Je m’intéresse en ce moment à la campagne électorale en Australie. Je ne suis pas un expert en politique australienne, loin de là. En fait, j’y porte rarement attention. Sauf que, cette élection a quelque chose de particulier, de fascinant. C’est un peu comme une course automobile, on regarde pour voir le prochain accident. La date de l’élection, le 21 août.

Rappelons les faits de façon sommaire. Kevin Rudd était le Premier ministre de l’Australie, tout au moins jusqu’au début de l’été. L’Australie a survécu à merveille à la crise financière et économique, mieux que le Canada. Réélection facile, n’est-ce pas? Pas tout à fait… Mr. Rudd a voulu faire adopter une taxe sur les super-profits des groupes miniers. C’est la révolte. Une puissante campagne de lobbying fait reculer le Parti travailliste. Coup de théâtre, Rudd est renvoyé à la tête du parti et il est remplacé par Julia Gillard. Elle profite d’une courte lune de miel et déclenche des élections.

Mme. Gillard part avec une longueur d’avance, malgré le coup de couteau qu’elle a donné dans le dos de Mr. Rudd. Elle a le support des bonzes du parti. Les choses dérapent, toutefois, bien rapidement suite à des fuites dans les média. Nous y apprenons, entre autre, que Mme. Gillard se ferait parfois remplacer par son garde du corps à des réunions sur la sécurité nationale. Mme. Gillard est-elle faite pour gouverner? C’est la débandade. Mr. Rudd est accusé d’avoir orchestré les fuites, des accusations qu’il dénie. Mr. Rudd en pleine campagne se fait enlever la vésicule biliaire. À peine sorti de l’hôpital, Mme. Gillard demande à Mr. Rudd de faire campagne et d’assurer la réélection des travaillistes. Justice? Ironie du sort? Désespoir de la part de Mme. Gillard?

Le chef de l’opposition est Tony Abbott, à la tête d’une coalition dont le parti principal est le Parti libéral. C’est lui qui a remplacé John Howard, l’ex-Premier ministre qui a été au pouvoir de 1996-2007. Howard, vous vous en souvenez peut-être, était l’un des partenaires les plus fiables de George W. Bush. On dit d’Abbot qu’il est très conservateur sur les questions sociales. Il manquerait de charisme et déplairait particulièrement à l’électorat féminin. Soit cela ou c’est l’homme le plus chanceux du monde! Les travaillistes s’entre-déchirent, ce qui fait que l’opposition remonte dans les sondages. Les partis sont coude à coude; Tony Abbott pourrait bien être le prochain Premier ministre de l’Australie.

Un beau feuilleton télévisé!

Il n’y a pas de grande leçon à tirer de cette histoire. Nous verrons bien qui l’emportera le 21 août. Mme. Gillard s’en sortira peut-être indemne. Mr. Abbott deviendra peut-être le symbole d’une nouvelle droite conservatrice partout à travers le monde. Qui sait? Je suis certain d’une chose, l’évidence même: il est plus facile de gagner une élection avec un parti uni, qu’avec un parti en chicane. Jean Chrétien et Paul Martin le savent. Tony Blair et Gordon Brown l’ont aussi appris. En ce sens, Mme. Gillard et Mr. Rudd sont mieux de trouver un compromis bien solide très vite si les travaillistes sont pour rester au pouvoir.

Pourquoi les électeurs se détournent-ils de la politique? Justement, les électeurs deviennent écœurés parce que les couteaux volent bien bas; les chicanes sont bien enfantines. La bonne gouvernance, la bonne gestion, apparaît bien trop souvent comme étant secondaire.

Vous pouvez suivre la campagne sur le site de la BBC World News, ou sur celui d’ABC (Autralian Broadcasting Corporation, http://www.abc.net.au/news/).

Je suis en congé la semaine prochaine. Je vous reviens quelques temps dans la semaine du 16 août. Allez, hop, au camping!

Caveat lector : Les opinions exprimées dans ce blogue sont strictement personnelles et ne reflètent pas nécessairement celles de Global Brief ou de l’École des affaires publiques et internationales de Glendon.