PIIGS
Le Portugal, l’Irlande, l’Italie, la Grèce et l’Espagne (Spain), font tous face à un problème important de dette publique. Les pays annoncent des programmes d’austérité, suite aux programmes de relance, mais rien n’y fait. Les marchés n’y croient pas; les indices boursiers baissent. L’Europe est désemparée ne sachant comment faire face à cette crise. La situation économique du Portugal n’est pas mauvaise, mais les suspicions demeurent. La dette publique est importante en Italie, et les perspectives de croissance peu reluisantes. Le gouvernement grec dit qu’il fera tout en son pouvoir pour contrôler sa dette, mais la gronde populaire se fait déjà entendre. Le tigre irlandais a vu une décroissance majeure de son PIB au cours des deux dernières années. L’Espagne est le seul pays du G20 encore en récession. L’UE devra-t-elle venir en aide à l’un des PIIGS? La valeur de l’Euro chute. Certains pensent que la Grèce pourrait choisir de se retirer de l’Euro, et de recréer sa monnaie nationale. Le FMI veut intervenir, ce que l’EU ne laisse pas faire pour l’instant.
La situation est pour le moins éprouvante pour l’Europe. La crise de la dette publique est plus prononcée chez les États dont l’économie était déjà plus précaire (exception faite de l’Irlande). La Grande-Bretagne et la France ont aussi des dettes importantes. L’Allemagne est en meilleure posture. Il faut rappeler qu’avant tout, l’UE est un projet économique. C’est à ce niveau que l’intégration s’est fait le plus rapidement. Or, la crise de la dette publique, suite à la crise financière et économique, menace de tout faire éclater.
Je vous propose, en fait, le contraire. L’UE risque de sortir plus fort et plus intégrée de cette crise. Pour plusieurs pays européens, la crise financière et économique a été accentuée par un manque de coordination et de collaboration entre les États. Les gouvernements ont répondu de façon ad hoc pour sauver les meubles. Les quotidiens du continent parlent d’un manque de gouvernance économique européen. L’intégration n’est pas la cause des déboires actuels; elle offre, plutôt, une porte de sortie. La crise financière et économique à laquelle s’est ajoutée celle de la dette ne montre pas les limites de l’UE, mais plutôt la nécessité d’une union plus forte. Les pays européens sont aussi parmi les plus favorables aux refontes des régimes internationaux.
Les membres de l’UE ne laisseront pas tomber l’un des PIIGS. Si la pression devient vraiment trop grande, ils interviendront. L’Europe peut difficilement se permettre que la Grèce sorte de l’Euro. Malgré leurs dissensions, les grands, l’Allemagne et la France, savent bien que leurs propres reprises économiques dépendent du succès de leurs partenaires. Les économies sont déjà trop entrelacées pour que l’on puisse se permettre d’abandonner l’un des maillons faibles.
Les institutions européennes sont déjà en train d’étudier différents projets pour assurer l’avenir économique de l’Union. Par exemple, la Commission européenne a proposée à l’automne 2009 un grand projet de réforme des structures de réglementation et de supervision des marchés financiers. La Commission veut, entre autre, établir un nouveau bureau au sein de la Banque centrale européenne mandaté d’évaluer les risques systémiques sur les marchés financiers.
Suite au long débat constitutionnel, l’Europe est de nouveau en crise. Malgré les obstacles, les chicanes et les ralentissements, le projet européen demeure; l’Europe est toujours à bâtir. Il reste du travail pour les pro-européens. Sauf que… il est permis de penser qu’une UE plus forte, plus intégrée, mieux réglementée, plus solidaire, pourrait représenter une alternative intéressante au capitalisme à l’américaine – un vieil objectif encore et toujours d’actualité.
Caveat lector : Les opinions exprimées dans ce blogue sont strictement personnelles et ne reflètent pas nécessairement celles de Global Brief ou de l’École des affaires publiques et internationales de Glendon.
L’analyse de la situation est intéressante et me semble correspondre à une certaine réalité. Cependant, on ne doit pas oublier que l’Europe a elle-même été à l’origine de cette situation. Les pro-europes dans leur hâte de réaliser leur projet ont accepté toutes les demandes de participation à la zone euros sans demander de garanties ou exiger des conditions. Les pays qui sont en dificulté maintenant avaient pour la plupart une histoire d’instabilité financière. Il n’est donc pas surprenant de constater l’état de situation actuelle. Il est impérieux, non pas seulement de se porter au secours de ceux qui sont au prise avec des crises existantes ou appréhendées, mais surtout de forcer la communauté européenne à exiger de tous ses membres une discipline économique et financière. C’est là, à mon avis, une condition essentielle de la survie de l’euro. De nouveaux pays ont fait leur demande d’adhésion, il est à espérer que les dirigeants ne répéteront pas la même erreur et feront preuve de prudence avant d’admettre qui que ce soit dans leur espace économique.