Insite
C’est une autre victoire juridique pour Insite et ses supporters, cette fois-ci en Cour d’appel de la Colombie-Britannique. Insite, rappelons-le, est un site d’injection supervisé dans le downtown East side à Vancouver. La cour rejette l’appel du Gouvernement fédéral dans ce dossier, qui choisira probablement maintenant de porter la cause devant la Cour suprême du Canada. Insite est toujours exempt des lois contre la possession de substances illégales. La cour affirme, de surplus, qu’en tant que centre de traitement, Insite est de juridiction mixte fédérale-provinciale, faisant partie du système de soins de santé de la province. Victoire, donc, pour ceux qui supportent Insite, croyant que ce type de programme aide à la réhabilitation. Défaite pour ceux qui voient Insite comme encourageant une culture de la drogue et du délit.
La controverse par rapport à Insite, ou à ce type de projet, est nord-américaine, pour ne pas dire mondiale. Le gouvernement fédéral américain continue de s’opposer à ces programmes, surtout dans le contexte de sa perpétuelle guerre contre la drogue. L’Organe international de contrôle des stupéfiants s’est aussi opposé à Insite, recommandant, il y a de cela quelques temps, la fermeture du centre. L’Organisation mondiale de la santé, de son côté, supporte ce type de projet. Il est important de noter que des sites existent ailleurs, entre autres, en Europe et en Australie.
Ce que le débat sur Insite démontre, c’est l’ambivalence, surtout de notre société nord-américaine, vis-à-vis la drogue. D’un côté, la lutte contre la drogue est une question morale qui fait ressortir de vieilles tendances puritaines. La drogue c’est mal; c’est ce que nous répètent toutes les campagnes publicitaires. La position du gouvernement canadien actuel s’explique en partie par ce raisonnement. Le gouvernement ne doit pas être perçu de quelque façon que ce soit comme permissif envers l’utilisation de drogues dures. Sauf que… la thèse morale ne mène pas automatiquement au rejet d’Insite, surtout si le site est perçu comme un espace de compassion. De l’autre côté, nous avons une certaine tolérance par rapport à la drogue dans notre société, surtout pour ce que l’on appelle les drogues douces, comme la marijuana. L’utilisation de cette dernière est assez courante, et cela dans toutes les sphères de la société.
Les gens sont contre la drogue et son trafic que l’on dit organisé par les grands gangs criminels. La personne sous addiction est jugé responsable de son sort, plus souvent qu’elle n’est vu comme victime. Et… Les gens utilisent. L’addiction, ce n’est pas pour eux, c’est pour les plus faibles. Il faut bien se divertir. ‘La mari, ce n’est pas pire que de prendre quelques verres’! Je sais, Insite c’est de l’injection supervisée d’héroïne, de crack, etc. C’est bien plus nocif que la marijuana. C’est surtout l’attitude un peu contradictoire, parfois hypocrite, que je dénote, qui me trouble.
Je me permets une dernière petite observation. Pour ceux qui croient que de légaliser ou de décriminaliser les drogues, la marijuana ou d’autres, réduira l’influence des gangs criminels dans notre société, détrompez-vous. Les grands groupes criminels opèrent déjà dans plusieurs sphères illégales et légales de la société : jeu, prostitution, piratage, fraude, extorsion, etc. Ils sauront très bien s’adapter. Tiens je reviendrai sur cet aspect du débat la prochaine fois.
Caveat lector : Les opinions exprimées dans ce blogue sont strictement personnelles et ne reflètent pas nécessairement celles de Global Brief ou de l’École des affaires publiques et internationales de Glendon.