Mondialisation et interdépendance
Lors de mon premier blog, j’ai abordé les sujets de la mondialisation et de l’interdépendance, j’aimerais poursuivre cette discussion.
Lorsque j’étais candidat au doctorat, la mondialisation était à la mode. C’était ‘hot’! Ma thèse portait justement sur les effets de la mondialisation sur les politiques nationales dans le secteur de la finance. Vers la fin de mes études, j’ai trouvé un article titré ‘post-mondialisation…’. Quelques temps plus tard, John Ralston Saul déclara la mondialisation dépassée, pour ne pas dire morte. L’horreur, la catastrophe!!!
La mondialisation n’était pas, et n’est toujours pas, finie! Penseurs critiques et altermondialistes s’en prennent en général à la mondialisation économique, qu’ils disent sauvage et dangereuse. La crise financière et économique que nous connaissons en ce moment semble leur donner raison. Pourtant, la mondialisation définie librement comme un rétrécissement de l’espace et du temps est loin d’être terminée. Par l’entremise des nouvelles technologies de l’information, la mondialisation politique, économique, sociale et culturelle s’accentue; elle ne recule pas.
La mondialisation et l’interdépendance sont étroitement liées. Ce rétrécissement dans l’espace et le temps facilite les interconnections. Les mécanismes, les effets, de cette interdépendance sont encore bien mal compris. Les causes de la crise financière et économique actuelles sont sujets à interprétation (sur ou sous-réglementation?). Comment précisément cette crise s’est-elle propagée? Comment se développent les politiques internationales? Comment se diffusent les politiques nationales? Quels seront les effets à court, moyen et long terme de cette crise? Il y a ici tout un agenda de recherche pour l’ensemble des sciences sociales!
Avec la stabilisation de la guerre au terrorisme, la mondialisation peut reprendre sa place. La mondialisation, phénomène transformateur, mérite qu’on lui porte de nouveau attention. Tout revient à la mode un jour au l’autre, même si parfois c’est avec une appellation différente. N’est-il pas temps de ressusciter la mondialisation afin de mieux comprendre ce qui se passe sur notre planète aujourd’hui?
Ressusciter la mondialisation, bonne idée, encore faut-il savoir que le concept est dépassé! C’est d’ailleurs avec surprise que j’apprends sa mise au rancart. S’agit-il d’une tendance importante chez les politologues ou d’une idée provocatrice véhiculée par quelques auteurs seulement? Dans tous les cas, ça me semble extrêmement prématuré. Je suis bien d’accord, réduire la mondialisation à sa seule expression économique constitue un raccourci trop facile. Selon moi, le véritable moteur de la mondialisation (et de l’interdépendance accrue dans tous les domaines) est le progrès technologique et celui-ci me semble toujours en fulgurante expansion, en particulier dans le domaine des télécommunications. Le débat entourant la mondialisation a toujours comporté un certain degré de confusion en raison de notre incapacité à s’entendre sur la définition même du concept. Je suppose que cette fois ne fait pas exception.
Voir John Ralston Saul dans Haper’s, mars 2004, ‘The Collapse of Globalism’. Il en a fait un livre qui est sorti un an plus tard! Depuis quelques années, il faut se cacher pour parler de mondialisation!!!
Sur la définition du concept, peut-on, selon vous, dissocier “mondialisation” et “dérèglementation” ?
Bien entendu, il y a une différence entre mondialisation et déréglementation. La mondialisation reflète un processus d’intégration. Je vous dirais d’ailleurs, au risque de provoquer un peu, qu’avec la mondialisation, il y a dans plusieurs domaines d’activités une ré-réglementation. Dans le monde de la finance, il y a eu déréglementation dans les années 1970. Il y a depuis lors un processus de ré-réglementation. Cette idée que la finance est déréglementée ne tient pas la route (ce qui ne veut pas dire que la réglementation est bonne et efficace)! Il y a toute une litérature maintenant sur la meta-régulation, c’est-à-dire, la réglementation de la réglementation. Nous ne sommes pas, selon moi, dans un monde déréglementé, bien au contraire…
Bien d’accord. C’est trop rare qu’on entend ce genre de point de vue par les temps qui courent. Venant d’un politologue, c’est particulièrement surprenant. Mais ça c’est mon opinion.
Selon moi, une des plus grandes faussetés généralement admises est que l’administration Bush a fortement dérèglementé les marchés, ce qui a contribué à la crise financière. On n’a pas à chercher bien loin pour trouver que Bush était au contraire un grand interventionniste. Et maintenant quelle est la solution pour contrer cette soi-disant dérèglementation? Reréglementer bien sur! Et injecter des centaines de milliards. Voyons où Obama mènera ce pays…
Par contre, j’ai bien de la difficulté à ce qu’on dissocie mondialisation et la libéralisation des marchés. Vous dîtes que nous ne sommes pas dans un monde dérèglementé. Bien d’accord. Alors, peut-on dire que l’on vit, aujourd’hui, dans un monde “mondialisé”.
Après tout, comment peut-on intégrer les sociétés sans assouplir les règles qui nuisent aux échanges que leurs membres font entre eux? Je peux comprendre que le concept soit plus universel plutôt que purement économique, mais il me semble que la base est économique, et que le reste viendra ensuite… J’ai bien hâte de voir ce qui adviendra après que les chefs d’états décideront d’imposer davantage de règles sur les marchés financiers. Assisterons-nous toujours à une augmentation des signes de la mondialisation? Les nouvelles technologies seules peuvent-elles soutenir la mondialisation? Je n’en suis pas si sûr… Ou alors je ne comprends pas ce qu’est la mondialisation.