L’Allemagne et l’Europe
L’Allemagne croit-elle encore à l’Europe? Il est difficile de répondre à cette question. Au moment de la réunification, l’Allemagne voulait construire une Europe forte et solidaire. Les blessures de la Deuxième guerre mondiale et de la Guerre froide se faisaient sentir. L’Allemagne voyait dans l’Europe son salut. Or, les choses ont changé.
L’Allemagne reste de nos jours la puissance politique et économique européenne. Elle est, toutefois, sceptique vis-à-vis l’Europe. Au fil des ans, l’Allemagne a grandement profité de l’intégration économique du continent. N’empêche, l’Allemagne n’est plus prête à se sacrifier pour l’Europe, comme ce fut le cas lorsque le pays abandonna le deutschemark.
Les dirigeants allemands doutent de l’Europe. Ils se tournent vers l’Est et tentent de déterminer les opportunités qui s’y trouvent. L’Allemagne veut justement profiter de son emplacement au cœur du continent. Les leaders allemands n’ont plus le même sens de l’histoire. La relation franco-allemande, essentielle pour faciliter l’intégration européenne, est tendue.
Cette réalité a été mise à nue à cause de la crise des finances publiques en Europe. La Grèce pourrait très bien demander la semaine prochaine les argents de son plan de secours. Les marchés visent maintenant le Portugal. L’Allemagne n’a pas voulu aider la Grèce. Les allemands ont insisté sur la participation du FMI dans tout programme d’aide à la Grèce. Que fera l’Allemagne si le Portugal continue à s’approcher du gouffre? Pour des raisons de politiques internes, le gouvernement d’Angela Merkel a peu de marge de manœuvre. Les marchés ne s’en prennent pas autant à la Grèce et au Portugal, qu’ils ne s’en prennent à l’Allemagne. Les marchés cherchent à savoir si l’Allemagne est capable, si elle veut, si elle est prête à sauver l’Europe.
Dans ce film, les allemands jouent le mauvais rôle, celui des méchants. Les allemands apparaissent égoïstes. Il faut admettre qu’ils n’ont pas complètement tort. Les pays du Sud de l’Europe ont mal géré leurs économies. Ils n’ont pas su profiter des bonnes années. Les allemands ne peuvent pas, ne veulent pas, êtres tenus responsable des erreurs des autres. La crise financière et économique a aussi touché l’Allemagne. Le gouvernement allemand a du intervenir avec force pour aider les banques et pour relancer l’économie du pays. L’Allemagne a fait et continue à faire son ménage. Elle ne peut pas être responsable de tous et chacun.
Ce qui est clair, c’est que la crise européenne n’est pas finie. J’estimais il y a quelques temps sur ce blog que la crise pouvait, en fait, amener une intégration plus poussée. Question supervision et réglementation des marchés financiers, par exemple, c’est très possible. Pour le projet européen, j’admets que c’est plus compliqué. L’Europe a besoin de l’Allemagne, de sa force et de sa vigueur économique. L’Allemagne n’a pas autant besoin de l’Europe. Le futur du projet européen dépend pour l’instant de cette relation plutôt inégale.
Caveat lector : Les opinions exprimées dans ce blogue sont strictement personnelles et ne reflètent pas nécessairement celles de Global Brief ou de l’École des affaires publiques et internationales de Glendon.
voilà, à force de vouloir vivre au dessus de ses moyens…… Pourquoi la BCE n’est pas plus efficace ? Pourquoi n’y a t il pas une grande banque de dépôts et d’affaires avec des guichets au même nom dans tous les pays de UE ?Pourquoi ne pas construire aussi une voiture européenne (cf. Airbus)… des produits de consommation ,etc ..pourquoi la Chine pourquoi pas la Grèce et le Portugal avec une “Politique Commerciale Commune”
Petite observation, la BCE est très efficace. L’objectif premier de la Banque est la stabilité des prix. Le taux d’inflation doit être autour de 2%. La BCE remplit très bien son mandat. La bonne santé économique, c’est autre chose. Ce n’est pas dans son mandat. Il est possible de discuter de ce mandat, et s’il devrait être plus large. L’Allemagne a, cependant, toujours insisté sur cet objectif, que la stabilité des prix soit au coeur du système, sans quoi elle n’abandonnait pas sa monnaie nationale.