ancrer le passé au cœur même de la société moderne. Ou, élever des poulets en ville, c’est une lubie, une forme d’excentrisme. C’est de la fausse nostalgie, un drôle d’exercice de remémoration d’une époque révolue que nous n’avons, de toute façon, pour la plupart d’entre nous, jamais connue. Le débat nous rappelle, en tout cas, que la relation entre l’homme et l’environnement dans un contexte fortement urbanisé reste tout à fait ambiguë.

Mon collègue est très citadin; je rêve de le voir s’agenouiller pour aller chercher des œufs!

Vous pouvez trouver un débat sur l’élevage de poulets en ville sur le site de l’émission de radio Q diffusé à la CBC, épisode du 4 juin (http://www.cbc.ca/q/episodes/).

Caveat lector : Les opinions exprimées dans ce blogue sont strictement personnelles et ne reflètent pas nécessairement celles de Global Brief ou de l’École des affaires publiques et internationales de Glendon.

Categories:
Tags:

Leave a Comment