Les quartiers à risque
J’enseigne le mardi matin un séminaire de quatrième année sur l’analyse des politiques. Lors du cours de cette semaine, nous avons eu une longue discussion sur les quartiers à risque. Surtout, nous avons discuté des possibilités d’autonomisation (empowerment) des populations de ces quartiers. S’il y avait un certain consensus par rapport à la nécessité de l’autonomisation, le ‘comment’, bien entendu, n’a pu être déterminé.
Les quartiers à risque, terme que nous avons choisi d’utiliser plutôt que quartiers défavorisés, se retrouvent dans toutes les grandes villes de la planète. Comme l’a fait remarquer une étudiante, ce ne sont pas les bonnes intentions ou l’argent qui manquent au Canada pour aider les gens qui habitent ces milieux. Malgré tous les efforts des divers secteurs de la société, gouvernements, organisations non-gouvernementales et même entreprises privées, pour renverser la tendance, pour améliorer la situation de ces populations, le progrès est bien lent. Comment expliquer que malgré tout ce travail de l’industrie des bonnes œuvres, nous n’ayons pas plus de succès ?
Il est possible de mettre de l’avant de multiples hypothèses pour répondre à cette question. La réponse privilégiée en salle de cours était que trop souvent l’aide n’est pas conçue avec une réelle intention d’autonomisation des populations en besoin. La rhétorique est à l’autonomisation, mais la réalité est tout autre. Les communautés se voient, donc, imposer des projets qui ne répondent que partiellement à leur besoin, sans nécessairement favoriser leur développement ou leur indépendance.
Cette observation soulève un problème encore plus fondamental. Qu’est-ce qui pousse à l’autonomisation d’une communauté ? Comment l’autonomisation se génére-t-elle ? Par définition, l’autonomisation ne peut pas être imposée de l’extérieur. Sauf que dans ces communautés, les ressources internes pouvant mener à l’indépendance sont limitées. Les gens de ces quartiers ont peu d’argent, sont souvent sans-emplois ou travaillent de longues heures au salaire minimum, sont peu éduqués, et ne connaissent pas bien les structures politiques, économiques et sociales de la société. Comment peut-on être autonome lorsqu’on a pas le temps, pas l’argent, pour gagner cette liberté ? Au risque d’être paternaliste, ces gens savent-ils ce que signifie, ou peut signifier, l’autonomisation ? Savent-ils comment amorcer le processus d’autonomisation, comment procéder ? Connaissent-ils ce qu’ils veulent, ce dont ils ont besoin ? Peut-on les aider sur cette route ?
Les quartiers à risque souffrent de multiples maux bien connus. Trop souvent, ces quartiers apparaissent loin de nous, et cela même s’ils sont bien implantés dans nos villes. Lorsqu’on a les moyens, il est possible de vivre dans une enclave relativement bien protégée, bien propre. À Toronto, la ville impose un quota pour le nombre de logements à prix modique lors de nouveaux projets de construction. Les vrais effets d’une telle politique sont difficiles à déterminer. Ce type de politique, au mieux, aide quelques personnes, mais ne règle en rien le problème des quartiers à risque. L’existence de ces quartiers impose un coût économique et social tant aux gens qui y vivent, qu’à l’ensemble de la ville. Pour les habitants de ces milieux, quelles opportunités existent-ils vraiment pour un avenir meilleur, quel espoir ?
Comment favoriser l’autonomisation, sans l’imposer ? Quels types de structures politiques, économiques et sociales peut-on mettre en place pour encourager l’autonomisation ? Comment s’assurer que ces structures soient suffisamment flexibles pour assurer un processus endogène ? Comment aider, tout au moins supporter, sans être paternaliste ? Comment accorder la latitude nécessaire au développement, sans donner l’impression qu’on s’en lave les mains ? Comment guider en écoutant ? L’industrie caritative réussit certainement à faire du bien. Plusieurs projets font, sans doute, une différence. Pourtant, les besoins demeurent. L’équilibre nécessaire suggéré par les questions ci-haut est bien difficile à atteindre, même à concevoir.
Si les solutions étaient simples, je suppose qu’on ferait déjà mieux. Pour notre bien collectif, il est, en fait, impératif de faire mieux.
Caveat lector : Les opinions exprimées dans ce blogue sont strictement personnelles et ne reflètent pas nécessairement celles de Global Brief ou de l’École des affaires publiques et internationales de Glendon.
Selon moi le problème en est essentiellement d’apprentissage. On le sait très bien, les cartier défavoriser réussissent moins bien à l’école, y sont moins encouragé et pour ajouter au fardeau, ils font bien souvent beaucoup d’enfant, ce qui contribuent à la fois à diviser le revenu familiale tout comme ils perpétuent de problème en reproduisant plus d’exemplaire de cette mentalité. Il faut souvent compter plusieurs génération (voir au moins deux) pour voir une amélioration de la condition. On peut d’ailleurs faire une parrallèle entre les pays défavorisés et les classes défavorisés : plus de corruption, moins d’éducation, moins d’argent…grande famille, cycle qui se répète.
Évidement au niveau des solutions il existent essentiellement deux possible réponses selon moi. Une à la Jeffrey SAchs: si l’on donne assez d’argent, on va règler le problème. De l’autre on pense à différent niveau d’éducaiton ou d’endoctrinement.
Selon moi c’est évidemment l’éducation qui devrait être rehausser. Obliger les gens à éduquer davantage. On a d’ailleurs remarquer que l’apparition des CPE avait un impact plutôt favorables sur les milieux défavorisés. Si un enfant d’une famille défavorisé avait un accès au CPE, il était plus enclin à réussier à l’école ensuite. Je ne suis peut-être pas tout à fait pour nelever la possibilité aux parents d’éduquer leur propres enfants… mais vraisemblablement certains parents font un meilleur travail que d’autres 😉