Pour ou contre
Pour ou contre Wikileaks? La décision de Wikileaks de publier des milliers de documents sur la guerre en Afghanistan fait autant jaser que les documents eux-mêmes. Ceux qui s’en prennent à Wikileaks font faussent route. Ils s’en prennent au messager. Ils en oublient le message. La guerre va mal. Elle va peut-être encore plus mal que ce que l’on croyait. Elle va mal depuis longtemps. Ces documents expliquent, rappellent, réexpliquent, révèlent, ce qui ne va pas. Ces documents sont l’histoire de cette guerre.
Wikileaks a été l’objet de sévères critiques depuis la mise en ligne de ces documents. Je peux comprendre l’inquiétude que ces documents provoquent. Wikileaks met-il en péril les opérations sur le terrain? Difficile d’y croire. Si l’OTAN a autant de difficulté, c’est que les forces occidentales ne comprennent pas, n’ont jamais compris, la géopolitique afghane.
Les informations de Wikileaks mettent-ils en danger la vie de certaines sources afghanes? Possible. Cependant, l’Afghanistan est un pays ou la violence, la mort, se vit au quotidien, peu importe qui l’on est.
Wikileaks a mis en ligne certains documents dont la validité des informations est douteuse, du renseignement sans analyse, sans vérification. Bon, c’est vrai. C’est l’ensemble, le portrait global, toutefois, qui dérange.
Les Talibans sont-ils ragaillardis par la publication de ces documents? Les Occidentaux, les troupes de l’OTAN, sont-ils démoralisés par la publication des documents? Ces effets psychologiques ne sont pas le résultat de la décision de Wikileaks. Ils reflètent plutôt l’évolution du conflit sur le terrain.
Il est vrai aussi que le droit à l’information a ses limites, que tout n’est pas obligé d’être public en tout temps. J’en conviens. Sauf que, l’Afghanistan est un trou sans fond; nous y avons dépensé des centaines de milliards, sans compter les morts et toute la souffrance humaine associée à ce conflit. Oui, dans ce cas-ci, nous avons le droit, en tant que citoyens, de savoir ce qui se passe en Afghanistan.
Les autorités peuvent bien s’en prendre à Wikileaks. C’est normal. Ils sont devenus incapables de défendre cette guerre. Le Président Obama a fait de son mieux en novembre passé lorsqu’il annonçait alors l’envoi de nouvelles troupes en Afghanistan. L’opinion publique mondiale n’y croit plus. Il faut être particulièrement optimiste pour croire à la victoire. Il faut être particulièrement optimiste pour croire à un départ honorable. Je vais être très honnête. J’ai supporté cette guerre pendant longtemps. Je ne veux pas voir les Talibans revenir au pouvoir, même si cela doit se faire à l’intérieur d’une coalition. Je croyais, et d’une certaine façon je veux continuer à croire que nous pouvons aider la population afghane, rebâtir, briser le cycle de la guerre. Neuf ans après le début des hostilités, nous ne pouvons toujours pas faire confiance au gouvernement afghan, à son président, à nos supposés alliés sur le terrain, au Pakistan. Il est de plus en plus difficile d’être croyant.
Cette guerre, on le dit depuis longtemps, est incroyablement complexe. Cela ne veut pas dire que nous ne devons pas chercher à comprendre. Comment expliquer l’évolution du conflit? Quelles sont les erreurs majeures de cette guerre d’un point de vue occidentale? Qu’aurions-nous dû faire de différent? Comment, maintenant, aider l’Afghanistan, ses gens? Comment ne pas abandonner ceux là-bas qui dépendent de notre aide? Oui, il est temps de tirer les leçons de la guerre en Afghanistan.
Wikileaks a, sans aucun doute, pris la bonne décision.
ps. J’attends maintenant la divulgation par Wikileaks des preuves détenus par le SCRS que le Premier ministre Harper est un agent chinois; ces derniers ayant réussi à infiltrer les plus hautes sphères de la politique canadienne pour s’assurer d’un accès à nos ressources naturelles, à notre pétrole!!! Allez, souriez, c’est l’été!
Caveat lector : Les opinions exprimées dans ce blogue sont strictement personnelles et ne reflètent pas nécessairement celles de Global Brief ou de l’École des affaires publiques et internationales de Glendon.