Dans l’est de Pékin, on trouve dans le quartier Dashanzi une grande concentration de galeries d’art récemment ouvertes dans d’anciennes usine de fabrication et manufactures de toutes sortes. Dans les années 60, la coopération est-allemande avait fait don de ces usines au régime ami en guise de l’amitié et la solidarité sino-allemande. Aujourd’hui, comme à Berlin d’ailleurs, ces reliques communistes récemment devenues ‘cool’ attirent les touristes chinois et étrangers à la recherche d’architecture et de patrimoine post-industriel, d’icônes et d’une esthétique proprement communiste. Au delà de ce Disneyland pour nostalgiques de Mao, ces mêmes touristes se demandent aujourd’hui comment le tigre capitaliste chinois peut encore être dompté efficacement par les apparatchiks du régime…

1989 a été une année importante dans l’histoire géo-politique de la planète. Qui sait si, rétrospectivement, cette année ne sera peut-être aussi importante que 1776 ou 1789? On oublie souvent que 1989, ce fut également l’année où, de l’autre côté de la planète, un certain 4 juin, une révolution a été matée dans le sang, comme en témoigne les milliers de morts anonymes qui ont péri sur la place Tianamen.

Pour ce faire, le régime chinois, avec son modèle du ‘un pays, deux systèmes’, déborde d’imagination et de créativité à vouloir emmurer ses citoyens dans un régime archaïque et périmé. Bien que la dictature n’aie pas que des effets néfastes sur le développement économique et humain, on peut affirmer sans ambages que celle-ci n’a plus sa place dans un monde où la Chine se targue d’être devenue LA nouvelle superpuissance globale. Cela dit, la Chine prendra réellement le contrôle de la planète quand ses idées – et non pas seulement ses marchandises – seront exportées, admirées et adoptées par les citoyens de la planète. Un peu comme les Lumières ont pu l’être pour l’Occident à la renaissance, la modernité au temps de l’empire Romain ainsi que l’idée de l’Amérique au 20e siècle, la Chine établira d’autant son hégémonie que lorsqu’elle incarnera un idéal à atteindre pour le reste de la communauté internationale. La visite cette semaine du Président Obama à Shanghai aura sans doute marqué quelques esprits illuminés pour qui la Chine a encore beaucoup à apprendre de l’Amérique et de l’expérience des autres révolutions.

Dans ce contexte, s’il y a une leçon à retenir de la chute du mur de Berlin et des autres révolutions de même acabit, c’est que la volonté populaire triomphe tôt ou tard des idéologies visant à contrôler le sort des hommes. Souhaitons donc que la Chine soit la prochaine à connaître une véritable révolution des idées.