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Les économistes ont toujours raison (probablement pour la dernière fois!)

GB Geo-Blog

Les économistes ont toujours raison (probablement pour la dernière fois!)

Lors du budget du gouvernement du Canada fin janvier, j’ai accordé une entrevue à la télévision de Radio-Canada. J’étais accompagné en ondes d’un économiste. Ce dernier n’en revenait pas. Le déficit annoncé alors était d’un peu plus de trente milliard, mais pour lui ce n’était pas suffisant. Le gouvernement Harper ne voulait toujours pas comprendre le sérieux de la crise. Il était nécessaire d’en faire bien plus. L’économie avait besoin d’une intervention plus musclée.

Je suis politologue, non économiste. Je comprends, cependant, qu’en période de difficulté économique, le gouvernement peut, doit, faire un déficit pour aider à relancer la machine. Sauf que… Une trentaine de milliard, je trouve ça énorme! Ça me rappelle les mauvaises années, celles où le gouvernement fédéral accumulait déficit sur déficit, sans plan pour remédier à la situation. C’est le gouvernement Chrétien, avec Paul Martin comme Ministre des finances, qui a sorti le Canada de la spirale déficitaire. Les décisions prises lors des budgets de 1994 et de 1995 ont été radicales. La Revue des programmes, c’est plus de 50 000 fonctionnaires qui ont perdu leur emploi! Les transferts aux provinces ont été coupés de façon drastique, avec des répercussions, entre autre, dans le secteur de la santé. Le gouvernement fédéral lui-même coupait dans les services, par exemple, dans le programme d’assurance-emploi. Le gouvernement fédéral s’en prit à l’armée à la tronçonneuse! Certains économistes de gauche ne croyaient pas alors à la menace des déficits. Pour eux, les déficits, c’étaient l’équivalent d’un homme de paille, bâtit de toute pièce par la droite. Ceci étant dit, les bonnes années revinrent, et cela dès 1997. La situation budgétaire du gouvernement fédéral fait alors l’envie des pays occidentaux. Il faut rajouter, pour conclure l’histoire, que le FMI n’avait pas laissé le choix au gouvernement Chrétien. La pression internationale était forte. Il était absolument nécessaire d’équilibrer le budget.

Trente milliard, en janvier, c’était vraiment gros… Plus de cinquante milliard, l’estimé actuel, c’est gargantuesque! L’argent du plan de relance canadien n’est pas encore sorti des coffres (seulement 12% des sommes promises auraient été distribuées pour l’instant selon l’opposition officielle), que déjà l’économie reprend. Imaginez lorsque tout l’argent sera en circulation. Est-il possible de penser à une surchauffe de l’économie? Le G20 s’est félicité d’une reprise anticipée de l’économie mondiale lors du Sommet de Pittsburg. Le gouvernement du Premier Ministre Harper peut-il vraiment se vanter d’avoir assuré la reprise de l’économie canadienne?

Les plans de relance, au Canada comme ailleurs, misent beaucoup sur des projets d’infrastructure, la construction. C’est un classique. Quant l’économie va mal, il nous faut des chantiers. Vite, du béton!!! Plusieurs de des projets sont probablement nécessaires, des réparations qui auraient dû avoir lieu voilà longtemps, mais faute de fonds, qui sont restés en suspens. L’autre côté de la médaille… Ce n’est pas exactement visionnaire. Ce n’est pas l’économie de l’avenir. Le gouvernement de l’Ontario commanda justement un rapport, publié en février 2009 et disponible en français, sur l’économie de l’avenir. Ontario in the Creative Age (http://www.martinprosperity.org/research-and-publications/publication/ontario-in-the-creative-age-project ) a été écrit par deux chercheurs bien connu, Roger Martin et Richard Florida. Je ne dis pas que ce rapport est parfait. Imaginez, toutefois, si les gouvernements se mettaient à suivre cette vision. Que de possibilités! Ça serait quant même mieux que d’investir des milliards perdus d’avance dans GM et dans Chrysler! Des déficits, oui… Le résultat final, cependant, serait vraiment intéressant! Une économie prospère, à long terme, pour de vrai!

Dernier élément de l’analyse, le gouvernement fédéral et les gouvernements à travers le monde seront en situation déficitaire pour encore plusieurs années. Comment s’en sortiront-ils? Hausse de taxe, augmentation des tarifs, coupure dans les services? Il n’y a pas de plan au Canada, certainement rien de crédible. Éventuellement, les décideurs n’auront plus le choix. Il faudra remédier et s’attaquer aux déficits, prendre des décisions difficiles, comme ce fut le cas dans les années 1990. L’avenir inquiète…

Je n’ai rien en particulier contre les plans de relance. Je pense, cependant, qu’on est en train de manquer le bateau, de gaspiller les opportunités qu’offraient, qu’offrent toujours, cette crise!

(Ma dernière intervention était probablement plate, j’en conviens. Cette fois-ci, c’est beaucoup plus complet, réagissez!!! J’attends, je veux, il me faut, votre opinion!!!)

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