Le Japon en colère
Je déménage demain, et je suis en train de perdre la boule! Soyons clair, cette intervention sera courte!
Je reviens cette semaine sur le thème de la politique de la colère. J’ai remarqué cet article ce matin (mercredi) dans le Globe and Mail traitant de ce thème, en jetant un regard sur la situation au Japon, http://www.theglobeandmail.com/news/world/asia-pacific/a-black-sun-rises-in-a-declining-japan/article1744434/. Le phénomène, sans contredit, est mondial.
Le Japon, c’était le grand succès de l’après-guerre. Le pays s’était reconstruit rapidement. Le Japon était devenu la première économie mondiale. Nous parlions déjà à la fin des années 1980 de la fin de l’Empire américain. Plusieurs universitaires traitaient de cette question, par exemple, Paul Kennedy (The Rise and Fall of Great Powers). Ces auteurs se questionnaient justement par rapport au défi japonais. Le Japon était devenu une grande puissance pacifiste. C’était à la fois un allié, et un compétiteur, dont l’économie était très innovatrice. Le Japon ne posait pas vraiment de menace sur le plan de la sécurité, mais le pays était en position de dominer l’économie internationale.
Vingt ans plus tard, la descente aux enfers se poursuit pour le Japon. C’est un processus agonisant. Le Japon connait une crise politique. La population a de moins en moins confiance; la classe politique trouve de plus en plus difficile de trouver des solutions aux multiples problèmes du pays. Le Japon a eu quatre Premier ministres au cours des cinq dernières années. Le Japon connait une crise économique. L’économie japonaise stagne. La Banque centrale tente de stabiliser les prix, non pas parce qu’il y a inflation, mais bel et bien parce qu’il y a déflation. Le taux de chômage est élevé et les statistiques officielles sous-estiment le nombre réel de sans-emplois. Le Japon fait face à une sérieuse crise sociale. Le Japon est le premier pays développé à vraiment faire face au défi démographique. Le Japon, d’ailleurs, n’est pas habituellement considérer comme une terre accueillante pour les immigrants. De plus, comme l’article du Globe le suggère, il y a une forte grogne populaire. En dernier lieu, il y a eu au cours des derniers mois un regain de tension entre la Chine et le Japon. Cette relation est intéressante parce que ces deux pays, malgré leur rivalité, ont besoin de l’un et de l’autre sur le plan commercial. L’Histoire, ici, ne s’oublie pas si facilement que cela.
Vous voulez savoir ce qui va advenir des USA? De l’Europe? Je vous parlais, il y a de cela quelques semaines, de la thèse de Ferguson sur la chute des empires. Pour étayer sa théorie, Ferguson utilise plusieurs exemples, dont la Grande Bretagne à la fin de la Deuxième guerre mondiale qui serait tombée, selon lui, du jour au lendemain. Il suggère que les USA se dirigent dans cette direction. Je ne suis pas convaincu que la Grande Bretagne soit l’exemple le plus probant. L’exemple japonais me semble beaucoup plus pertinent, tant pour les USA que pour l’Europe. C’est l’errance perpétuelle! C’est, donc, une possibilité assez inquiétante. Dans ce scénario, le politique est sans réponse; l’économie est de moins en moins compétitive; la population de plus en plus déçue. Le Japon est toujours à la recherche d’une porte de sortie. Quelles leçons, de notre côté, est à retenir de l’exemple japonais?
Caveat lector : Les opinions exprimées dans ce blogue sont strictement personnelles et ne reflètent pas nécessairement celles de Global Brief ou de l’École des affaires publiques et internationales de Glendon.
Excellent post!