Le Canada à l’échelle de la planète
C’est un débat qui est vieux comme le monde, quelle est la place du Canada en affaires internationales? Le débat demeure tout aussi pertinent aujourd’hui que par le passé. Traditionnellement, il y a trois perspectives par rapport à la place du Canada dans le monde. L’actualité des dernièrs mois, des dernières années, peut se lire par l’entremise de chacun de ces prismes.
Première option, le Canada est une grande puissance. Le Canada préside cette année le G8 et co-préside le G20. En ce faisant, le Premier ministre Harper a pu exercer beaucoup d’influence sur l’ordre du jour de ces organisations, de ces rencontres. Le Canada est fort économiquement, n’ayant pas trop souffert de la crise financière et économique. Suite à la volte-face conservatrice, le Canada est en train de se replacer vis-à-vis la Chine, l’Inde et les puissances émergentes. Au contraire de l’Europe, qui décline, la place du Canada est assurée pour des années à venir. La terre à besoin des ressources naturelles canadiennes, de son pétrole, même celui qui est sale de l’Alberta. Le problème, bien entendu, c’est que personne de nos jours n’a vraiment tendance à placer le Canada dans cette catégorie.
Deuxième option, celle qui est habituellement privilégiée, le Canada est une puissance moyenne. Le Canada a de l’influence sur certains dossiers, mais en fin de compte, nous ne sommes pas si importants que cela. Nous voulons aider, mais nous sommes limités dans ce que nous pouvons faire. Par exemple, le Canada s’est lancé dans l’aventure afghane avec de bonnes intentions. Notre influence en Afghanistan, malgré tous nos investissements, malgré tous nos efforts, malgré le bon travail de nos soldats, malgré leurs sacrifices, demeure très limitée. Le problème avec l’idée d’une puissance moyenne, c’est que le concept est flou. Il est tellement flexible qu’il peut s’adapter à presque toutes circonstances.
Dernière option, le Canada est faible, à la merci du géant américain. Pour reprendre une vieille expression, nous sommes la souris à côté de l’éléphant. À toutes fins pratiques, nous sommes de loyaux alliés toujours, ou tout au moins presque toujours, prêts à répondre à l’appel. Notre économie dépend encore tellement de celle des États-Unis qu’il nous est impossible, qu’il ne serait pas sage, d’ignorer notre voisin du sud. C’est un peu l’attitude qui a prévalu suite aux attentats du 11 septembre. Faisons ce que veulent les américains pour que la frontière reste ouverte! Que ça ne plaise ou que ça ne plaise pas, le Canada est souvent perçu comme étant le petit frère des USA.
Les négociations ont repris cette semaine pour la signature d’un accord de libre-échange Canada-UE. C’est un effort pour diversifier nos relations économiques, au-delà du travail qui se fait pour percer les marchés asiatiques. Il sera intéressant de suivre l’évolution de ce projet. L’Europe est en crise, elle sera en crise fort probablement pour plusieurs années, ce qui n’en fait pas pour l’instant un partenaire idéal. Une autre tentative, possiblement en vain, de quitter l’ombre des États-Unis.
Ces distinctions sont importantes puisqu’elles dictent en partie les objectifs à viser, ainsi que les moyens de l’action canadienne. Les Libéraux sous Michael Ignatieff veulent de nouveau repenser la politique étrangère du Canada. Le terme réseau, ici aussi, apparaît dans les propositions libérales. Dans cette perspective, le Canada est une puissance moyenne, qui ne peut obtenir ce qu’il veut qu’en collaborant avec les autres acteurs de l’arène international. Cela nous ramène aux belles années de la campagne contre les mines anti-personnel et du Traité de Rome. C’est louable, mais ne nous méprenons pas, ce n’est pas suffisant. Les Libéraux le savent très bien. La crise économique et financière a accéléré la montée en force des nouvelles puissances. Le groupe des BRICs (Brésil, Russie, Inde, Chine) prend de plus en plus de place. Notre politique étrangère doit absolument s’adapter à cette réalité. Ce changement s’opère, tranquillement.
Le Canada en affaires internationales tente de façon générale de jouer un rôle plus important que celui qui ne lui est attribué. Voyons voir ce que nous serons capable de faire, l’influence que nous serons en mesure de conserver, maintenant que nous ne sommes plus à la tête du G8 et du G20, que nous ne dirigeons plus le monde.
Caveat lector : Les opinions exprimées dans ce blogue sont strictement personnelles et ne reflètent pas nécessairement celles de Global Brief ou de l’École des affaires publiques et internationales de Glendon.