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Mass Migration, Open Societies and the Populist Tide

10th Anniversary Issue Nez À Nez

Mass Migration, Open Societies and the Populist Tide

Proposition: Asylum leads to populism / L’asile mène au populisme

Michael Barutciski est rédacteur adjoint de Global Brief (pour): L’admission non contrôlée des demandeurs d’asile contribue à ébranler l’establishment politique dans les démocraties libérales. Qu’il s’agisse de la réaction européenne/allemande aux flux massifs sur la route des Balkans en 2015-2016, ou l’accueil des flux constants sur le chemin Roxham par la Gendarmerie royale canadienne ces deux dernières années, ou la manière que les États-Unis ont essayé de contrôler les «caravanes» à la frontière mexicaine ces derniers mois, on constate que ces mouvements migratoires affaiblissent la confiance des populations d’accueil qui comptent sur leur gouvernements à protéger la souveraineté territoriale.

Il y a évidemment de bonnes raisons humanitaires pour accorder l’admission (temporaire) aux migrants qui demandent l’asile, mais dans le contexte actuel cette ouverture mènera paradoxalement à l’effondrement du système de protection des réfugiés. Si ce problème est mal géré, il risque de provoquer l’étincelle pour la révolte populaire contre les partis politiques traditionnels.

Le problème résulte en bonne partie d’une confusion générale concernant les principes de protection des réfugiés. On veut paraitre «humanitaire», mais nos engagements concrets révèlent une autre dimension plus cynique. Ce n’est pas par hasard que la Convention sur les réfugiés ne mentionne pas le mot «asile» dans ses 46 articles. Depuis l’échec diplomatique de la Conférence sur l’asile territorial tenue à Genève en 1977, il n’y a eu aucune tentative d’aborder l’asile dans un traité parrainé par l’ONU.

Pour ceux qui veulent protéger les réfugiés, il faut improviser car le droit d’asile historique n’a presque rien à voir avec la situation actuelle. Même le droit d’asile moderne, fondé sur l’idée de protection contre la persécution étatique, est limité dans sa pertinence aux problèmes actuels. Après tout, il a été conçu avec l’idée qu’un État souverain aurait le droit d’accorder l’asile, pas qu’un individu aurait le droit d’obtenir la protection. La notion plus récente de revendication des droits des réfugiés, parue pour la première fois en 1928, est elle-même limitée dans la mesure où l’octroi de l’asile ne fait pas partie des obligations assumées par les États.

Pour ceux qui veulent protéger les réfugiés, il faut improviser car le droit d’asile historique n’a presque rien à voir avec la situation actuelle. Même le droit d’asile moderne, fondé sur l’idée de protection contre la persécution étatique, est limité dans sa pertinence aux problèmes actuels.

Les problèmes actuels découlent plus précisément de la démocratisation des mouvements migratoires due aux transports et technologies modernes. Les migrants voyagent maintenant de longues distances de façon relativement autonome et peuvent revendiquer le statut de réfugié dans des pays lointains. En d’autres mots, il y a un plus grand nombre de candidats d’origines diverses.

Les réserves exprimées en 1951 lors de la signature de la Convention sur les réfugiés demeurent toujours pertinentes: comme le représentant de la Suisse a déclaré en discutant de l’interdiction du refoulement, «les États ne sont pas obligés d’admettre à franchir leur frontière des groupes considérables de personnes réclamant le statut des réfugiés». Plusieurs délégations ont exprimé le même avis, comme on voit dans l’intervention du représentant de la France: «Un pays ne peut contracter une obligation inconditionnelle à l’égard de personnes sur lesquelles il est difficile d’exercer un contrôle et parmi lesquelles peuvent se glisser des éléments indésirables. Le problème est d’ordre moral et psychologique et, pour le résoudre, il faut tenir compte des réactions possibles de l’opinion publique». Si l’on veut préserver le système de protection, il faut reconnaître la légitimité de ces réserves et admettre que, depuis plusieurs années, un nombre important de migrants cherchent l’asile dans les démocraties occidentales.

Les règles juridiques internationales sont pertinentes, surtout dans la mesure où leur nature consensuelle révèle la dynamique politique sous-jacente au débat sur l’asile: nos gouvernements refusent d’accepter explicitement dans un traité la proposition libérale selon laquelle n’importe qui aurait la possibilité de demander l’asile dans n’importe quel pays. Autrement dit, l’analyse juridique montre qu’on ne puisse pas imposer une vision libérale de l’asile sur une population d’accueil qui est préoccupée par la souveraineté territoriale.

Même dans une perspective humanitaire, il faut toujours être franc par rapport à nos engagements réels: est-ce que l’Amérique du Nord ou l’Europe peuvent accueillir un nombre illimité de demandeurs d’asile? Comme suggère le titre d’un article récent du magazine américain The Atlantic: “If Liberals Won’t Enforce Borders, Fascists Will.”

Wolfgang Krieger is Emeritus University Professor of Modern History and the History of International Relations at the University of Marburg, Germany (opposed): We need to look far beyond the largely legal questions of asylum and immigration laws and conventions. Let us start with the statistics. During the 1960s and 1970s, France received about 300 requests per year for asylum. In 2018, there were some 120,000 such requests. Those numbers illustrate the jump from a limited quantum of political refugees – mostly from communist Europe – to mass migration that peaked in 2015, when nearly a million refugees came to Germany alone, with many more arriving elsewhere in Europe. Altogether, the EU registered 1.25 million refugees in 2015, another 1.3 million in 2016, and 730,000 in 2017.

None of this would have happened had EU border controls worked according to the law. But they did not and could not, given the sheer numbers and the prevailing political atmosphere. While France’s Socialist President François Hollande managed to keep the numbers of refugees down – at least initially – Germany’s more conservative Chancellor Angela Merkel opened the borders, pronounced her famous “Refugees are Welcome,” and then struggled with the consequences of what became a complete loss of governmental and administrative control on a scale never seen in the country since 1945.

For its part, the EU – one administrative level up – added yet another item to its already long list of massive political failures, including the sovereign debt crisis, the Ukraine conflict and, of course, Brexit. The EU regime of external border controls failed outright, while the abolition of internal controls under the EU Schengen Agreements of 1985 and 1990 became a primary driver and accelerator of the refugee chaos within the continental territory of the Union.

But there is a case of political ideology as well. Had this massive influx been what governments and the media proclaimed it to be – that is, a wave of refugee families from war-torn Syria – the Europeans would have been highly sympathetic. They would have assumed, as they did during the Yugoslav refugee crisis of the 1990s, that most of these people would eventually return home. But this was manifestly not the case in 2015. Only a fraction – fewer than 30 percent – actually fled from Syria, and well over 70 percent were men, and mostly young men at that. This composition did not change subsequently.

In Germany, in the first half of 2019, only some 20 percent of asylum demands were made by Syrian nationals. The majority of the refugees came from Iran, Iraq, Afghanistan and the Balkans – not from Syria. Many of the Syrian refugees – mostly healthy young men – appeared to have abandoned their families. Almost all were Muslims. This meant that, in truth, Europe was helping only a very small sample of those who were suffering most from the Syrian civil war, ISIS violence, militia warfare and government brutality. Bref, Europe was simply overwhelmed by a wave of immigrants who were essentially looking for better economic opportunities or simply welfare support.

For many in Europe, accepting ‘Syrian refugees’ was a propaganda line for a much bigger political agenda – one arguably derived, at least in part, from a 2000 UN report that speaks of “replacement migration.” Critics call it an ‘invasion’ caused by the utter economic failure of certain African and Middle Eastern nations and by their corrupt dictatorships. As we learned from television reporting, most of the notorious (and often deadly) refugee boats crossing the Mediterranean were filled with black Africans – mostly Nigerians. In European public discourse, the Syrian crisis was hijacked by those in the political spectrum who denigrate European national cultures and who subscribe to multiculturalism as a political religion (to borrow from the Canadian thinker Mathieu Bock-Côté). ‘No borders,’ their most popular slogan, logically entails the eventual abolition of political asylum, given that any refugee would have the right to choose his or her place of residence, as the UN Global Compact for Migration of December 2018 suggests.

It has become clear that we are dealing here with far more than the Syrian refugee crisis or even international or national laws on asylum. We are, instead, confronted with several vast issues and pressures touching both international relations – particularly in respect of North-South relations – and indeed national policies in respect of the future composition and cultural orientation of Western societies. These vast issues and pressures have clearly led to the emergence – and the rapid growth – of political movements that are variously described as ‘populist,’ ‘nationalist’ or even ‘racist.’ Some of the leaders of these movements have become presidents, prime ministers, ministers and subnational premiers and governors (Donald Trump in the US, Viktor Orban in Hungary, Matteo Salvini in Italy, Doug Ford in Ontario, Canada, and so on), while others are prominent national party leaders (France’s Marine Le Pen and Nigel Farage in the UK).

We are confronted with several vast issues and pressures touching both international relations – particularly in respect of North-South relations – and indeed national policies in respect of the future composition and cultural orientation of Western societies.

Curiously, Germany has thus far not produced a comparable towering figure – even after its new right-wing party (Alternative für Deutschland) became the leading opposition party in the Bundestag.

To be sure, these movements did not originate solely from the asylum and refugee crises, including the highly controversial Latin American migration dynamic vis-à-vis the US. Other factors – including the effects of globalization on Western labour markets and the global financial crisis of 2008 – played important roles. But mass migration, with all of its social, cultural and political consequences – has most directly affected the daily lives of everyday people, and especially the lives of the more modest social strata, who feel particularly threatened.

Another factor was the astounding failure of the traditional political parties to face up to those challenges. Their strategies of covering up and deflecting attention from the migration issue led to a massive loss of confidence among their traditional clienteles. By hyping up the matter of emissions from diesel cars or the anticipated disappearance of certain species, they were unlikely to deflect attention from the massive increase in major crime – especially against young women, and the dangers of Islamist ‘sleepers’ infiltrating Western countries under the cover of the Syrian refugee wave in order to later execute terrorist attacks. As such, the new anti-immigration parties attracted considerable numbers of voters on the political left – mostly of working-class background, and from among older middle-class voters as well. You cannot fool all the people all the time, as Abraham Lincoln famously said.

MB: L’immigration, même massive, ne mène pas forcément au populisme. Si l’immigration est contrôlée et bien gérée, elle permet aux pays occidentaux de maintenir leur force démographique malgré les faibles taux de natalité qu’on trouve typiquement dans les démocraties libérales. Le Canada, par exemple, passe présentement par une phase d’immigration (relativement) massive sans qu’il y ait beaucoup de tensions internes concernant l’intégration des nouveaux arrivants. Ceci découle du fait qu’une bonne partie des candidats sont sélectionnés au mérite selon des critères économiques.

C’est d’ailleurs le sens de la nouvelle politique d’immigration annoncée par le président Trump. Comme il l’a affirmé lors de son discours sur l’État de l’Union en février dernier: «I want people to come into our country in the largest numbers ever, but they have to come in legally». En gardant l’immigration aux États-Unis à des niveaux historiquement élevés, Trump défie la tendance restrictive qu’on associe aux mouvements populistes. La leçon est la suivante: si l’immigration est contrôlée et sélectionnée, les gouvernements des pays d’accueil peuvent ajuster les niveaux selon leur situation nationale.

Il faut être clair: le problème est lié à l’immigration non contrôlée. Celle-ci peut prendre plusieurs formes, mais c’est l’institution de l’asile qui pose le plus grand problème par rapport aux valeurs libérales. En général, les demandeurs d’asile ne sont ni invités ni contrôlés par les autorités. De plus, ils arrivent souvent en flux massifs. Il est impossible d’établir si leur demande est bien fondée sans un processus administratif, qui prend du temps. Hypothétiquement, il est donc possible qu’un nombre considérable d’individus indésirables entrent temporairement dans le pays d’accueil. Leur renvoi est toujours compliqué dans le contexte humanitaire de l’asile.

Pour être plus précis, l’asile pose problème à cause de l’aspect potentiellement superficiel de son symbolisme, qui mène souvent à une approche incohérente et non durable. Dans le contexte actuel où les milieux intellectuels sont attirés par l’encouragement ambigu de la «mobilité humaine» qu’on trouve dans le Pacte sur les migrations adopté à Marrakech en décembre 2018, il est courageux de critiquer l’idéologie derrière l’admission des flux incontrôlés en Allemagne il y a quelques ans. La référence à la chancelière Merkel mérite d’être élaborée, car sa décision continue d’être invoquée comme un exemple positif par de nombreux commentateurs à l’extérieur de l’Allemagne. Mais un État moderne ne peut pas admettre des flux massifs sans avoir établi correctement l’identité des demandeurs d’asile. C’est probablement l’aspect central du système international de protection des réfugiés qui a été créé dans les années 1920 avec le passeport Nansen.

Même si Merkel n’avait pas manifesté beaucoup d’intérêt pour la complexité de l’asile avant l’été 2015, elle s’est soudainement laissée emporter par la vague humanitaire et son slogan optimiste «Wir schaffen das». L’ancien ministre des Affaires étrangères Sigmar Gabriel a bien décrit l’importance psychologique et émotionnelle de cette période quand l’Allemagne était perçue enfin comme un modèle humanitaire. Cependant, l’euphorie a vite été remplacée par une autre politique plus discrète. Ne voulant pas laisser l’impression qu’elle fermait ses frontières, l’Allemagne a choisi la méthode la plus typique des démocraties libérales: elle a appliqué indirectement la pression sur les pays de transit afin qu’ils empêchent les demandeurs d’asile de voyager vers son territoire. Avec l’aide de Vienne pour conclure une entente avec les pays balkaniques, suivi par les efforts de Bruxelles pour conclure une entente avec la Turquie, Berlin a réussi discrètement à réduire les flux de demandeurs d’asile à peine quelques mois après l’arrivée massive de 2015. Les diplomates allemands ont par la suite conclu des accords avec plusieurs pays africains afin d’établir un dispositif régional pour mieux gérer les flux de migrants vers la Méditerranée. On laisse les autres construire des murs afin de préserver nos propres valeurs «humanitaires».

On voit comment l’image superficiel peut dominer. Elle peut aussi mener à une politique basée sur des principes incohérents dans la mesure où elle suggère que les portes sont ouvertes. On flirte depuis trop longtemps avec une position suicidaire sur ce problème fondamental. C’est la leçon qu’il fallait tirer de la vieille polémique concernant la déclaration de l’ancien Premier ministre français Michel Rocard: «La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde». Une analyse franche de la réaction allemande et européenne aux flux de 2015 nous oblige à répondre clairement à ceux qui continuent de penser que l’asile est un droit non équivoque accordé à tous les habitants de la planète.

Il est possible d’être cosmopolite, ouvert et pro-immigration, sans suivre aveuglement les excès de la vision sans-frontièriste et la propagande des slogans simplistes tels que «la diversité fait notre force». Comme suggérait Max Weber il y a un siècle lors de sa dernière conférence à Munich, les politiques doivent trouver un compromis sage entre la pureté morale de leurs intentions et une éthique de responsabilité («Verantwortungsethik»).

Il est possible d’être cosmopolite, ouvert et pro-immigration, sans suivre aveuglement les excès de la vision sans-frontièriste et la propagande des slogans simplistes tels que «la diversité fait notre force».

Si les démocraties libérales ne veulent pas être accusées d’hypocrisie, la préservation des valeurs humanistes les obligera ainsi à développer d’autres méthodes pour protéger les migrants qui se disent persécutés dans leurs pays d’origine. En effet, la logique de contrôle frontalier suggère que les ambassades et les consulats pourraient jouer un rôle dans le développement de procédures extraterritoriales pour les demandes d’asile. Dans ce sens, le nouveau projet de visa humanitaire européen représente un développement positif. Afin de préserver l’institution de l’asile dans le nouveau contexte des migrations internationales au 21e siècle, les gouvernements seront obligés de la reconceptualiser. Sinon, les problèmes de xénophobie risquent de s’aggraver, car les populations locales craindront que les autorités n’arrivent pas à maîtriser les frontières.

WK: I quite agree. Immigration, even on a large scale, does not automatically lead to a surge in populist politics. But it does if governments – local, national or supranational (as in the case of the EU) – fail to establish proper criteria and mismanage the process of admitting immigrants. Both things happened during and after the 2015 refugee crisis in Europe. Governments proved fatally incompetent in tracking millions of immigrants and in establishing their true identities and personal backgrounds. Indeed, the only bureaucratic elements that appeared to function were those involving massive transfers of welfare payments to the refugees. No wonder ‘native’ citizens in poor urban areas and in underprivileged rural regions felt left behind and threatened. After all, most of the temporary housing for refugees was erected in their own neighbourhoods.

If this was not enough to cast doubt on the fairness of the state toward the low-income strata of society, a constant stream of over-optimistic statements and manipulative statistics fed a growing sentiment in European societies to the effect that those in government had something to hide. When a number of terrorist events occurred in France, Belgium, Denmark, Germany and elsewhere, the causal link between the 2015 mass immigration on the one hand and Islamist terrorism on the other became all too obvious. And yet once again, governments and the media sought to appease the public by claiming that the perpetrators had been radicalized in the context of ‘exclusion’ from European societies. In other words, the Europeans had only themselves to blame.

In Germany, at the end of 2015, a mass assault on young women occurred in the city centre of Cologne. Hundreds of cases of sexual harassment and rape were reported to the police. The gangs of perpetrators were of Middle Eastern and African origin – most of them recent immigrants. Once again, the police leadership and the Minister of the Interior sought to downplay the crime. But a confidential report by the federal police, leaked to the press, described a horrendous situation that had got completely out of hand. Several murder cases and numerous cases of rape followed, deeply shocking the public.

Reports of a massive surge in anti-Semitic violence were suppressed by the authorities, who instead filed all ‘unresolved incidents’ under the aegis of ‘right-wing extremism.’ And while there is no denying the threat from neo-Nazi youth gangs in Germany, the new wave of anti-Semitism – especially the assaults on Jewish school children and high school students – is largely due to Muslim anti-Semitism, which is common among recent immigrants. Bref, the gap between government pronouncements about ‘peaceful refugees,’ eager to earn a living, and the manifest surge in violence in the streets – directed especially against women, and occurring especially in Germany’s refugee camps – has been widening.

Similar events all around Western Europe produced crushing election defeats for the established political parties – conservative, Christian-democrat and socialist/social democratic alike. All suffered massive losses in regional, national and European elections. The SPD, Germany’s oldest political party, lost more than half of its voters, while Merkel’s CDU lost a third of theirs. In France, the Socialist Party that once delivered two presidential mandates for François Mitterrand nearly disappeared, just as moderate conservative forces, originally inspired by Charles de Gaulle and still powerful under Nicolas Sarkozy, were eliminated during the first round of the 2017 presidential election. Their places were taken either by ad hoc formations such as Emmanuel Macron’s En Marche movement or by right-wing parties like Marine Le Pen’s Rassemblement national, Nigel Farage’s Brexit Party in the UK, and Matteo Salvini’s Lega Nord in Italy. In Germany, the AfD became the main opposition party in the federal parliament. Its support is – to be sure – still growing in formerly communist eastern Germany, where resentment of mass immigration is most strongly felt. Indeed, the eastern EU member states, still aching from their communist past, have thus far unanimously refused to obey EU orders to accept refugees from the Middle East and Africa, with Poland, for instance, pointing out that it has already accepted some 1.5 million refugees from Ukraine.

Next to the rise of populist parties, the other major consequence of mass immigration in Western Europe is the east-west split within the EU on migration policy – something that has made ‘Europe’ a preferred target for criticism by populist parties across all of Europe. At the extreme end, we find the British Brexit movement and other populists oscillating between a complete rejection of the ‘Brussels bureaucracy’ and demands for top-to-bottom reforms. Of course, we should not forget that the EU’s general policy vector of open markets, which accelerated the decline of European manufacturing and resulted in massive job losses, had already come under heavy criticism long before 2015. The same applies for the adverse effects of European monetary policy under the Euro, which badly hurt the economies of Greece, Italy and France.

Next to the rise of populist parties, the other major consequence of mass immigration in Western Europe is the east-west split within the EU on migration policy – something that has made ‘Europe’ a preferred target for criticism by populist parties across all of Europe.

Finally, let us clarify what is meant by the term ‘populist.’ Does this term adequately describe the surge in political opposition to mass immigration and ‘neo-liberal’ EU policies? Obviously not. Political leaders like Le Pen, Salvini and Farage did little more than pick up votes from a fast-growing section of people in Europe who felt betrayed by the long-established political parties – equally on the left and on the right. Apart from giving a certain amount of publicity to some small fringe groups, the populist parties followed the rule book of liberal democracies, which requires political leaders to come up with viable solutions to the concerns of the citizenry. There can be no doubt that most of the people who vote ‘populist’ in Europe today are deeply concerned for the safety of their families as well as for their economic well-being and cultural heritage. To label them as neo-fascist or right-wing extremist only serves to cover up the massive political failures of the ruling elites.

This leaves us with the question why the established parties failed to respond to these popular concerns. Did they simply underestimate the political impact of mass immigration? In my view, their failure is more likely rooted in a political mentality that is exemplified by French president Emmanuel Macron when he proclaims that there is no such thing as French culture, and that he wished to see a “European sovereignty.” In saying this, he is evidently out of sync with the vast majority of the French people. The same is true of his inept response to the French gilets jaunes movement. His immediate reaction was to promise 15 billion Euros in additional welfare handouts. Give them bread and circuses, as the Romans used to say. But the confrontation between self-styled progressives like Macron and traditionalists like Le Pen is not simply about money. It is – to be sure – primarily about cultural and national identity. And the refugee issue is also evidently about cultural and national identity.

MB: Selon nos interventions, il me semble que nous pouvons affirmer que les migrations incontrôlées représentent la goutte qui fait déborder le vase dans les pays d’accueil où les laissés-pour-compte de la mondialisation rejettent les partis traditionnels. La différence entre nos perspectives semble être la nuance suivante: vous défendez un point de vue plutôt nationaliste, particulièrement en ce qui concerne l’identité culturelle, tandis que je souligne simplement l’importance de la souveraineté territoriale.

Pour les Canadiens et les Américains qui perçoivent leur pays comme des sociétés multiethniques et multiraciales, il est controversé de suggérer qu’une culture/religion soit impossible ou difficile à intégrer. Espérons néanmoins qu’on accepte tous l’importance de la liberté d’expression si l’on veut débattre ouvertement et honnêtement le sujet difficile des migrations.

J’apprécie donc le lien que vous soulignez entre les demandeurs d’asile et la criminalité, thème tabou parmi les spécialistes de la protection des réfugiés. Dans le contexte politisé des débats sur les migrations, il est difficile d’établir et de communiquer les faits de manière objective. En Allemagne, ces dernières années, il s’agissait du problème délicat de la Lügenpresse auquel vous faites référence et que j’avais mentionné il y a trois ans dans un article Query du numéro printemps/éte 2016 de GB. Il y a cependant l’autre côté du défi: combien de réfugiés en Allemagne attendent les cours d’allemand parce que le gouvernement ne finance pas suffisamment les services d’intégration?

Cela dit, je suis étonné du laxisme manifesté par les autorités allemandes en août et septembre 2015. Quelques mois auparavant, un haut dirigeant du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés m’avait expliqué que toutes les capitales européennes étaient informées de la menace réelle concernant l’infiltration de combattants de Daech parmi les réfugiés.

Si l’on se fie à l’enquête détaillée menée par Die Zeit, un «tweet» a été envoyé par l’Office fédéral des migrations et des réfugiés (BAMF) le 25 août indiquant l’abandon temporaire du système de contrôle frontalier pour les demandeurs d’asile (qui prévoit le transfert vers les membres de l’UE qui appliquent le règlement Dublin). Suite à cette «invitation» de facto à tous les candidats potentiels en Asie et en Afrique, Merkel a décidé le 4 septembre d’ouvrir les frontières parce qu’un nombre important de migrants arrivés en Autriche et en Hongrie avait créé une situation exceptionnelle.

Selon Die Zeit, Merkel ne s’est pas posée des questions concernant la sécurité, tant elle était préoccupée par l’image humanitaire de son pays. Après l’arrivée d’environ 17 500 demandeurs d’asile en Bavière pendant le week-end du 5-6 septembre, la mesure d’urgence a été prolongée. C’est comme cela que des centaines de milliers de migrants sont entrés en Allemagne pendant plusieurs semaines sans que leurs identités soient vérifiées.

Pour revenir à la façon que l’asile mène au populisme: quand les partis traditionnels ignorent le peuple en refusant de contrôler les frontières, même pour des raisons humanitaires, il n’est pas étonnant que celui-ci se venge en élisant des formations politiques prêtes à perturber le statu quo. Étant donné que c’est le concept d’asile (et sa dimension humanitaire) qui permet à contourner les frontières, force est de constater la confusion sur les principes fondamentaux de cette institution historique et la prédominance du symbolisme superficiel. Cette position superficiellement «humanitaire» est compréhensible, mais une alternative plus sophistiquée proposerait une vision qui peut être défendue à long terme. Bref, une version modérée de l’asile qui reconnaît les limites et ne prétend pas faire l’impossible. Et qui ne mène pas à une révolte populaire…

WK: To a large extent, we see things the same way. You emphasize the principle of asylum as a cornerstone of modern statehood, while I am deeply concerned by certain misreadings of the ‘rise of populism’ and the long-term significance of mass migration and mass immigration.

The key practical point, from my perspective, is the need to reconcile electorates with their traditional political affiliations. To do this, mainstream politicians will have to accept the facts as they are. Mass immigration has happened and must be squared with the wishes of clear majorities in democratic electorates in Western Europe who wish to preserve their rights, political institutions and cultural identities. As such, new ways will have to be found to preserve and reassert established norms in respect of women’s rights and the primacy of secular laws over religious customs – particularly vis-à-vis sharia law and political Islam more generally.

In February 2018, a parliamentary inquiry into the ‘sharia councils’ in England and Wales (there are none in Scotland) estimated their total number as varying from 30 to 85. Those councils deal mostly with divorce cases. As the report conceded, British law still existed on paper but was largely overruled in most of these cases. France is fighting similar battles under the banner of «la République laïque» – to wit, the 1905 law, which was essentially directed against the Catholic Church but struggles to be applied to Islam. Bref, all Western European states are, for all practical intents and purposes, tolerating sharia practices in many cases.

How is one to explain to the law-abiding citizenry this lapse in state power? This same lapse applies, of course, to the asylum and immigration laws – even those passed just recently to deal with unregulated mass immigration. In Germany alone, there are, at the time of this writing, more than 170,000 people who are required by law to leave the country, having either been refused asylum or having otherwise entered the country in breach of the Schengen accords. In 2016, the official count stood at well over 500,000, while the number of expulsions stood at approximately 25,000 a year. For the moment, this means that hundreds of thousands of people, while clearly not legal residents, are effectively ‘tolerated’ for indefinite periods of time.

So what’s to be done? Apart from telling people the truth and facing up to reality, a radically different approach to immigration is needed. This applies both to the future and the present. We need a managed migration system along Canadian lines – recognizing all the obvious differences in geography and history between Europe and North America – and we need a radically new approach to the extra-legal mass immigration of the last few years.

Let us begin by setting aside the usual mantras about teaching our languages and providing social benefits, education opportunities and jobs for everyone. There is not enough money to do all of this. But the most important point is this: migrants will have to demonstrate that they are prepared, like everyone else, to accept the will of democratic majorities. In other words, it is the migrants who will have to do most of the adjusting; not the other way around. Specifically, they will have to demonstrate their willingness to abandon religious ‘laws’ and family customs that are incompatible with the laws and political cultures of their host societies. As the mayor of Rotterdam, Ahmed Aboutaleb, a Moroccan-born Muslim, put it, roughly: If you do not like our country, you must leave. (He used less polite language.)

No doubt, the great majority of recent migrants to Europe (and North America) are more than willing to adjust to their host societies. However, significant numbers either resist or are mentally, or even physically, under the sway of fundamentalist leaders – some of them still residing south and east of the Mediterranean, preaching and enforcing the kind of intolerance and violence that produced some of the mass migration in the first place. While we in Europe can do little to overcome the monumental conflict and violence that are devastating today’s Muslim world, our leaders and societies must fight vigorously the influence of these fundamentalist leaders abroad on the estimated 26 million Muslims living inside the EU. Anything less will fatally undermine democracy, the rule of law and the domestic peace – particularly in Western Europe.

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Michael Barutciski est rédacteur adjoint de Global Brief.

Wolfgang Krieger is Emeritus University Professor of Modern History and the History of International Relations at the University of Marburg, Germany.

(Photograph: The Canadian Press / EPA / Luis Villalobos)
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