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Ah, que c’est complexe!

GB Geo-Blog

Ah, que c’est complexe!

Ian Roberge, version philosophe!

Notre monde est-il maintenant vraiment plus complexe que par le passé? Il est devenu usuel de l’affirmer. La complexité n’a plus besoin d’être démontrée, elle est simplement là.

Je suis toujours en conférence et à trois occasions, au moins, hier j’ai entendu quelqu’un affirmer que notre monde est de plus en plus complexe. Les problèmes sont plus complexes; ils sont de plus en plus difficiles à solutionner. Est-ce si vrai que cela?

Je rêve du jour ou la personne faisant une telle affirmation devra s’expliquer. En quoi notre monde est-il plus complexe que le précédent? J’ai la drôle d’impression qu’il y a, ici, quelque chose de générationnel. Chaque génération pense que son monde est plus complexe, plus difficile, que le précédent, que les problèmes sont de plus en plus, pour ne pas dire trop, pénibles à résoudre. Justement, la complexité est relative. Elle dépend de nos connaissances, de nos expériences, de notre vécu, de nos perceptions. Je m’excuse mais les générations passées ont fait face à de gros problèmes, très difficiles, qu’ils ont su déméler.

Je n’affirme pas que notre monde soit sans complexité, bien le contraire. Mondialisation, nouvelles technologies de l’information, réalités géo-politiques instables, la possibilité pour l’humain de s’auto-détruire avec le nucléaire, etc. Bien oui, notre monde comporte d’innombrables facettes. C’est ce qui fait qu’il est si fascinant. Nos solutions doivent êtres et sont de plus en plus sophistiquées, raffinées. Nous avons à notre disposition de nombreux outils techniques et humains pour nous aider à comprendre cette complexité. Ce sont des outils, d’ailleurs, que les générations passées souvent ne possédaient pas. L’humanité a su développer au fil des siècles une raison, un savoir, des méthodes, qui permettent continuellement de poser de nouvelles questions, d’en chercher les réponses, et bien souvent de trouver de toutes nouvelles solutions. Même si notre foi en la science est parfois ébranlée, certaines percées scientifiques sont remarquables. La mise en marche par le Centre européen pour la recherche nucléaire de l’accélérateur de particules Large Hadron Collider en Suisse récemment en est une preuve spectaculaire! Oui, je crois au progrès. Je crois que notre monde a progressé, et cela pour le mieux, au cours des derniers siècles.

Affirmons-nous constamment que notre monde soit plus complexe parce que nous ne voulons pas faire l’effort de le comprendre? Lorsqu’un universitaire fait cette affirmation, est-ce parce qu’il constate l’échec de son propre modèle? De tels propos reflètent-ils une paresse intellectuelle? Comme universitaire, c’est mon ‘job’ d’aider la société à comprendre un petit peu mieux la réalité qui nous entoure. Je ne dois pas me défiler.

Le monde est, en effet, complexe. Il ne l’est pas nécessairement plus ou moins que par le passé. Notre monde a ses défis particuliers, auxquels nous devons nous attaquer. Le monde à venir aura ses propres défis, ses propres difficultés. J’ai confiance que la génération future sera prêtre à les relever.

Attention aux constats faciles, qui trop souvent ne veulent pas dire grand-chose!

Caveat lector : Les opinions exprimées dans ce blogue sont strictement personnelles et ne reflètent pas nécessairement celles de Global Brief ou de l’École des affaires publiques et internationales de Glendon.

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