Grèce, crise de l’euro et corruption
Analysons la crise grecque. Depuis plusieurs semaines la presse internationale rend compte de la crise financière de la Grèce et de ses effets délétères sur l’euro. Un accord semble en cours de finalisation pour porter secours à Athènes. Nul ne sait quels en seront les résultats, mais la crise grecque mérite d’être mise en perspective.
La Grèce est entrée dans l’Europe communautaire voici 29 ans. Il ne s’agit donc pas d’un “nouveau membre”. Elle a été pendant longtemps un pays largement bénéficiaire des fonds de la politique régionale et de cohésion de l’Union européenne (UE). Entre 2000 et 2006, la Grèce a reçu 2 260 millions d’euros pour 1 million d’habitants (Eurostat). Ce qui en faisait le pays membre le plus aidé, devant le Portugal (2 188), loin devant l’Espagne (1 381) et l’Irlande (1 003). Pour cette même période, la moyenne pour les pays de l’UE-15 a été de 562, 3 millions d’euros pour 1 million d’habitants. Autant dire que la Grèce a déjà été largement aidée par l’UE.
Résultats ? Médiocres
Pourtant, en 2008, le PIB par habitant en Standard de pouvoir d’achat (SPA) de la Grèce n’atteint même pas 95% de celui de l’UE-27 base 100 (Eurostat). Ce qui la met à peine au-dessus de la Slovénie, une partie de l’ex-Yougoslavie, entrée dans l’UE en 2004, voici seulement 6 ans.
Les explications sont nombreuses mais il ne faudrait pas en oublier deux: les détournements des fonds communautaires et la corruption.
IPC ? 3,8 !
En effet, bien que membre de l’Europe communautaire depuis 29 ans, la Grèce est un des trois pays les plus corrompus de l’Union européenne. L’Organisation non gouvernementale Transparency International précise que l’Indice de perception de la corruption de la Grèce en 2009 est de 3,8 sur 10, comme la Bulgarie et la Roumanie entrées dans l’UE en 2007 après quatre décennies de communisme. Comment les autorités politiques de l’Union européenne ont-elle pu admettre que la Grèce pratique un tel niveau de corruption pendant aussi longtemps ?
Comment a-t-on pu accepter voici 9 ans que la Grèce entre dans la zone euro en truquant les données communiquées aux autorités communautaires ? Que les marchés ne fassent plus confiance à Athènes, voire à Bruxelles, est-il surprenant ? Certes, les marchés n’ont pas toujours raison et les spéculateurs sont bien médiocres, mais enfin il faut bien admettre que la Grèce et la zone euro “marchaient sur la tête”. L’étonnant n’est pas que cette crise financière survienne mais qu’elle n’ait pas frappé plus tôt.
Corrélation ?
Et chacun notera que les pays de la zone euro pour lesquels on s’inquiète maintenant ne sont pas des parangons de vertu. L’IPC de l’Italie est de 4,3 sur 10, celui du Portugal de 5,8 et celui de l’Espagne de 6,4. Autrement dit, tous ces pays du sud de l’UE se placent en dessous ou à la limite de l’IPC moyen de l’UE-27: 6,4 sur 10 (moyenne pondérée par le poids de la population de chaque Etat). Faut-il y voir une corrélation entre culture de la corruption et exposition aux risques pour l’euro ? L’étude mériterait d’être menée, en y ajoutant d’autres paramètres comme l’Indicateur de développement humain et l’histoire.
Géographie de la corruption
Pour être juste, cette affaire attire aussi l’attention sur les différenciations entre les 27 pays membres de l’UE en matière de corruption.
Les indices de perception de la corruption dans les pays de l’Union européenne présentent globalement deux gradients nord-sud et ouest-est. En effet, les pays d’Europe du Nord (ex. : Finlande, Suède, Danemark) sont généralement moins corrompus que ceux d’Europe du Sud (Italie, Grèce). Par ailleurs, les pays d’Europe de l’Ouest – mis à part le Portugal et l’Italie – sont généralement moins corrompus que ceux situés à l’Est de l’ex-Rideau de fer. L’Estonie fait exception, ce qui prouve qu’il n’y a pas de fatalité historique. Se distingue une « verticale orientale de la corruption » dont les éléments sont, du Nord au Sud : Roumanie, Bulgarie et Grèce.
Que le pays qui a inventé la démocratie au Ve siècle avant Jésus-Christ en soit tombé là pose question. Que l’Union européenne qui se pose volontiers en modèle n’ait pas encore fait assez d’efforts en matière de lutte contre la corruption devient une évidence… coûteuse.
Les opinions exprimées dans ce blogue sont strictement personnelles et ne reflètent pas nécessairement celles de Global Brief ou de l’Ecole des affaires publiques et internationales de Glendon.
l’aide économiqe à la Grèce a été très important c’est vrais mais les résultats sont loins d’être médiocres. 95% du spa par raport à l’UE est un résultat exellent si on considère le point de départ. La Grèce( avec l’Espagne) a eu pendant des années une des croissances économiques les plus fortes d’Europe (4,5% par ans en moyenne),le problème pour la Grèce a été le creusement de sont déficit et surtout les mensonges du gouvernement grec, ce qui a rendu ce pays peu fiable et l’a exposé à la spéculation.
La comparaison avec l’Italie est malgré tout assez incongrue. L’Italie est la troisième puissance économique de l’Europe, membre fondateur de l’Union européenne, avec une industrie manufacturière solide et surtout il s’agit depuis toujours d’un pays contributeur de l’Union…c’est à dire en gros, parmi ceux qui donnent plus d’argent par rapport à ce qu’ils reçoivent. L’Italie a une dette publique énorme, plus grande que celle de la Grèce (mais beaucoup plus petite que celle du Japon qui n’est pourtant pas un pays en faillite) mais son déficit est beaucoup plus bas par rapport à celui de bien d’autres pays de l’Europe ( dont la France…).
Enfin il ne faut jamais sous estimer le poids de la superficialité et du préjujé dans le comportement des spéculateurs. Ils s’acharnent sur la Grèce c’est facile, mais pourquoi ces agences de notation( qui sont toutes anglosaxonnes) déclassent l’Espagne alors que l’Irlande (pas déclassée) se trouve dans une situation bien plus délicate? En effet on parle toujours de ce prétendu “club med”, mais l’Irlande ne se trouve pas toutafait à coté de la mer Egée…donc un des éléments qui pousse l’action des spéculateurs serait tout simplement celui d’être un pays de la méditérranée…
c’est bien pour l’Irlande, est l’est à l’abri.
La comparaison avec l’Italie est… une comparaison autour d’un indicateur qui a fait ses preuves, l’IPC. La Commission européenne ne s’appuie-t-elle pas sur l’IPC de TI dans ses évaluations des candidats à l’UE ? En revanche, on pourrait ajouter pour aller dans votre sens que le cas de l’Italie est encore plus surprenant puisqu’il s’agit d’un des six pays fondateurs de l’Europe communautaire. Voire, pour les plus historiens d’entre nous, rappeler que l’Italie est héritière de l’empire romain et de ses lois, conservées par l’Eglise catholique durant le Moyen-Age et réinjectées dans les monarchies européennes par la suite.
je me suis mal exprimé, je ne parlait pas de votre comparaison mais de la comparaison que parfois certains analystes font sur des critères économiques, associant la Grèce et le Portugal à l’Italie.
Il ne fait pas de doutes qu’en Italie il y a des problèmes de corruption.