Géopolitique des frontières européennes
L’Union européenne reste attractive si on en croit l’adhésion de la Croatie à l’Union européenne, prévue pour le 1er juillet 2013. Qu’est-ce que cela changera ?
Comme la Slovénie membre depuis 2004, la Croatie est issue de l’ex-Yougoslavie. La guerre fut beaucoup plus longue et meurtrière en Croatie durant la première moitié des années 1990. Autrement dit, entre dans l’UE un pays qui porte dans son histoire les stigmates d’une guerre civile loin d’être oubliée.
La superficie de la Croatie avoisine 56 000 km carrés, pour une population de 4,4 à 4,5 millions d’habitants. Ce pays se caractérise par une faible fécondité, comme la plupart des pays entrés en 2004 et 2007. Son entrée vient donc accentuer les tendances lourdes de l’UE au vieillissement, une dynamique engagée bien avant les élargissements post-guerre froide. A la différence de bien des pays entrés en 2004 ou 2007, la Croatie bénéficie d’un niveau de vie qui n’est pas dans les profondeurs du classement. Avec 61% du PIB par habitant en SPA UE base 100, la Croatie se place non loin de la Pologne. Pour autant, le pays est entré en récession. Autre difficulté, le niveau de corruption est significatif, avec un indice de perception de la corruption de 46 sur 100 en 2012, à peine au dessus du Ghana. La Croatie rejoint ici une tradition des élargissements… mas il est facile de rétorquer que l’Italie, un pays fondateur du marché commun, se place à 42. Et par pudeur, nous ne parlerons pas de la Grèce, entrée en 1981, évaluée à 36 sur 100…
Les frontières européennes vont donc évoluer durant l’année 2013, avec l’adhésion de la Croatie, le passage de l’UE27 à l’UE28. Sa population passera de 503 à 507 millions d’habitants, presque 508.
Et déjà 5 nouveaux candidats officiels et 3 candidats potentiels se pressent à ses portes. Ce qui pourrait porter l’UE à l’UE36… Et pour faire bon poids, ajoutons que certains pays ajouteraient encore les 6 pays du partenariat oriental… pour arriver à l’UE42. Il y a donc bien matière à penser la géopolitique des frontières européennes.
Les opinions exprimées dans ce blogue sont strictement personnelles et ne reflètent pas nécessairement celles de Global Brief ou de l’Ecole des affaires publiques et internationales de Glendon.