Le bilan est de plus en plus positif
Parlons politique américaine. Le cycle électoral s’impose tranquillement. Nous avons eu confirmation cette semaine lors de primaires de la montée en force du mouvement Tea Party, et d’un certain retour de l’extrême droite américaine. La victoire de Rand Paul dans le Kentucky en est un bon exemple. Les républicains, disait-on en 2008 suite à l’élection présidentielle, chiffres à l’appui, sont décimés. Dix-huit mois plus tard, c’est beaucoup plus compliqué.
La victoire des démocrates, cumulée à la crise financière, laissait présager un changement de ton sur le plan politique. Main St. en avait gros sur le cœur contre Wall St. et avec raison. Les gens sont fascinés par les milieux financiers, les histoires personnelles de réussite et de nouvelle richesse. En même temps, ils n’ont aucune confiance envers les grandes institutions financières, envers les banques. Ce que la gauche a oublié, c’est que les gens ne font pas plus confiance à leur gouvernement. De tous les politiciens, Barrack Obama aurait dû le savoir, lui qui préconisait le changement. La gauche voulait replacer le gouvernement dans la société. L’équité devait reprendre sa place dans le jargon politique, au même titre que l’efficacité et l’efficience. Sauf, qu’aux USA tout spécialement, la méfiance envers l’État demeure. On n’aime pas les banquiers, on n’aime pas plus les politiciens. C’est dur changer une telle attitude.
Disons-le, on ne l’entend pas assez souvent, Barrack Obama s’en sort bien. Il est un bon président et à déjà de nombreuses réussites à son compte. Il a fait adopter une réforme majeure dans le domaine de la santé. La réforme de la régulation des marchés financiers s’en vient. Il ne reste qu’à harmoniser les projets de lois des deux chambres, quelque chose qui sera fait dans les semaines à venir. L’économie reprend des forces; de nouveaux emplois sont finalement créés. Le plan de relance de l’administration commence, donc, à avoir les effets escomptés. La politique étrangère américaine commence aussi à connaître des réussites. Par exemple, le Conseil de sécurité de l’ONU pourrait adopter dès juin des sanctions contre l’Iran, avec le support de tous les membres permanents du Conseil, c’est-à-dire avec le support de la Russie et de la Chine. Si cela s’avère, ce sera tout un coup de la diplomatie américaine. La relation USA-Russie est à son meilleure depuis longtemps. Franchement, le bilan démocrate en des temps difficiles est étonnant.
Le défi pour le Parti démocrate est de transformer ces victoires politiques en victoires électorales. Le momentum est du côté républicain, de la droite anti-gouvernement. Les démocrates doivent reprendre l’initiative politique. Ils doivent en contrôler l’agenda. Ils ne peuvent pas en laisser le contrôle à leurs adversaires. Prenons un exemple, l’immigration. La réforme de l’immigration en Arizona. c’est une chance en or pour les démocrates, un vrai cadeau. La loi adoptée est odieuse; elle va beaucoup trop loin. Elle est probablement inconstitutionnelle. Les démocrates avaient promis des changements dans le domaine de l’immigration. L’immigration est un sujet qui compte pour l’électorat américain. Barrack Obama a profité du vote hispanique en 2008. La réforme tarde, tarde, tarde. C’est le temps d’agir.
Environnement, énergie, exploitation pétrolière, les démocrates doivent ici aussi faire bouger les choses. La fuite de pétrole dans le Golfe du Mexique est une catastrophe écologique dont on entendra parler pendant des années. Les crises, cependant, permettent l’action. Le message que les démocrates doivent envoyer est le suivant. Moins de gouvernement, c’est laisser la voie libre aux entreprises pour faire ce qu’elles veulent, sans impunité. Cela a mené à la crise financière. Cela a mené au désastre écologique dans le Golfe du Mexique. Il faut un gouvernement fort pour assurer le respect des règles, pour protéger la population des rapaces. Ça c’est un bon message électoral. Parfois, il est nécessaire d’oublier les nuances.
Dernier élément, les démocrates doivent êtres prêts à faire face au Tea Party. Comme je l’indique plus haut, les idéaux du Tea Party ne sont pas nouveaux, loin de là, ils sont ancrés à plusieurs niveaux dans la vie américaine. Le Parti républicain aussi, d’une certaine manière, est pris avec le Tea Party. Comment équilibrer les différentes factions à l’intérieur de la grande tente républicaine? Le mouvement occupe pour l’instant trop de place, dans les média, dans la rue. Les démocrates doivent rallier les troupes. Ils doivent générer de l’enthousiasme, de l’énergie – démontrer qu’ils répondent aux attentes, qu’ils ont du succès.
Le bilan est positif, le plan est toujours important, l’espoir devrait encore être là. Il faut raviver la flamme!
Caveat lector : Les opinions exprimées dans ce blogue sont strictement personnelles et ne reflètent pas nécessairement celles de Global Brief ou de l’École des affaires publiques et internationales de Glendon.